jeudi 19 décembre 2013

O Black - Blood Concept 2013 : Cuiron consanguin.

Créer un concept autour de l'idée que notre affinité avec certaines odeurs serait due à notre groupe sanguin ? Bien sûr, il fallait y penser, et, même s'il ne semble pas y avoir d'étude sérieuse sur la question, cette interrogation soulevée est séduisante. Pourquoi cela serait-il improbable ?

Je n'ai pas envie de m'attarder sur le sujet car, de toute façon, il n'y en a qu'un qui ait retenu mon attention et pour cause. Non pas que les autres soient inintéressants, bien au contraire, car je suis passé du "j'adore", avec O Black au "je déteste cruellement" avec AB Black, en passant par "c'est pas mal" avec A Black en découvrant la série dans une boutique de vêtements du 4e, mais un seul a su provoquer en moi une émotion.
 
 

Tenez vous bien, vous êtes prets ? Amateurs et amatrices de feu Cuiron de Helmut Lang, devenu introuvable aujourd'hui, vous risquez à nouveau d'être comblés et cela tombe bien, Noël approche. O Black, dans la série Black donc, en a toutes les qualités car il hérite des traits de son père à 95%. Assisterait-on là à la naissance des premiers bébés nés de la consanguinité parfumistique ? Ils reprendraient les traits de leur ainé disparu ou trop confidentiel pour le proposer sous un nouveau jour, plus jeune, plus original, et qui tente de s'inscrire dans la durée ?  

Les flacons sont jolis, modernes, agréables au toucher et à utiliser, leur format se prête au nomadisme, leur concept et l'environnement étrange rejoint parfaitement les notes que l'on trouve dans les flacons. Pour O Black, c'est donc un nouveau Cuiron que l'on retrouve, avec ce coté cuir fumé et goudronneux cousu de fine dentelle, qui s'entremêle dans des notes douces et vanillées comme une sorte d'orchidée végétale et transparente, très salycilée et solaire. J'adorais ce Cuiron, je retrouve toute sa finesse et sa justesse dans O Black, son digne héritier. 
 
A découvrir de toute urgence pour les fidèles du défunt, dont je faisais partie depuis ses tous débuts.

Illustrations : Black Lace Caremon Russel, Blood Concept.

lundi 9 décembre 2013

Mes Ambiances, promotion de Décembre, une idée pour Noël ?

Cela fait bientôt un an qu'ils ont été présentés chez Marie Antoinette à ceux qui ont eu la gentillesse de se déplacer pour les découvrir. Un article leur était consacré en Février 2013 lorsqu'ils ont fait leur premiers pas en boutique, pour une durée limitée.

Mes Ambiances, c'est leur petit nom, sont trois parfums pour le linge ou la maison, à vaporiser dans les draps, sur les rideaux, les canapés, les tissus, les coussins, dans un sac ou tout simplement pour parfumer l'air. Trois ambiances très différentes, inspirées par des souvenirs personnels, que j'ai voulu traduire en parfum.

Ma Rose : comme son nom l'indique, c'est une promenade dans une roseraie et un clin d'oeil à ma fleur préférée. L'idée que je me fais d'une rose moussue, légèrement citronnée, à la fois fraîche et dense. Une ambiance noble et délicate.


Mon Piano Bar : c'est une ambiance de club de Jazz, le piano et la trompette résonnent en fond, et je sirote un B52 dans un fauteuil en cuir autour d'une table en bois ciré. Alcool, cuir, bois, pour un cocktail chaud et raffiné. 


Ma Garrigue : une promenade en fin d'après midi dans l'arrière pays niçois, quand l'air se refroidit, et que la pierre chauffée fait ressortir la fraîcheur et l'amertume des aromates et la terre. Une envolée tonique et vivifiante. 
 
Il sont confectionnés conformément à mes formulations, à Grasse, avec de belles et rares matières premières fournies par Art et Parfums que je remercie au passage pour leur professionnalisme. Pour moi, c'est sans doute un premier pas vers un futur parfum de peau !

