jeudi 8 octobre 2009

Japon - 2009 : impressions olfactives.


Et voilà, de retour à Paris ! Le Japon, c'est terminé, mais j'y retournerai sans doute tant il y a à découvrir. Je disais dans quelques commentaires précédents que les japonais ne se parfument pas, certes, mais le pays n'est pas pour autant dénué de parfums.

Je découvre les premières odeurs dans les ruelles agitées de Tokyo, où se succèdent un nombre incroyable de petits restaurants proposant sushi, poissons grillés, ramen (bol de soupe), les fameuses et mondialement connues brochettes yakitori et une sorte de petits choux ronds fait avec une pâte à gaufres... Tous ces mets dont nous nous nourrissons pendant ce séjour sont effectivement peu parfumés d'épices ou d'aromates, comme le soulignait muguette dans un commentaire précédent, mais sont toujours très savoureux et très frais, la saveur et la fraîcheur semblant être privilégiées au parfum. Les restaurants qui les proposent sont partout, toujours, dans toutes les villes visitées et vous tiennent constamment en appétit.

En découvrant les premiers jardins japonais de Tokyo, c'est l'odeur omniprésente de la mousse qui se dépose sur les pierres qui flotte dans l'air chaud et humide qui me frappe. Parfois, un vent marin souffle, et un délicieux voile d'embruns marins traverse la ville, parfois, c'est une fleur parfumée à l'odeur d'abricot ou de tubéreuse qui vous titille, rarement somme toute...

Aux abords de la citée impériale de Tokyo, mon attention est attirée par une évidente odeur de patchouli, c'est incroyable. Impossible de savoir si du patchouli était planté à cet endroit ou s'il s'agissait d'une combinaison de senteurs entourant le palais, mais la facette humide et camphrée de cette matière ressortait très fortement. A cela s'ajoutait le parfum ressemblant à du thé vert broyé que dégageaient quelques arbres et le gazon.

Le Japon ne se découvre pas sans visiter quelques temples et châteaux, dont certains se trouvent à Tokyo mais dont la majorité se découvre en partant de Kyoto. Ces temples très largement construits en bois sont généralement imprégnés d'une histoire riche. Le bois les constituant semble s'être patiné de chaque étape de la vie du temple, ce qui fait qu'aucun d'entre eux n'a la même odeur. C'est pour moi ce qui surprend le plus : même si la trame commune de l'odeur de ces temples serait une combinaison d'encens naturel de cire de bois apportée par les fidèles, ils peuvent aussi sentir la pierre, la résine, le silex des armes qu'ils ont abrité comme au château de Himeji, le feu de bois, les épices, les fleurs et même les tissus. Plus surprenant, toujours à Himeji, cette odeur de tabac blond, de thym qui flotte dans une aile du château et un soupçon de poudre de riz dans les quartiers de la reine. Tout cela est très subtil, mais les nuances me sautent au nez. Autre exemple, à l'entrée du temple de Ninna-ji à Kyoto, je suis surpris pas la ressemblance avec la vanille et la barbe à papa qu'émet le bois de la porte d'entrée : effectivement, point de marchant ou de boutiques alimentaires aux alentours, c'est bien le bois qui sent cela.

Kyoto est une ville où j'ai du être plus sensible aux odeurs car une odeur accompagne aussi le quotidien, contrairement à Tokyo ; celle du gasoil des bus, que l'on avait oubliée. Le matin en sortant de l'hôtel, c'est quasiment l'odeur urbaine de Black de Bulgari qui me saute au nez : surprenant.

Plus tard pendant le séjour, je fais remarqué à un ami qui vit là bas que parfois, en ville, on peut sentir quelque chose de peu agréable, entre le vomis et la poubelle : il m'explique que ce sont les Ginkgo, un arbre résistant, souvent planté dans les centres urbains et dont les fruits dégagent une odeur désagréable quand ils tombent. Effectivement, à ce moment, nous sommes sous une allée de Ginkgo au centre d'Osaka.

Ce que je retiens de tout cela c'est que le parfum fait partie du quotidien mais on ne le trouve pas sur les personnes ou très rarement, mais plutôt dans la finesse d'une poudre, dans le travail d'un encens, dans les temples ou les maisons.

Les japonais (es) aiment pourtant les odeurs et sentir bon, car au détour d'une rue, lorsque l'on croise une boutique "Lush", une envie irrésistible de se laver avec un bloc de savon ludique et qui sent bon vous prend et vous fait vous sentir bien dans le tumulte environnant. Le japonais est propre, mais ne "consomme" pas le parfum autant que nous, c'est un fait. Cependant, la percée exceptionnelle de certains parfums semblent confirmer que cela peut changer, qu'ils ne sont point fermés, mais pas ouverts à tout non plus. Notre regard occidental ou d'esthète bien français, lui, doit par contre prendre beaucoup de recul. Je tenterai de vous en faire part très bientôt dans un prochain article. Quelques regrets tout de même : ne pas avoir eu assez de temps pour aller humer l'air des montagnes et ne pas avoir vu de sakura en fleurs.

En préambule au prochain article j'aimerai vous demander : quel sont d'après vous les parfums ou type de parfums qui plaisent au Japon ?

3 commentaires:

Poivrebleu a dit…

Welcome back Méchant Loup !! Je ne saurais pas vous le dire en japonnais, alors je n'essaye pas. Vous avez visiblement passé un très bon séjour, vous nous donnez envie d'aller y faire un tour!
Pour votre petite question, j'aurais tendance à croire que ce sont surtout des eaux fraîches ou des parfums plutôt légers qui ont fait une percée : comme cKone, Eeau Sauvage, Jardin en Méditérannée, Eau de Thé Vert de Bulgari, Light Blue... Avec quelques exceptions peut-être pour J'Adore, le N°5...

Anonyme a dit…

Beau billet, sensible et plein d'instantanés olfactifs très intéressants. Les Japonais, me semble-t-il, sont très sensibles aux odeurs et se parfument moins que d'autres tout en étant très sensibles aux environnements parfumés, de toute sorte.
Le ministère de l'environnement a établi en 2001 la liste de 100 environnements aromatiques les plus importants du Japon. Recensés, ils sont aussi objets de patrimoine. J'en ai parlé dans deux billets sur FuroshikiBlog : ici et .
Y retrouvez-vous quelques-uns de vos flashes parfumés ?

Il faut aussi rappeler qu'à l'époque Heian, le prince Genji était surmommé le "prince parfumé". Les vêtements étaient imprégnés d'odeurs subtiles, parfums d'encens, etc.

Il y aurait encore plein de choses à dire, mais il faudrait plusieurs billets, plutôt qu'un commentaire, dont vous voudrez bien excuser la longueur (le sujet me passionnant) !

Thierry Blondeau a dit…

Merci pour ce complément olfactif passionnant, dommage que je n'en ai pas eu connaissance avant de partir.
Je partage cette impression que les odeurs imprègnent subtilement l'environnement, comme faisant partie du tout, de l'ensemble.
En outre, la notion de respecter ce qui entoure sans agresser me semble très présente. En effet je n'ai jamais croisé de parfum agressif, hormis sur les touristes, ce que je ressentais comme une insulte. J'y reviendrai dans mon prochain post.