Quand il s'agit d'imaginer ce que pourrait être l'odeur d'une orchidée à la demande d'un directeur artistique de renom, le défi ne doit pas être simple. Par où partir, comment traduire cette fleur qui à priori, ne sent pas grand chose ?
Le choix des parfumeurs fut d'aller disséquer la fleur d'orchidée afin d'en étudier ce qu'il était possible d'en extraire olfactivement. Ainsi, le sentiment d'avoir trituré une orchidée des pétales à la sève, en passant par le pot de terre dans laquelle elle est plantée semble avoir guidé la démarche. L'idée retenue fut donc une orientation très végétale, très sève de tige, verte, grasse mais pourtant assez douce. Heureusement, dans la palettes des parfumeurs, les nouveaux muscs offrent de multiples possibilités pour exploiter cette idée, qui du coup devint exacerbée.
Black Orchid se devait pourtant de rester féminin. Il l'est mais il sait aussi se faire sensuel et attirant. Les notes solaires de l'ylang ylang, celles, sensuelles du jasmin frais, les facettes froides de l'encens, du poivre rose et celles, plus chaudes, du bois de santal, du patchouli, d'une note vanillée et de la cannelle chère aux américains habillent tel un fourreau noir la trame végétale réussie, constituée de muscs, d'une bonne dose de salicylates pour un effet proche de celui ressenti lorsque l'on s'approche de la sève d'une orchidée. La truffe noire est évoquée, est-ce parce qu'un des muscs utilisé présente des notes "végétales" , veloutées, très légèrement vertes et terreuses d'un champignon fraichement coupé ? La rose, sans doute une des fleurs préférée de Tom Ford et traitée ici dans un esprit plutôt classique voire à l'ancienne signe le sillage pour une féminité d'un style très chic et affirmé.
Pour moi, Black Orchid est une création marquante de ces dernières années, original et sans aucun doute déroutant pour les "mouton-nez" habitués aux patchoufruits, mais c'est tout en sa faveur, ce parfum correspond tout à fait à l'idée que l'on peut s'en faire lorsque l'on prend le temps de s'arrêter sur le nom. Traveling sur une orchidée noire imaginaire, un fourreau, une femme, sensuelle et énigmatique, toute les armes d'une séduction un peu distante, toute en finesse... comme dans un film ? A vous d'inventer le scénario...
Illustrations : Jeff Dunas, Tom Ford.
3 commentaires:
Pour revenir a New York, Black Orchid on le sent partout a Chelsea et nul part ailleurs, la communaute gay adore.
Emma
Un peu comme Angel, trésor ou Nç5 en France alors ? Ca ne m'étonne pas...et au moins vous avez le plaisir de le croiser dans les rues là bas. Ici, c'est rare.
Voilà quelque temps que je tournais autour de Black Orchid, après avoir craqué pour Violet Blonde.
J'ai fini par franchir le pas et ma foi j'aime assez.
En tout cas, je suis étonnée de voir qu'il est très bien perçu par l'entourage y compris "les moutons-nez" pour reprendre votre expression, pas si surpris que ça.
Est-ce le coeur fruité/salé assez présent sur moi qui lui donne un petit air de friandises façon Mugler voire carrément un air de Womanity en plus délicat... Je m'interroge.
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