Quelques lecteurs et plusieurs collègues leur sont devenus fidèles, ou les ont offert en cadeau. Peut être que vous aussi ?

Ainsi, exceptionnellement, juste avant de se lancer dans le marathon de Noël, en Décembre, leur prix est de 15€ le vaporisateur de 50ml sans les frais de port (au lieu de 20€ ). Peut être une occasion de les découvrir, de se faire plaisir ou de les offrir ?

Pour les commander, il vous suffit de m'envoyer un mail à olfactorum@gmail.com en précisant vos coordonnées.

mardi 3 décembre 2013

Voilà pourquoi j'aimais Rosine !

Vous l'aurez sans doute remarqué, mais depuis un mois, je parle beaucoup des parfums de Rosine ! Pourquoi autant d'enthousiasme de ma part me direz vous ? Et bien la réponse est simple : parce qu'on n'en parle pas assez, parce que notre soif de nouveautés à tous nous pousse à vouloir toujours plus neuf, plus "in", plus "fashion" et sans doute aussi plus cher. Pourtant, négliger cette maison, c'est passer assurément à coté d'un patrimoine important non seulement de l'histoire du parfum, mais aussi de la parfumerie actuelle.

Remis sur le devant de la scène par Marie Hélène Rogeon depuis environ vingt ans, Les parfums de Rosine ne connaissent pourtant qu'une diffusion limitée. Ne serait-ce pas là ce qui fait leur force aussi ? A force de toujours vouloir sentir de nouvelle choses, on en oublie parfois de se concentrer sur l'essentiel : la recherche d'un parfum pour soi, celui, avec lequel on se sent bien et surtout, choses assez rare aujourd'hui pour être soulignée, celui vers lequel on aura envie de revenir et aura su fidéliser. Ceci, beaucoup de marques anciennes et nouvelles s'en contrefichent et se contentent de lancements réguliers pour faire parler d'elles et rester dans le coup. Souvent, il faut bien le constater, si l'on craque pour une nouveauté, le flacon se vide relativement lentement.

Alors, si vous prenez un jour le temps et faites l'effort (prenez cela comme une aventure), d'aller faire un tour dans les rares points de vente de la marque, voici quelques conseils, aussi modestes soient ils : 

- ayez à l'esprit d'être là pour sentir du parfum et rien d'autre.

- n'ayez pas en tête que vous allez ne sentir que de la rose, car, même si elle est en effet au centre du concept et du nom de la marque, elle ne constitue bien souvent qu'une trame, mais pas l'odeur principale des parfums : par exemple, les amoureux d'épices aimeront Majalis, les fans de tubéreuse et de fleur d'oranger seront ravis de découvrir Vive la Marié, ceux qui aiment les notes marines se loveront sans doute dans les effluves délicates et très finement travaillées de Ecume de Rose, les aficionados de thé vert se plairont à découvrir Un Zeste de Rose, les hommes avides de "fraîcheur citronnée qui tient" risquent d'être conquis par Rosissimo, et si comme moi vous craquez pour Rose d'Homme, que je porte depuis longtemps et de manière très régulière, vous remarquerez que ce parfums présente des facettes boisées, chyprées, tubéreusées et cuirées. 

- faites fi du décorum et dites vous que cette maison propose de la qualité, soyez en certains car vous ne serez pas déçus. Touchez les flacons, testez la vaporisation, remarquez les finitions. Un vrai travail de parfumeur, modeste et moins "star" que François Demachy, Thierry Wasser ou Jean Claude Ellena certes, et une direction artistique conduite par Marie Hélène Rogeon, plus discrète que celle de Tom Ford ou de Serge Lutens, est palpable derrière les parfums. La qualité des matières, des textures est bien là, et le style d'un grand nombre des parfums de la marque ne fait pas daté ; ils se portent très bien avec des tenues actuelles, aussi bien en casual chic qu'en tailleur ou en costume. 

