lundi 5 octobre 2015

Boss Bottled Oud - Hugo Boss 2015 : la boucle est bouclée.

Dans un article sur Aqua Di Parma Colonia Leather, je mentionnais un accord phare de la parfumerie, porté par le succès d'un parfum grand public : Boss Bottled. Depuis presque 20 ans, son succès est toujours installé et se maintient au mieux dans les ventes, et sa composition par Annick Ménardo est reconnue pour sa qualité. L'accord en question est construit autour de la pomme, de notes fruitées et framboisées, de bois de cèdre et d'une structure vanillée-cuirée. N'aurait-il pas été décliné ? Ah ah ! 

Poussez le à l'extrême dans Tuscan Leather de Tom Ford, où la framboise et les notes fumées ressortent principalement, il structure le parfum. Pour Colonia Leather, un de mes coups de coeur récents, assouplissez un peu la proposition autour des notes classiques de Colonia, et une petite pointe de foin. Digressiez légèrement l'interprétation chez Francis Kurjdjian, qui compose son Oud autour de cet accord, en lui donnant de la rondeur et de la souplesse. Un très joli "oud doux", comme j'aime à dire. Prenez ces deux derniers et mariez les pour vous arrêtez sur un compromis entre les deux, un oud fruité et boisé sur fond très doux, vous obtenez Oud Saphir d'Atelier Cologne. Cette année, revenez sur Boss Botlled, en prenant appuis sur un parfum déjà développé chez Procter, L'amoureux 6. 

Dans Boss Bottled Oud. L'envolée orangée très dynamique est relayée par le fameux accord "boisé fruité" orchestré par l'original, puis, le coeur est greffé d'un accord oud assez léger et finement ciselé, puis d'une construction cerise noire et de réglisse d'un bel effet. Le fond boisé de cèdre, vétiver et santal comme je le disais s'avère être étonnamment agréable et raffiné au porté, où sur moi, le vétiver chaud prend le dessus. Un des rares parfum que je porte qui encourage quelques compliments spontanés (et oui !). 

Avec cette dernière déclinaison, c'est un peu comme si la boucle était bouclée, comme si Boss Bottled avait trouvé dans cet ultime version un nouvel équilibre peut être plus dans l'air du temps, sans avoir perdu son aura d'origine. 

Illustrations : nejmacollection.com, Hugo Boss, Atelier Cologne.

dimanche 27 septembre 2015

Selfie d'Olfactive Studio, Aesthete de Le Galion : idoles des jeunes ?

Mais quel est donc le rapport entres ces deux parfums et le titre d'une chanson à succès des années 60 ? Aucun ? Ah ah ah, je suis sûr que vous êtes curieux de connaitre la réponse car moi, et bien j'en vois un. Il se situe dans une des matières premières clef de ces deux nouveautés, le davana. Thomas Fontaine et Vanina Muracciole travaillent ensembles depuis longtemps (savent-ils que j'aime leur travail?), à la fois chez Jean Patou, mais aussi sur des projets plus petits comme ces deux derniers. 

De Selfie à l'idole, s'aimer, se photographier soi même et devenir une sorte d'idole pour ses amis, le pas est facile ! Pour Aesthete, esthétique, esthète, qui aime le beau, idolâtrer une oeuvre est primordial. Mais pourquoi je tiens tant à insister sur le mot Idole

La réponse, bien que sans doute un peu tarabiscotée, est qu'Idole, un des parfums clé de Lubin, est un des tous premiers parfums à contenir et à mettre en valeur le davana, dans sa version Eau de Parfum.

Le davana est une matière riche et hyper facettée, qui sent le cassis mais avec une petite pointe pétillante et un spectre d'évolution assez long, qui lui permet de bien connecter avec l'ensemble des matières dans une création. Très présent en tête, ses notes sucrées accrochent facilement avec des notes boisées en coeur, et un fond assez crémeux, presque cuiré, permet quelques fantaisies sur les notes de fond, en matchant bien sur des notes fumées, cuirées et safranées en particulier (en tout cas dans ce que je comprends de cette merveilleuse matière fruitée). 
Dans Selfie, le davana donne ce départ très confit de fruits cuits (il me semble avoir déjà évoqué cela avec Céline Verleure d'ailleurs) pour partir ensuite vers des notes de sirop d'érable, proches de la noix, sur un fond assez santalé et quelques inflexions de oud. Vous voulez qu'on vous admire, foncez !!! Dans Aesthete, le départ est également confit et très fruits cuits également, mais il est travaillé autour d'un encens très appuyé et pointu, de notes boisées plus douces, rondes, chaudes et d'épices safranées, pour qu'il devienne très confortable, rassurant, assez "suédine fumée" dans son évolution. Vous appréciez la beau, n'hésitez surtout pas !!!

