samedi 3 août 2013

La vierge de fer - Serge Lutens 2013 : entrez dans le parfum, innocents !

Lors d'un sniff-test quasiment à l'aveugle, vous reniflez pas mal de choses avec souvent, la même rengaine : on vous propose des fleu-fleurs toutes plus ou moins semblables, avec par ci, une "jolie note" de jasmin qu'il faut deviner, et par là, une rose plus fraîche que vraie que vous vous sentez obligés de voir, alors qu' au final tout cela ressemble plus à un bouquet synthétique issu d'une extraction de pétrole et habillé de fleurs, pas trop laid certes, mais qui cherche plus à ce que l'on dise "ça sent le parfum" qu'à se rapprocher de l'odeur d'un vrai bouquet. 

Puis, voilà qu'arrive sous votre nez une petite chose qui vous interpelle : immédiatement, innocemment, naïvement, vous avez l'impression d'entrer chez un vrai fleuriste, avec de jolies fleurs fraîches toutes plus belles les unes que les autres. Vous devinez jacinthe, muguet, chrysanthèmes, roses, feuilles vertes, immenses bouquets de lys, et même la rosée fraîche du matin vient chatouiller vos narines aguerries de sa fraîcheur. Les lys livrent le coeur de leurs pistils avec cette petite pointe épicée, mais il y a du monde autour, ils sont loin d'être seuls. 

Cette sensation innocente, qui fait appel au laisser aller et à une vision naïve devant la beauté simple que représente le fait d'entrer chez un fleuriste pour quelqu'un qui aime les odeurs, c'est ce que j'ai éprouvé en découvrant La vierge de fer. Pour donner du corps et du répondant à ce bouquet floral, la pomme, la poire, et une légère odeur de banane et de pêche blanche appuient le sillage et le fond en restant duveteux, bien juteux sans, curieusement, faire trop synthétiques. Cet écueil n'a pas du être facile à éviter. On pourait y percevoir un aspect shampoing ou gel douche, mais pour faire un beau floral, difficile de ne pas travailler avec ces notes. Ici, elles sont entourées, habillées, texturées, ourlées, travaillées, et jamais seul prétexte à conquérir votre nez.

Virginal, pur, d'un effet très naturel, c'est ce que j'ai pensé de La vierge de fer. C'est un peu comme si on était allé chercher l'essence même d'un fleuriste pour en faire un parfum de peau féminin, délicat, qui me renvoit à certains bouquets de Guerlain comme Guerlinade en son temps par exemple. Il laisse deviner qu'une voix douce à la peau claire, vêtue de tissus délicats et fleuris s'offre à votre regard et cherche à vous séduire d'un charme malin et délicat.

Elle vous attire, c'est plus fort que vous ; innocents, vierges, vous êtes face à face. Qui sait si vous saurez vous parler ?

Un beau bouquet floral comme cela ne s'est pas vu depuis longtemps, très pur, et qui prend le contrepied de la tendance en cherchant plus à conquérir les âmes romantiques qu'à se prostituer pour le Moyen Orient, quelle audace, quel poigne, quelle main de fer ! Bravo !

Illustrations : Lys, Serge Lutens.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

A l'heure ou toutes les marques confidentielles de parfum, qu'on appelle familierement niches et qui copient et recopient le concept Serge Lutens depuis vingt ans dans tous les sens et qui semblent etre au point mort depuis deux trois ans autour de l'oud, Serge Lutens, toujours au-dessus de la melee, en dehors des modes et des tendances bidons, depuis De Profondis et surtout maintenant avec "La vierge de fer" semble prendre une toute nouvelle direction avec des creations florales plus subtiles.

La vierge de fer pourrait etre un exclusif Chanel, non? Un joli parfum feminin, agreable, tres portable construit autour d'un accord camelia-lys et de delicates notes fruitees, pour ma part la pomme et fruits de la passion.

Seul point negatif, ce nom de parfum affreux.



Emma

Ilse a dit…

This is awesome!

pop bourgeoise a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Serge Lutens passe la semaine sur France Culture!!!!
Podcast Serge Lutens "1ère partie" http://t.co/JITu0N1i4l (émission du 02/092013)
Et ça continue ce soir mardi 3 et jusqu'à vendredi 6 septembre, de 20h à 20h30!!