- soyez donc certains que vous ne serez pas décalés par rapport à la mode ou au marché, car souvent, les parfums sont parfaitement contemporains, et reprennent soit des codes de la parfumerie grand public comme Glam Rose, soit de grands classiques comme Secret de Rose, mais avec un travail sur les textures et les matières de fond très poussé. Ils ont tous, en général, une créativité, et une signature qui leur est propre, comme Rose Praline, et surtout, ils "travaillent" avec la peau.

La rose ? Elle parle, mais souvent en sourdine, comme si la plus belle fleur de la parfumerie était indispensable à ces belles créations, c'est une des vérités de la marque, mais les parfums, eux, vont par conséquent souvent bien au delà de ce que pourrait être une soli-note de rose. 

Un des atouts les plus forts de la marque, qui ferait bien des envieux, c'est de savoir vous faire revenir, car si vous en trouvez un pour vous, ce qui est mon cas pour Rose d'Homme, vous aurez je pense, envie de reprendre un flacon si le premier est vide, voire de vous laisser séduire pas un extrait, tous superbes.

Voilà pourquoi j'aimais Rosine, et voilà pourquoi j'aime toujours, je suis triste qu'elle soit si peu diffusée et peu présente dans les boutiques "in", et je serais bien déçu si la marque se faisait littéralement "bouffer" et disparaissait parce que tout le monde ne parle que de Serge Lutens, Annick Goutal, Frédéric Malle ou Tom Ford, qui disposent certainement de moyens beaucoup plus importants pour se faire voir !
Ferez vous ce tout petit effort de passer au delà de la mode et du "must have du moment", simplement par amour du parfum ? Pour le moment, j'avoue, je me sens parfois un peu seul !

Illustration : Les parfums de Rosine - une partie de la gamme, la boutique du Palais Royal à Paris, Folie de Rose, Rose d'Homme.


samedi 23 novembre 2013

Aubade Le Parfum - Aubade 2013 : up close and personal.

Leçon de séduction N°143 : le mettre au parfum ! L'appel est lancé, la promesse est grande et l'attente d'un passionné de parfum et de création est tangible à l'idée de découvrir ce que la parfumeuse Delphine Jelk, auteure de la désormais célèbre Petite Robe Noire de Guerlain a pu imaginer autour de cette idée. Fébrile, et craignant d'être confronté à la réaction de déception que vous avez pu éprouver en découvrant le premier parfum d'une marque comme Repetto dont l'univers est riche, vous n'attendez pas forcement de surprise. 
Pourtant, lorsque la vendeuse vaporise sur la touche les notes de Aubade le Parfum, que vous portez la touche à votre nez, le passionné enjoué que vous êtes retrouve le sourire : ma première réaction ne s'est pas laissé cacher, car ce fut un "Wouahou" immédiat, comme celui éprouvé il y a maintenant 6 ans en découvrant Dior Homme, La Fille de Berlin et Majalis cette année.

Enfin quelque chose d'intéressant, de nouveau, de très bien construit et surtout, d'hyper cohérent avec l'univers de la marque. Charmeur, charnel, sensuel, un brin coquin et espiègle, le parfum Aubade est pour moi une très belle surprise. Même s'il me fait connecter avec des références que je connais en parfumerie, son traitement, sa texture et son évolution lui confèrent une signature unique et un propos qui lui est propre.