Les deux jeunes présentent plutôt bien et séduiront sans nul doute quelques idoles chez les jeunes, avec un coup de coeur personnel pour Aesthete (normal, j'aime le davana et les notes cuirées), mais l'ancêtre, notre cher Idole, ne retrouverait-il à travers ce spectre d'interprétations différentes, une nouvelle jeunesse ? A vous de voir !

Illustrations : Scentvision, Olfactive Studio, Le Galion.

jeudi 17 septembre 2015

Equipage Géranium - Hermes 2015 : s'équiper d'une claire élégance.

Déjà séduit l'an dernier par la réécriture de Bel Ami, ourlé de notes boisées et de praline, charmé par Le Jardin de Monsieur Li qui a pris depuis une place toute particulière dans ma vie, je m'étais penché sur la redécouverte d'Equipage, pour ne pas oublier ce beau boisé épicé construit sur un accord classique de "Fougère" : lavande, géranium, mousse de chêne, épices chaudes et froides donnent à ce parfum un caractère unique, assez "papa propre", mais toujours élégant. 

C'est avec une petite crainte de le voir trop modernisé que je me suis offert le tout dernier né, sans même pouvoir le sentir en démonstration, comme cela avait déjà été le cas avec Bel Ami Vétiver. Arrivé chez moi, assez impatient à vrai dire, je vaporise le parfum, et décide de passer la soirée avec, puis une journée entière... et j'avoue ne pas du tout être déçu par cette nouvelle écriture. 

Sans trop dénaturer l'original, je trouve ce dernier bébé plus clair et plus facile d'approche, sans qu'il ne perde pour autant son originalité et sa signature assez marquée. En effet, malgré sa structure plutôt classique, Equipage défend un sillage reconnaissable et assez unique, porté par une bonne dose de cannelle et une pointe de vanille. Le patchouli, boisé et terreux, lui donne une certaine profondeur. 

Dans le nouveau, cette profondeur s'atténue au profit d'une nouvelle lumière. Le patchouli disparait pour laisser place au santal, plus doux et plus lacté, qui apporte une souplesse et de la rondeur. La structure reste pourtant la même, car on retrouve bien un accord floral et végétal, très contemporain, plutôt comme une interprétation du géranium que de manière figurative (quelques notes "à effet" aident à cela). La lavande, la cannelle et les autres épices qui font la force d'Equipage répondent à l'appel. J'aime particulièrement le fond, presque cuiré et fumé, mais de manière très discrète et subtile, et qui donne au parfum, sur peau, un coté Anteus voire même Bandit en plus légers, signature d'une belle fougère cuirée qui se respecte. Le sillage reste bien sûr très propre, très "savon à barbe", comme pour ne pas dénaturer le propos.

Dans la mouvance d'un dandy chic, propre sur lui et nostalgique, parfait pendant olfactif des dernières collections homme "ocre et vert anis" de la marque, Equipage Géranium donne un souffle nouveau à une écriture déjà belle et signée. Pour les papas propres "barbés" et bien dans leur baskets, il y avait Bayolea chez Penhaligon's, il y avait Le Mâle en grand public, maintenant, Hermes propose sa propre écriture, sobre, chic, élégante. Du beau qui fait du bien !

Illustrations : Hermes.

lundi 3 août 2015

Ultra Mâle et Olympéa : caramel mode.

Le caramel au beurre salé fait sans doute partie des petits plaisirs bien français qui entre dans notre culture et dans l'inconscient collectif. Sur une crêpe ou cuisiné plus finement, c'est toujours un régal en bouche si l'on en abuse pas trop. Deux nouveautés de la rentrée le mettent à l'honneur, et pour une fois, je trouve que c'est plutôt pas mal. 

