mardi 19 novembre 2019

L'Heure Perdue, la XIe Heure - Cartier 2015 : Manifeste d'Alchimiste.

Le temps qui passe, titre parfait et illustration parlante signée Fabienne Deguine pour illustrer l'Heure Perdue, cette onzième heure de la collection Les Heures de Cartier. Le temps passe et la parfumerie actuelle, celle du XXIe siècle, continue de revendiquer des ingrédients "d'origine naturelle" pour justifier une parfumerie soit disant éthique, mais surtout commerciale, alors que telle que nous la connaissons, elle ne peut se passer de la chimie. Le public et trompé, car pardon, mais le pétrole, quelle est son origine ?

En 2012, Yves Saint Laurent lançait Manifesto, comme une promesse faite à la femme d'être libre et d'écrire sa vie comme elle l'entend, mais en restant surtout bien dans les codes. Un manifeste pas très convaincant au final et qui surtout, apporte quoi ? 


En 2015 Mathilde Laurent, elle, signe un vrai manifeste, important, qui crie haut et fort que sans synthèse, sans chimie, il n'y a pas de parfumerie. Sans cela, ça n'en est pas, c'est de la toutouille, du mensonge. Perdez votre temps, perdez vos heures à essayer de convaincre, vous tournerez en rond. Mathilde le crie, Cartier la soutient :"dans cette Heure Perdue, je me rends, j'accepte de tout perdre, et prends le risque, il n'y aura rien de naturel, que de la synthèse, et la chimie prendra, ou pas". 


Aux yeux de la plupart des amateurs de parfums, ça a plutôt bien fonctionné, cette Onzième Heure est devenue magique, mythique car il se passe vraiment quelques chose. Comme une bulle de confort, l'Heure Perdue vous enveloppe d'un halo de tendresse, de gourmandise craquante mais pas mièvre, de chaleur rassurante, de douceur apaisante. On nous parle de Vanilline, de Muscs Blancs de synthèse, de surdose de Sulfurol à la note soufrée et santalée très puissante, de Coumarine, d'Aldéhydes , sans doute d'un peu de Salicylates, d'Ambrox à la note ambrée surpuissante, de Muscenone, très douce et confortable. Vous ne savez pas ce que c'est mais est-ce bien important ? N'est-ce pas le résultat qui compte ?  Une création, une oeuvre s'admire, se regarde, se contemple et finalement se porte, ou non, comme un manifeste d'alchimiste. 

Merci à Christelle, qui le porte à merveille dans un sillage tout doux, de me l'avoir remise sous le nez, et de m'avoir donné l'envie d'en parler. Une redécouverte, pour le vrai bonheur du parfum et de la création. L'Heure Perdue valait bien une heure pour la partager avec vous non ?

Illustrations : Le temps qui passe de Fabienne Deguine et Cartier. Ces deux œuvres ne vont-elles pas bien ensemble ? 

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