Comme chaque année depuis maintenant 20 ans, le parfum a droit à ses FiFi Awards. Comme l'an dernier, Méchant Loup vous propose un petit compte rendu.
Le prix spécial "les 20 ans des FiFi" a été décerné à :
Terre d'Hermes et à For Her de Narciso Rodriguez : belles récompenses, pour leur forme, leur style, leur sillage, leur succès rencontré auprès du public, leur qualité de création et de matières premières, leur distinction, et enfin sans doute, la cohérence de leur propos.
Le prix du parfum Féminin de 2012, décerné par un jury de professionnels du parfum : Elie Saab le parfum, parce qu'il a tout d'un vrai parfum. Construction riche, sillage, texture, matières maitrisées et harmonisées avec goût, cohérence entre le propos olfactif et ce qu'il évoque : le soleil, le désert, le Liban, la rose, le miel, la mode "beige et voluptueuse" d'Elie Saab. Francis Kurkdjian y a mis de l'émotion personnelle autour d'un pays qui lui est cher, Elie Saab et sa femme se sont investis également personnellement dans ce "projet", c'est finalement assez rare et je trouve que cela se ressent. Le succès de ce parfum dans certains pays où personne n'imaginait qu'il pouvait faire une percée (en Australie et en Norvège entre autre) étonne même BPI, ce qui tend à prouver que dans un succès, il y a aussi une part de hasard.
Le prix du parfum Masculin de 2012 : Kokorico de Jean Paul Gaultier, sans doute récompensé pour sa prise de risque dans un marché dominé par la fraîcheur. Cacao et notes vertes, audace et surdose de bois ambrés d'après la parfumeuse Annick Ménardo, tout cela tente d'aller à contre courant. Trop peut être, ou pas assez, toujours est il que s'il a des qualités indéniables et aujourd'hui reconnus des professionnels, le public, lui, le boude un peu.
Prix des experts, décerné par un jury de journalistes, d'évaluateurs, de blogueurs : Orange Sanguine de Atelier Cologne. Mon choix penchait plutôt pour Olfactive Studio, que je trouvais globalement mieux ficelé, mais après des débats houleux, c'est finalement Orange Sanguine qui l'emporte en partie parce qu'il y avait une très forte conviction sur la créativité des notes de tête.
Prix du public Féminin : Amor Amor Forbidden Kiss de Cacharel. Il est vrai qu'il y a bien pire, mais je me demande quelle est la part de l'influence de la communication, elle pour le coup assez jolie, actuelle et poétique, très Cacharel finalement, dans ce que récompense le public ?
Prix du public Masculin : Hugo Just Different de Hugo Boss. Ni tout à fait le même, ni tout a fait un autre, mais la même question se pose.
Meilleur parfum féminin sous enseigne propre : Pivoine Flora de l'Occitane. Fidèle à la fleur du même nom, finalement assez peu exploitée en parfumerie, l'approche est cohérente, bien faite, avec une toute petite pointe de patchouli, qui apporte un peu à la construction olfactive de la fleur. L'Occitane aime la nature, et ça se voit.
Meilleur parfum masculin sous enseigne propre : Comme une Evidence Green d'Yves Rocher. Je ne connais pas encore ce parfum personnellement, mais je connais le talent de Françoise Caron pour ses succès comme l'Eau d'Orange Verte et Cuiron, que j'adore. J'ai donc hâte de découvrir ce petit nouveau.
Meilleur parfum féminin en grande distribution : Clin d'Oeil Passioné Eau Fraîche de Bourjois et Axe Provocation d'Unilever. Aveu de faiblesse, je ne les connais pas ! Oups !
Prix de la meilleure campagne publicitaire : Elie Saab le parfum, et Kokorico. New York, femme fatale et volutes de voile de robe beige pour l'un, Danseur de Flamenco et rythmes de tambours pour l'autre, c'est percutant, efficace, mais je ne saurais trop me prononcer sur le sujet.
Prix du plus beau flacon en sélectif : Elie Saab le parfum et Kokorico. L'un pour le design du flacon, le facettage technique, pour l'épaisseur et le rendu qualitatif du verre, le masculin parce qu'il conjugue une face en forme de visage et un coté rappelant le buste du Mâle, ce qui en effet n'a pas du être évident techniquement. De plus c'est audacieux.
Conclusion: un couple, Elie Saab le parfum et Kokorico, un BPI triomphant. Je retiendrais de cette soirée des échanges constructifs, des gens heureux avec qui j'ai eu la chance de partager la joie, et les larmes sincères de Christine Nagel, que je ne connaissais pas avant cette soirée, qui est une personne charmante et très émue de recevoir le prix pour For Her avec Francis Kurkdjian.
Partial me direz vous ? Je pense savoir le rester, mais en tout cas un sentiment prévaut, celui d'être en phase avec ce qui se passe ...
6 commentaires:
Et bien moi je suis decalée et fière de l'être à l'heure où le parfum d'Elie Saab (que je trouve d'un ennui mortel) rafle tous les prix, je porte Calèche d'Hermès en extrait vintage années 70!
Emma
Emma, je crois que s'il était sorti sous un nom comme Miel d'Oranger de Serge Lutens, tout le monde aurait trouvé cela très beau, mais cela n'engage que moi.
Elie Saab le parfum présente des similitutes avec Fleur de Citronnier et Fleur d'Oranger de la gamme export de SL, sur les facettes fleur d'oranger, et y compris sur la facette "savoneuse" qu'il ont tous en commun.
Pour ma part, je le trouve plus facetté, plus complexe, plus texturé (accord miel/rose)et plus riche que les SL qui font un peu palichons à coté.
Cela dit, je peux comprendre que certains le trouve ennuyeux, et tu n'es pas la seule à ne pas le comprendre : Mathilde Laurent me disait la même chose !
Malgré cela, je défends ma perception ...
Les deux prix du public me laissent dubitatif... Comment a été organisé le vote du public ? J'ai vu qu'on pouvait voter sur le site des Fifi awards (que peu de gens doivent fréquenter...) mais y avait-t-il d'autres canaux ?
Combien de votants y avait-il ?
Thierry (un autre).
Thierry, malheureusement, je ne connais pas les modalités précises du vote du public, mais je crois qu'il y avait un relai par un magazine (je peux éventuellement me renseigner)mais le vote a été validé par des huissiers.
Je sais que plus de 20000 personnes (essentiellement des jeunes à priori) ont voté. A titre personnel, je suis convaincu que la communication joue plus que le parfum lui même, ou cela confirme que les "experts" ou les connaissauers n'ont pas les même goûts que le grand public.
BPI était seul en compétition ?
Oh que non ! Il y avait du l'Oréal, du Interparfums, du LVMH etc ...
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