Sans bouleverser radicalement la structure de Le Mâle, Ultra Mâle propose néanmoins de vraiment passer à autre chose et surtout, de se glisser dans notre époque. On y retrouve bien la fougère fraîche de l'original faite de géranium, de menthe et de cèdre, mais elle part ici sur un thème amande-caramel salé qui lui va plutôt bien (petit clin d'oeil de l'Utra Man à l'Homme Idéal au passage). Le tout est structuré autour d'un bois ambré relativement couru de nos jour et beaucoup senti, mais, un peu à la manière de ce qu'il a fait pour Carven Homme, Francis Kurkdjian sait faire en sorte que cette matière n'envahisse pas, appuie et soutienne le reste, tout en lui donnant un coté contemporain. Le sillage est très présent, le parfum est tout de même assez signé, et il me fait penser à ces orientaux frais et capiteux à la fois comme Jaïpur, un peu oublié de nos jours mais que l'on a toujours plaisir à croiser. Ultra Mâle, c'est le caramel en mode détente, comme sur une crêpe pour le dessert. 

Pour le plat, la suggestion se portera sur Olympéa, qui s'avère être une belle surprise. L'effet vanille salée revendiqué est assez surprenant, très original et pour le coup, apporte un vrai propos. Ce départ vert, vif et croquant qui fait penser à une noisette verte fait presque saliver, et je me prends à le comparer un la dégustation de ces plats de cuisine moléculaire où les saveurs explosent en bouche de manière assez inhabituelle. Cette envolée serait un peu celle de Womanity pour le coté saveur sucrée-salée, mais elle se fait beaucoup moins brutale, plus contenue, savoureuse en somme. La suite du parfum reprend la trame d'autres parfums à succès de Dominique Ropion, à savoir un passage de rose sucrée vaporeuse à la Very Irresistible, mais là aussi, relativement bien dompté. Le sillage et le fond reprennent des traits à Alien Essence Absolue, une référence, le cachmeran en moins dosé, mais toujours avec ce coté vanille aux pruneaux et ce jasmin solaire et magnétique. Olympéa, c'est le caramel en mode fusion, porté par une déesse qui j'espère, chassera pour de bon les idées noires de celles qui pensent que la vie est belle parce que leur parfum se nomme ainsi. La messe est dite !

Illustrations : Présentation autour du caramel au beurre salé, Jean Paul Gaultier, Paco Rabanne.

dimanche 12 juillet 2015

Eau de Cartier Vétiver Bleu - Cartier 2015 : bleu poudreux.

Après l'Eau de Thé Bleu, continuons dans le bleu puisque la mer, le ciel s'offrent à nous en ce moment dans de belles nuances autour de cette couleur, pour notre plus grand bonheur. 

Cette année, pour la déclinaison de l'Eau de Cartier qui semble être devenue une habitude, après un Zeste de Soleil particulièrement vif et pétillant, Mathilde Laurent a choisi de travailler autour du vétiver. Le registre est différent, le rendu aussi. Travaillant toujours par aplat à partir de la formule originelle de l'Eau de Cartier, c'est ici un aspect plus sombre, plus chaud et plus dense qui est exploité. On reconnait dès l'envolée les notes habituelles de l'Eau, mais c'est au fur et à mesure que se dévoile la richesse d'un vétiver voulu "bleu". Pas forcément évidente cette idée d'associer le bleu au vétiver, pourtant, c'est bien à un tableau de Yves Klein que ce parfum me fait penser : densité d'un bleu profond et unique, d'un aspect poudreux. Ce vétiver présente également des facettes orientales, car il est traité ici avec des notes amandées et vanillées qui, pour moi, font un peu écho au travail sur Vétiver Oriental de Lutens, et, dans la maison Cartier, à feu Le Baiser du Dragon

L'impression sur touche est un parfum diffus, qui ne tient pas beaucoup. C'est impression est trompeuse, car sur peau, la richesse du vétiver, soutenue par les notes chaudes est présente toute la journée, jouant de la fraîcheur des notes classiques de l'Eau et des facettes poudreuses et orientales de ce vétiver bleu. Il ne fait qu'onduler dans le sillage de celle ou celui qui le porte. La patte Mathilde Laurent est bien là, car on y retrouve un peu de ces notes irisées-boisées que l'on voit dans ces créations récentes comme Déclaration d'un Soir par exemple. 

