lundi 19 octobre 2009

Trouver son parfum : un exercice difficile ?


Devant la prolifération de nouveautés annuelles, trouver un parfum que l'on peut définir comme étant le sien est pratiquement chose impossible. Cela me semble être un exercice difficile, une démarche longue et compliquée pour celui ou celle qui décide de l'entreprendre.

Vous est il arrivé d'avoir une rencontre avec un parfum, de retrouver dès les premières notes cette sensation qu'il est fait pour vous, qu'il est tout ce que vous aimez ? Sa forme olfactive, ses couleurs et ses évocations vous transportent et vous parlent. Passer ce premier cap, vous savez presque d'instinct qu'il fera corps avec vous, vos goûts et votre style de vie du moment.
Pour ma part, ces rencontres pourraient se limiter à quelques parfums, après être passé par plusieurs essais et constats : les vétivers que j'adore se refusent obstinément à mon corps et à ma peau, j'en suis maintenant convaincu. J'ai également aimé quelques patchoulis, mais là c'est l'inverse, j'ai dû faire une overdose car j'ai plus de mal aujourd'hui. Bien sûr, il y a les occasionnels qui me plaisent, qui me vont bien, qui ne sont pas forcement des chefs-d'oeuvre mais que je porte le week-end, en voyage ou quand il fait chaud. Puis il y a ceux que je collectionne, simplement pour avoir le plaisir de les sentir. Frivolité addictive, mais essentielle.

Malgré cela, j'ai besoin de retrouver ces parfums refuges qui sont les miens, qui m'ont accompagné quelques temps ou m'accompagnent encore. J'ai également besoin de sentir, en espérant trouver, parfois, cette sensation aussi rare qu'agréable.

Le tout premier parfum avec lequel j'ai senti une affinité réelle fut Fahrenheit en 1988. Je l'ai porté pas mal d'années, mais à force de succès, il est devenu codé, avec cette impression de porter le parfum des potes. C'est dommage car je l'aime toujours et j'ai plaisir à le porter très très occasionnellement. Sa version Absolute en est une jolie variation.
Le second "choc" de ce type fut Héritage en 1992 : un parfum que je souhaitais et qui dès les premières notes et dès les premiers jours de commercialisation est devenu "mon" Guerlain. Héritage a longtemps été "mon" sillage, il l'est encore aujourd'hui, mais il est trop beau et capiteux pour mon environnement quotidien actuel. Je ne le porte donc que le week end et occasionnellement, comme en cette période de froids d'automne par exemple.
Le troisième est devenu vraiment "mon" parfum. Il en fut décidé ainsi suite à la création de ce blog et parce qu'il m'accompagne depuis longtemps, un peu partout, sauf en voyage ou quand il fait trop chaud. Méchant Loup en 1997 fut une rencontre, une osmose, je l'aime et le porte depuis le début et en vieillissant, il fait de plus en plus partie de ce que je suis, un article complémentaire lui sera consacré très bientôt.
L'Eau du fier est également un parfum qui me correspond, mais il est si difficile à porter que je me contente de le sentir sur le poignet de temps à autre, pour retrouver son odeur qui me fait voyager. Enfin, le "cuir moderne" comme Dzing de l'Artisan, Black de Bulgari et Cuiron de Helmut Lang, relayé aujourd'hui par Strictly Private de Baldessarini, est une signature avec laquelle je me sens en affinité.
En cette fin 2009, c'est une nouveauté récente qui s'inscrit dans la lignée des notes et des évocations auxquelles je suis sensible : un parfum dont je rêvais comme pour Héritage, et la sensation de faire corps. Ce parfum fera l'objet de mon prochain article.
Un point commun à mon sens entres tous ces parfums : les couleurs chaudes et l'écriture olfactive ambrée, boisée avec une facette cuir et quelques épices bien dosées. Tous pourraient s'inscrire dans un tableau de Denis Frémond (ci-dessus) ou de Henderson Cisz (ci-contre) dont j'aime la chaleur qui en ressort et la lumière travaillée.

Après plusieurs discussions avec des personnes que je connais m'ayant donné le nom de leur parfums, j'ai remarqué que pour beaucoup d'entre elles, un style, une matière, une couleur revenait, comme une signature dont elle n'avaient pas forcement conscience et qui était pourtant bien marquée. En prendre conscience peut être réconfortant et permettre d'être moins hésitant dans ses choix.

Et vous ? Trouvez "votre" parfum vous semble t il difficile ? Quelles seraient vos affinités olfactives ? Votre style ? Les connaissez vous ? En êtes vous conscients ? Quel (s) parfum (s) serait "vous" ?
N'hésitez pas à faire partager vos impressions, je vous remercie d'avance.