Aubade, c'est un peu la recette suivante dans un savant mélange et d'alchimie ; prenez les facettes coquines de Kiki de Véro Kern, et ajoutez un soupçon de Pillow Mist (Brume d'oreiller) de L'Occitane, pour créer l'envie de se rapprocher. Ces deux là ont en commun une note que j'adore, chargée en tillal, une matière aux accents anisés à la fois propre, sensuelle et que je trouve d'une grande modernité, souvent masquée mais ici mise en valeur. Affinez le trait en allant chercher quelques fleurs modernes et propres chez Close de Gap, pour placer le parfum dans son époque, travaillez le coté muscs clairs et peau chauffée au soleil que peut avoir un Ck Be et complétez le tout du caractère bien trempé d'un Hypnotic Poison, avec la sensualité d'un Teint de Neige. Gardez toutes ces idées en tête, composez et ajustez le tout de notes personnelles, qui resteront confidentielles, en touchant la verdeur d'un jardin frais. Jettez-y une belle qualité d'amande amère, qui apporte une vraie structure et une profondeur au sillage, et donnez lui une dimension, une signature à la fois légère comme une dentelle, verte comme une feuille fraîche et douce comme le coton. Vous rejoignez ainsi l'univers sensuel et charnel de la marque et vous tenez là un succès prometteur. D'abord distribué dans les boutiques de la marque, si le parfum séduit celles qui s'y aventureront, il ne laissera sans doute pas leurs hommes indifférents quand elles le porteront.

Up close and personal, ce kiki émoustillé sur l'oreiller (c'est rigolo non ?) alors que deux peaux ont l'intention d'être plus "close", possède bien un vrai pouvoir hypnotique. Ne sommes nous pas dans l'intimité voulue par Aubade ? Un vrai coup de coeur, le troisième cette année avec La Fille de Berlin et Majalis ! Et même s'il m'évoque tous les parfums évoqués plus haut, il sait garder sa propre personnalité, une légèreté, une modernité et un vrai propos. Un grand bravo et merci à Delphine Jelk, car elle met un peu de lumière dans un paysage parfumistique 2013 assez morose. Et pour Aubade, c'est une leçon N° 143 parfaitement réussie.

Illustration : Aubade, le Parfum.

lundi 18 novembre 2013

Majalis - Les parfums de Rosine 2013 : cannelle honnie à la mode nouvelle.

La cannelle, on aime ou on déteste, mais elle a au moins le mérite de susciter une réaction et d'interpeler les sens. Le moins que l'on puisse dire lorsque l'on découvre Majalis, le tout dernier bébé des parfums de Rosine, c'est qu'elle revient sur le devant de la scène.

Vous savez alors à quoi vous attendre : de la cannelle, traitée quasiment en soli-note, c'est assez rare pour être souligné. Elle arrive comme un coup de poing, dès les premières vaporisations, puis se dévoile subtilement, sans jamais se montrer trop brutale pour autant. Majalis traite en effet cette matière avec beaucoup de douceur, de volupté et de sensualité. Très présente certes, elle se montre tellement maitrisée dans son évolution qu'elle dévoile les facettes de sa personnalité grâce à une sélection très pointue de notes cognitives, qui ne feront que la mettre en valeur. L'on devine alors à peine que la rose joue avec elle tout au long de la partition, et que d'autres épices comme la muscade, le poivre et la coriandre lui emboitent le pas. Le parfum qui semble assez linéaire ne l'est en fait pas tant que cela tant il est facetté au porté. Parfois fort en caractère si les épices se dévoilent, Majalis sait se montrer très doux, enveloppant et "cocon" lorsqu'il parle sur la peau. Un jeu d'agrumes, de vanille et de muscs de qualité n'y sont pas étrangers, car le fond dévoile beaucoup de suavité, de confort, et l'on se plait à voyager dans un imaginaire en Inde, où mage, rose, cannelle et santal font partie de la culture olfactive locale.

Pour ma part, je ne peux m'empêcher de vouloir remettre le nez dans Egoïste, dans Coco et, allez savoir pourquoi (car je ne comprends pas moi même), dans feu Le Baiser du Dragon de Cartier ; vétiver, épices, rose ? Il n'y a pourtant pas de vétiver apparent dans Majalis ! 