Encore une fois, L'Eau de Cartier Vétiver Bleu réussit à innover et à proposer quelque chose d'original et de jamais vraiment senti autour d'un thème connu. 

Illustrations :  hommage à Tennessee Williams par Yves Klein, Cartier.

mercredi 8 juillet 2015

Eau Parfumée au Thé Bleu - Bvlgari 2015 : lavande fine au goût du jour.

C'est sans aucun doute parce que de nouveaux traitements de distillation de la lavande permettent de faire ressortir les plus belles facettes de cette fleur du Sud qu'elle fait actuellement un retour en force dans les parfums. En 2014, nous l'avions déjà joliment remarquée dans Burberry Brit Rythm pour Elle, et cette année, elle se dévoile très tendrement dans l'Eau Parfumée au Thé Bleu de Bvlgari.

Très légère, finement ciselée, elle apparait sous des traits très clairs et purs dès les premières notes de cette nouveauté. Ensuite, tout n'est que nuances autour de cette lavande fine. Un peu d'iris pour la densifier, sans doute un soupçon de cèdre, et bien sûr, en trame de fond, l'accord Thé Vert de l'original Eau Parfumée au Thé Vert, vivifié par la bergamote et le citron et arrondi par un bouquet de muscs blancs modernes.
 
Très agréable à porter, pas du tout "lavande clichée" ou trop classique, admirablement équilibrée par Daniela Roche Andrier, jamais savonneuse alors que l'on pouvait le craindre, cette Eau Parfumée au Thé Bleu ne doit pas rester dans le bas des rayons, car elle mérite grandement que l'on y pose ses narines.

Illustrations : lavande fine et Bvlgari.

mercredi 10 juin 2015

Interview de Thomas Fontaine.


Comme je vous l'avais promis, voici une interview de Thomas Fontaine, qui a bien voulu accepter de répondre à quelques questions sur ses parfums, son approche et Jean Patou. Je remercie Thomas de s'être livré très simplement à cet exercice, et Sylvie, d'avoir fait en sorte que l'interview puisse se faire. Bonne lecture à tous !


Bonjour Thomas,

Vous avez depuis quelques années repris la création chez Jean Patou. Qu'est ce qui vous a motivé ?
La marque, son histoire, son héritage. J'ai en plus un lien affectif avec la maison, car je suis issu de la promotion Jean Patou 1989 de l'ISIPCA. J'ai toujours été fasciné par le style Art Déco, ses lignes épurées, simplifiées jusqu'à la pureté. Ce style est ancré dans les gênes Jean Patou, à l'inverse de l'Art Nouveau, surchargé et orné, il a osé casser les codes de l'époque et s'inscrire dans son temps. Olfactivement la marque est riche classique et élégante.

Quelles sont les difficultés auxquelles se confronte un parfumeur face à un tel patrimoine ?
Le poids de l'histoire, qu'il faut respecter, savoir lire, la force du patrimoine, riche, et que nous essayons, avec Bruno G.Cottard, Vice président Jean Patou Paris,   de faire vivre, en acquérant par exemple des objets et des meubles créés ou utilisés par Jean Patou de son vivant, qui sont riches d'histoire et très signés. Le corps de la femme aussi se trouvait bouleversé. Jean Patou a osé en révéler les courbes et les galbes par ses coupes, ses lignes, et par une certaine décontraction, en initiant le style casual sport.

Il faut savoir interpréter les codes de la marque et les porter dans le monde d'aujourd'hui, sans les dénaturer ni les trahir. La signature olfactive de Jean Patou est ponctuée d'une élégance parisienne,  féminine, sensuelle et ronde, à l'image de ses vêtements et dictée par certaines matières quasiment obligatoires.

Comme Jean Patou, vous créez surtout pour les femmes. Dans Joy Forever et One Love, votre toute nouvelle création pour Jean Louis Scherrer, je décèle une certaine féminité et beaucoup d'élégance. Etes-vous d'accord et quelles seraient les femmes qui vous inspirent ?
J'aime que ma parfumerie soit élégante, portable. J'aime aussi la sensualité, la féminité, qui doit ressortir et être exacerbée par mes parfums. Pour cela, j'ai quelques matières premières reconnues très sensuelles que j'utilise volontiers.
Les femmes qui m'inspirent sont les femmes qui m'entourent, que j'aime, dont ma mère qui portait très bien certains parfums, puis une certaine idée de "la femme" que j'idéalise. Je m'inspire également des parfums portés par des femmes que j'ai connues, qui sont inscrits dans ma mémoire et contribuent à ce que je souhaite créer.