Illstrations : Little flower de Denis Frémond et Parisian afternoon de Henderson Cisz.

32 commentaires:

Marion a dit…

Bonjour,
je m'appelle Marion et nous avons déjà eu l'occasion de nous parler au sujet de "jasmi noir"...
Cet article me touche particulièrement parce que j'ai longtemps acheté des parfums un peu n'importe quand et n'importe comment sans vraiment prendre le temps de les connaître et les apprivoiser, de manière impulsive...Parmi tous mes acahts, seuls trois me touchent encore et me plaisent réellement: il y a "petite chérie" que mon amoureux identifie comme "mon" odeur...Il ya chanel n°19, qui est une merveille et il y a "iris poudre" des éditions de parfum de Frédéric Malle, puissant et moelleux à la fois...Mais je ne peux réellent dire que j'ai trouvé LE parfum qui transcende tout le reste...
Pour ma part, j'aime et je recherche un parfum résolument féminin, sans pour autant sentir la rose, puissant maispas vulgaire, plutôt oriental mais pas trop sucré, ni capiteux.Un floral vanillé ambré boisé un peu épicé...Je m'intéresse en ce moment à la collection extraordinaire de Van cleef and arpels et plus particulièrement à "gardénia pétalee" et j'ai hâte de sentir "amaranthine" de penhaligon's...J'aime aussi beaucoup "bois farine" de l'artisan pafumeur, parce que j'aime son odeur originale et réconfortante et tout simplement parce qu'il me rappelle l'île où je suis née,c'est-à-dire la Réunion...

Passionez a dit…

Bonjour Méchant Loup!

Je suis tout à fait d'accord avec vous! Trouver "son" parfum devient de plus en plus difficile compte tenu de la pléthore de lancements chaque année et du risque de le trouver sur une autre personne. Cela ne risque-t-il pas de nous faire perdre une part de notre identité?

J'ai toujours été attirée par les parfums et même si ma préférénce pour les notes chaudes et enveloppantes ou au contraire légères et fusantes a été marquée très tôt (je suis très contradictoire de nature ;-), j'ai mis des années avant de me sentir "faire un" avec un parfum. J'ai eu un premier coup de coeur pour In Love Again d'Yves Saint Laurent en 1998. Une création florale-fruitée-fraiche d'un nouveau style que je trouvais particulièrement originale à l'époque et dont j'ai déploré sa disparition. L'année dernière, j'ai essayé de la retrouver mais sa version Fleur de Passion m'a semblée moins riche et plus commerciale olfactivement parlant.

Des années plus tard, j'ai à nouveau eu un coup de coeur pour L'Instant de Guerlain. Le premier parfum ambré-fleuri que je me sentais pouvoir porter. Lumineux, intimiste et sensuel, il s'agit pour moi de l'un des premiers parfums de peau. Un parfum élégant et charnel en même temps.

Mais je pense que le premier parfum avec lequel j'ai vraiment pu "fusionner" c'est Spiritueuse Double Vanille de Guerlain. J'ai toujours été addict des notes vanillées mais cette facette rhum liquoreuse qui est exploitée dans ce parfum m'a immédiatement charmée et n'a fait qu'un avec ma peau. Il m'est d'autant plus difficile d'y renoncer (certaines personnes de mon entourage ne supportent pas les parfums vanillés) que je me sens non seulement en phase avec moi-même mais enveloppée de douceur, de réconfort. Ce parfum évoque tant de choses pour moi. La sensualité, le voyage, l'exotisme,... Tant de choses qui me sont particulièrement chères. J'ai essayé d'autres parfums depuis et si j'aime beaucoup Cuir Beluga de Guerlain, aucun parfum n'est arrivé à la cheville de Double Vanille pour moi. Un parfum charnel, profond et complexe. Je suis ensorcelée et me sens séductrice.

Dans le second registre de parfums qui me "collent à la peau", il y a donc les parfums aux accords héspéridés. Mon plus grand coup de coeur est sans conteste "Un Jardin sur Le Nil" d'Hermès. J'ai rarement senti un parfum aussi frais, original et pétillant. Je l'ai découvert à sa sortie en 2005 et l'ai redécouvert il y a deux ans. Je le porte toujours avec autant de plaisir voire plus qu'avant. C'est mon parfum d'été. Il m'évoque là encore le voyage, l'exotisme, l'Egypte (l'une de mes destinations préférées)... Il m'inspire l'optimisme, la légèreté, la gaîeté grâce aux notes héspéridées et fruitées. A chaque fois que je le porte, je me sens transportée dans un jardin au bord du nil, à l'ombre des palmeraies, les pieds dans l'eau, songeuse, rêveuse...