C'est donc une découverte de caractère, un parti pris osé et culotté : la cannelle, honnie en parfumerie, revient ici à la mode nouvelle. Parmi l'avalanche hystérique de ouds débiles qui crient comme dans un asile de fous et qui figurent le paysage très noir de la parfumerie de niche actuelle, cette initiative fait du bien. Je trouve juste dommage que les hommes soient obligés de faire abstraction d'un flaconnage un poil féminin s'ils l'aiment, ce qui est mon cas, et je regrette d'ailleurs que la marque s'oblige à "sexuer" ses parfums, car dans ce cas, aucune frontière apparente autre que celle du packaging ne constitue un frein à l'appropriation de cette petite merveille.

Rien que pour cela, une petite visite à la boutique du Palais Royal s'impose, mais elle dévoilera également une autre surprise avec les nouveaux extraits qui déclinent les plus beaux parfums de la marque. Même les hommes y ont droit : Rose d'Homme, Rosissimo, Twill Rose, Secret de Rose, Rose Kashmirie, Une Folie de Rose et quelques autres dévoileront des facettes insoupçonnées des versions eau de parfum connues à ce jour. Le prix pourra vous faire reculer, mais saluons au moins l'initiative, unique à cette échelle, originale et riche de belles surprises. De la belle parfumerie en somme, alors, si vous aviez oublié Les parfums de Rosine, c'est sans doute bien dommage !

Illustrations : Cannelle de Cyrille Despierres, Les parfums de Rosine.

vendredi 8 novembre 2013

Hypnôse pour Homme - Lancôme 2007 : l'être anonyme.

La lavande, au combien utilisée dans les parfums pour homme et il y a quelques années dans pas mal de produits ménagés, est souvent dissimulée pour cette raison dans les parfums pour homme. Elle reste là, invisible, noyée sous les mousses, les bois et autres notes aromatiques afin de ne pas trop rappeler aux hommes que c'est un produit courant. C'est sans doute aussi pour cela qu'il n'existe pas beaucoup de parfums sur le marché qui la revendique en tant que soli-note. Outre le magnifique et facetté Jersey chez Chanel, on notera les jolis Gris Clair et Encens et Lavande chez Serge Lutens, les très classiques Lavande chez L'Occitane et English Lavender chez Yardley, puis le très original Brin de Réglisse chez Hermes. Ensuite, c'est à peu près tout ! 

Souvent oubliés face aux rouleaux compresseurs que sont les féminins chez Lancôme, où Trésor, Miracle, Hypnôse et plus récemment La Vie est Belle (??) tiennent la vedette et boostent les chiffres, les masculins se retrouvent dans l'ombre, au calme, et même, sur les stands de la marque, dans les placards. Auraient - ils tellement peu d'estime pour ces parfums qu'ils en auraient honte ?

Pourtant, s'il y a bien une lavande soli-note qui mérite d'être connue, c'est celle orchestrée par Maurice Roucel dans Hypnôse pour homme. A l'état naturel, le parfum de la lavande est complexe : il passe de notes fraîches et aromatiques à des notes plus chaudes de cuir, de réglisse, puis dévoile des notes vertes d'herbe de bison et de foin coupé. Parfois, on y retrouve un peu de vanille, dans les variétés les plus nobles. Dans le sillage d'Hypnôse pour homme, je retrouve cette naturalité et ces multiples facettes. Le parfum évoque immédiatement la lavande, mais dans son évolution, se montre très facetté, tout en restant très rond et doux et toujours "sur la note". Frais au départ sur une belle variété de lavande naturelle et de la menthe, il dévoile ensuite un sillage "vert", presque sève, et épicé, qui m'évoque celui de Narciso Rodriguez pour Homme, un autre grand classique. Le fond se fait très doux et complexe, jouant sur un registre très chaleureux et cher à Maurice Roucel : douceur amandée de la fève tonka, notes chaudes et cuirées de la vanille, sans doute un peu de baumes de tolu, de styrax pour évoquer le cuir, puis un patchouli qui sait rester discret, mais contribue grandement au confort que ce parfum procure au porté.