La liberté également est une des valeurs de Jean Patou. Que pensez-vous de la parfumerie actuelle ? Est-elle libre ou trop bridée ?
Oui, Jean Patou était un homme créatif, libre, la parfumerie d'aujourd'hui est sans doute plus contrainte et limitée par le principe de précaution, qui nous tue petit à petit, par les coûts, mais les matières évoluent et il y a quand même de belles choses, il ne faut pas le nier, je reste très positif la dessus.

Y a t il des matières,  qui vous transportent, que vous aimez plus que tout ?
L'iso E super, le santal, le patchouli, le safran, et les épices en général. Je trouve la palette des épices incroyable : il y en a des chaudes, des froides, mais elles apportent des nuances, des touches, de la sensualité voir même de la bestialité dans un parfum, elles sont multiples et magiques. Le labdanum est une note incroyable qui donne un coté chaud assez proche de  "la salive sur la peau" que j'adore, c'est très sensuel. Puis la palette des muscs bien sûr, comment s'en passer ? 

 
Etes-vous attaché au progrès sur la matières premières et qu'auriez vous envie de dire, aujourd'hui sur ces progrès et l'utilisation qui en est faite ?
Oui, bien entendu, les jungle essences, l'extraction au CO2 et la remise au goût de jour des certaines techniques anciennes, comme les alcoolats de rose par exemple, qui apportent un vrai plus dans la création actuelle. En revanche le programme Reach freine la R&D ce qui est donc, indéniablement, un frein à la création.

Parlez nous un peu de la collection Héritage : y en a t il un que vous préférez ?
J'aime beaucoup Patou pour Homme, très signé, Chaldée, parce qu'il est vraiment particulier, et Vacances pour son coté mimosa-lilas et sa douceur, mais j'aime aussi les autres alors non, je n'ai pas vraiment de préféré à proprement parler.

En tant que parfumeur indépendant, vous travaillez également pour d'autres marques. Quel est le plus important pour vous quand vous travaillez pour une marque ?
L'histoire de la marque avant tout. Mais aussi un patrimoine culturel. C’est toujours une histoire de rencontre, un projet original. J'aime me faire plaisir en faisant plaisir à une marque. 

Quels sont les parfums que vous admirez ?
J'adore Pour Monsieur de Chanel, c'est avec lui que je suis "entré" dans le parfum, mais il y en a beaucoup d'autres. Je citerais par exemple Zino de Davidoff, un masculin racé et élégant, Burberry For Women, un floral fruité avant-gardiste et pas cliché comme ceux qui sortent actuellement, Rush, Diva, Giorgio, et bien sûr Nahéma, qui est la plus belle et féminine des roses, et Derby, qui n'a malheureusement pas eu le destin qu'il méritait. Bel Ami est une très belle création également. Et bien sur Joy pour son accord unique.


Comment voyez-vous la parfumerie demain ?
La parfumerie est à l'aube d'un grand changement il me semble. Il y a quelques années encore, on attendait  la nouveauté d’une grand marque…Mais il y en tellement aujourd’hui ! Je pense que l'on va revenir à une parfumerie plus personnalisée, et en ce sens, nous sommes de plus en plus d'indépendants, qui créons librement, sans formatage, et je pense que nous apportons de vraies propositions nouvelles, en étant garant d'un savoir-faire, d'un héritage. L'avenir sera peut être une reconnaissance du travail de fond que font Hermès, Patou par exemple, pour citer de grands noms mais aussi de ce que font quelques marques de niche. Peut-être verra-t-on une réappropriation du parfum comme quelque chose de très personnel et comme une création esthétique ?

Avez vous un rêve parfumistique ultime ? Un parfum idéal ?
Pas trop non. J'aime bien l'idée de Grenouille du livre de Patrick Süskind Le Parfum, et le fantasme de faire chavirer tout le monde avec un parfum, mais c'est très caricatural. Peut être que j'aspire à une certaine pureté esthétique, mais faut il que je l'atteigne ?

Illustrations : Jean Patou