Léonard fait partie de ces marques discrètes dans le monde de la mode, mais qui savent s'adresser à une clientèle fidèle tout en maintenant une constante de style en sachant se renouveler habilement. Je parle ici de la branche prêt à porter, car pour ce qui est du parfum, le constat est un peu plus mitigé : l'inspiration et l'âge d'or des parfums de la marque semble s'être arrêté depuis les années 2000, car on ne peut pas dire que les dernières créations de la marque soient au même niveau qu'avant.
Balahé est un parfum oublié, mais franchement, pour le passionné et amateur de belles matières que je suis, il fait partie de ces parfums quasiment parfaits, où tout est là, dans un équilibre rare, traité avec une finesse remarquable et un style impeccable. Dans ce parfum, c'est un peu comme si l'on avait voulu travaillé autour de notes douces et qui fondent sur la peau comme la lave sur un volcan : explosion d'un cocktail fusant au début puis fusion dans un accord fondu par la suite. Parfum de peau par excellence, la transition entre la tête, le coeur et le fond du parfum se fait de manière si naturelle, progressive et maitrisée qu'il semble se colorer sur la peau comme la lave forme, en se refroidissant, une peau nouvelle sur le paysage.

Rien ne dépasse, tout semble glisser lentement dans ce paysage voluptueux et langoureux. Balahé frise la perfection technique, oscillant entre les beaux poudrés, cuirés, chyprés-fruités sans négliger les émotions. Il semble fait pour la peau, et ce que je trouve encore plus "magique", c'est qu'il est impossible de lui donner un genre, car anis, sauge, note de prune et aspect cuiré-velouté font aussi partie de la palette parfumistique des masculins. Le flacon est superbe et en parfaite adéquation avec ce parfum "fusion" sans confusion. Point à la ligne.
Illustrations : fusion de lave qui glisse sur le paysage, et fusion d'un flacon avec Balahé de Léonard, parfum qui glisse sur peau.