Très agréable au quotidien, qu'il fasse chaud ou froid, viril et doux à la fois, il dévoilera sans doute quelques secrets à celui (ou celle) qui voudra bien l'hypnotiser. Faire parler ce parfum, et surtout ne pas oublier qu'il existe et peut dévoiler les beaux secrets que cache la lavande, c'est aussi le sortir de son état d'être anonyme aux cotés de ses cousins féminins, qui eux, peuvent vous promettre une vie meilleure, sans s'y tenir ! Si Hypnôse pour homme envoie ses lettres anonymes, il saura rester fidèle ensuite. A redécouvrir, vraiment, également pour  le flacon et la vaporisation, très réussis.

Illustrations : l'Homme dans la lavande de Serge Goulet, Lancôme.

dimanche 20 octobre 2013

Rose Praline - Les parfums de Rosine 2008 : Angelina, joli ...

Titre un peu racoleur et facile me direz vous ? Peut être ? 
Mais que pensez vous de ce Paris exacerbé par les américains dans un film comme The Tourist ? Un Paris tout propre beau et désert, qu'Angelina Jolie traverse pomponnée et en tailleur. Imperturbable élégance fantasmée, qu'elle soit assise à la terrasse du café Nemours ou qu'elle se glisse dans un métro devenu d'un coup d'un chic improbable. Ce Paris n'existe t-il pas que le temps d'un film ?

Si vous vous souvenez de la scène où, venant de la place des Victoires, elle se retrouve comme par magie en un pas devant la comédie française, je vous invite à prolonger le parcours et imaginer qu'elle ne s'arrête pas au Nemours, mais qu'elle continue rue de Rivoli pour entrer chez Angelina, interpelée par le nom, qu'elle se laisse porter par l'odeur ambiante de chocolat amer, qu'elle s'assoie et commande un thé Lapsang Souchong agrémenté d'un macaron à la rose.

Arrêt sur image pour deviner les sensations qu'elle éprouve : autour d'elle, une odeur très présente de chocolat noir, spécialité de la maison, de vanille et de praline, que l'on devine facilement dans un salon de thé proposant de la pâtisserie fine. Elle, buvant son thé fumé, dont le goût se conjugue en bouche à celui du macaron..... vous saisissez ??? Laissez vous guider et essayez d'imaginer ce que cela peut donner ?

Si vous n'y arrivez pas, suivez alors mon conseil : faites le même parcours, un jour où vous vous sentez l'âme voyageuse, entrez, comme Angelina chez Angelina rue de Rivoli, humez l'air ambiant, commandez ce thé fumé et un macaron à la rose, puis saisissez l'instant comme une photo. Dans votre élan, courez au fond de la cour du jardin du Palais Royal à deux pas de là pour demander à sentir Rose Praline.

Normalement, si tout se passe bien, le moment que vous avez vécu et photographié dans votre esprit quelques instants auparavant devrait vous revenir instantanément. Rose délicate, chocolat au lait, thé fumé, douceur des amandes pralines... tout y est ici regroupé, sur cette petite touche à parfum, là, qui se présente à vos narines.

Rose Praline est un parfum fantasmé, une image, un rêve, une vision, devenue réalité. Il  a comme un goût d'Angelina Jolie, dans un moment joli chez Angelina ! C'est un peu ça aussi, la magie du parfum : rendre l'abstrait très concret, et faire qu'un voyage, un instant saisi, un moment vécu, prenne une couleur olfactive pour exister et rester gravé dans nos mémoires. J'aime Rose Praline pour cela, pour sa créativité aussi, parce que les notes fumées ont toujours fait partie de la palette de mes matières fétiches, qu'elles sont peu exploitées de manière créative. Rose Praline, en outre, ne ressemble à rien d'autre : unique, original, élégant, pas forcement uniquement féminin, il me fait voyager et se montre un compagnon très agréable et élégant au porté. 

Alors, si vous n'êtes pas Angelina Jolie, il peut aussi pourquoi pas devenir le souvenir d'un de vos moments jolis, passé chez Angelina ?

Illustrations : The Tourist - 2010 de Florian Henckel von Donnersmarck, Les Parfums de Rosine.