Quand il s'agit de traiter la violette en parfumerie, il est difficile d'éviter l'écueil de l'archétype véhiculé par la violette Berdoue, qui vous renvoie son cliché chimique et sucré pas vraiment traité dans la finesse. Pourtant, parfois, de belles surprises émergent, comme si elles venaient d'une autre planète ! C'était déjà le cas avec Stephen Jones de Comme des Garçons, alors parée d'aldéhyde et de poudre, elle se voulait magnétique et attractive. Violette Sacrée de Au Pays de la Fleur d'Oranger, elle, est de ces fleurs magiciennes, extraordinaires, et qui dévoilent des facettes là où l'on ne s'y attend pas.
De la violette ? Bien sûr que oui, elle ne peut le renier, mais ici, on est loin du cliché : elle se dévoile avec finesse et justesse, comme si la fleur avait été chercher dans la nature les composants les plus fins pour les condenser dans un flacon, joli qui plus est ! Jean Claude Gigodot, par le jeu de textures diverses permises entre l'absolu feuille de violette et les diverses ionones et methylionones qui composent la palette du parfumeur, réussit le tour de force de la sortir de ce à quoi la parfumerie nous avait habitué jusqu'à ce jour pour mieux la remettre au coeur de la nature, dans un champs violet qui sent le "vrai" et la vraie fleur. Elle se dessine alors sous des traits complexes et riches, allant de la note violette que l'on connait à des facettes boisées presque cuirées sans doute apportées par les notes très "peau" du bois de gaïac. Sans tomber dans le cliché d'un jeu habituel trop poussé, l'iris se montre, ponctué de quelques aldéhydes bien discrets, juste pour accompagner l'envolée en douceur. Simplement, les ionones déploient des notes croquantes comme la grenadine, et s'habillent de noisette et d'une note de mie de pain grillée. Ensuite, c'est un joli sillage floral rosé et jasminé d'un bel effet "transparent" qui s'exprime. Le fond, boisé, très subtilement ambré laisse deviner un vétiver très clair, qui donne l'impression de s'accrocher à merveille avec le reste. Ainsi, à certains stades de son évolution, le parfum me rappelle à la fois Vétiver Tonka, celui de Carven et même celui de Guerlain, très "violette" lui aussi, mais toujours par a-coups, sans parenté évidente.
Sans trop m'avancer car je garde de la nuance, j'aurais presque envie de dire que Violette Sacrée fait partie des plus beaux parfums que j'ai senti. L'équilibre est d'une finesse rare, les notes agissent de manière assez magique sur peau, le sillage est discret mais présent, et l'ensemble résonne avec des familles qui me sont chères : vétiver, iris, cuir et fleurs iridescentes !
Un vrai coup de coeur et un vrai bonheur à porter, une violette parfaitement naturelle, androgyne et magicienne qui n'a jamais si bien porté son nom ; lumineuse, radieuse, elle est sacrée !
Illustrations : stock d'images Shutterstock, Collection Les Inédits de Au Pays de la Fleur d'Oranger.
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4 commentaires:
Mon Dieu comme c'est tentant.... quelle superbe description, moi qui suis fan de violette iris je fonds....
Merci pour cet article.
toi tu es un amour de parler si bien des parfums !
bravo !
il faut absolument que je te voies je n'ai plus de parfum d'intérieur, j'espère que tu en as encore en stock !
bisous
Merci à vous ! Je suis toujours content quand je tombe sur de vraies belles surprises comme cette violette, qui m'a plu spontanément, sans me forcer à me convaincre.
J'ai toujours des parfums d'ambiance, et je suis même en train de tout reconditionner (même flacon mais nouveau packaging et nouvelle étiquette) Ils devraient être disponibles en Septembre, on pourra se voir à ce moment là !
Sinon, ce sera avec les étiquettes actuelles, comme tu veux !
Alors oui ça donne terriblement envie!
Moi qui tourne en rond sur la violette, j'ai même renoncé à vrai dire...
Merci pour ton article "2014 sous mon nez", j'étais passée à coté de celui ci et cela aurait été bien bête de ne pas avoir une tentation de plus ;-)
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