Ah j'oubliais dernière (re)-découverte olfcative: Safran Troublant de L'Artisan Parfumeur. L'alliance des épices et de la vanille est particulièrement séduisante. Le safran reste une composante rare dans les parfums et elle est traitée en profondeur tout en gardant une certaine légèreté. Un parfum de peau, un parfum de séduction mais toute en finesse et discrétion.

Voilà, je vous ai fait un véritable roman, Méchant Loup, mais votre sujet m'inspirais comme vous pouvez le constater ;-)

Thierry Blondeau a dit…

Merci pour ces témoignages. Rassurez vous, ils ne seront jamais assez longs, car le but était bien de créer un échange et de nous faire partager de vos impressions.
Passionnez, pour répondre à votre question, ce n'est pas le foisonnement en tant que tel qui nous fasse perdre notre identité. Au contraire, plus il y en a, plus il est facile de trouver "sa tasse de thé". Paradoxalement, plus c'est difficile également, car ce foisonnement créé la confusion. Je souhaitais souligner par cet article qu'il est bon d'être attentif et fidèle à soi même pour choisir un parfum qui soit le sien, sans forcement se fier à une image de marque, à une pub ou a un positionnement. Cette démarche ne semble pas facile non plus, car il faut savoir écouter, partager, se renseigner et en sentir beaucoup. C'est un peu de mon expérience que je souhaitais vous faire partager par cet article ...

Uella a dit…

Exercice assez facile pour moi. J'ai toujours su ce que j'aimais et ce que je detestais. Mes premiers coups de coeur ont ete En Avion et Narcisse Noir de Caron, que j'ai porte dans les annees 80 et 90 mais que j'ai du abandonne au debut des annees 2000 suite au rachat de cette maison de parfum par le groupe Ales, pour leurs pietres reformulations qui ont denaturent les formules originales.
En 1995 nouveau choc olfactif avec la decouverte de la parfumerie de Serge Lutens. Un univers singulier ou Serge Lutens redefinit l'identite du parfum: le parfum bijou. Mes preferes sont Tubereuse Criminelle, Feminite du Bois, Bois de Violette, Muscs Koublai Khan, Fourreau Noir, Fille en Aiguilles, Fleurs d'Oranger, A la Nuit, Datura Noir et enfin Nuit de Cellophane.

Geraldine a dit…

Serge Lutens, une découverte inépuisable pour moi également. Après avoir découvert La Myrrhe, puis Fleurs d'Oranger, je suis tombée dans Ambre Sultan qui me suit depuis. J'errais de parfum en parfum et celui là est devenu un compagnon indéfectible. Je vogue souvent ailleurs mais le retrouve toujours avec beaucoup d'émotion. Quel plaisir quand l'automne arrive de le redécouvrir...
Cependant je prends plaisir à lui débusquer des rivaux. L'été il est facilement détrôné : l'eau d'Hermès, un Jardin en méditerranée, Sicily cette année...
J'humme, je sniffe et parfois je flashe. L'amour ne naît pas au premier nez tendu mais après s'être mutuellement apprivoisés -et ça peut prendre des années.
En ce moment je me prépare peut-être un avenir avec Dans tes Bras ou avec Jicky.
Je rêve d'Angélique noire ou de Cuir Beluga mais redoute l'addiction.
Toujours chez Serge -ah, Serge !- c'est Fumerie Turque et Cuir Mauresque qui m'appellent de leurs volutes exquises. Je les aime de loin, pour le moment, mais sais que je les trouverai un jour.
Choisir un parfum, c'est un bonheur intime et intense.
Je lui suis infidèle mais gare à lui si je le découvre sur une autre : il risque d'être quitté sans sommation !

Thierry Blondeau a dit…

Pas mal de grands noms je vois ! Ah, Serge Lutens. Je n'aime pas tout ce qu'il fait, mais il faut bien reconnaitre que c'est une référence. C'est pareil chez Frédéric Malle, qui dessine une parfumerie très intimiste avec des créateurs visionnaires. Jean Claude Ellena, qui a le talent de savoir lire l'époque actuelle et de transposer de nouvelles signatures olfactives dans le monde entier. L'Artisan Parfumeur enfin, qui cultive belles matières, originalité olfactive, créativité et style. Annick Goutal, pour qui le choix de belles matières maitrisées avec bon goût et raffinement font toujours figure de référence. Guerlain enfin, qui nous fait tous toujours rêvé, surtout ceux qui aiment l'ambre, la fève tonka et la "vraie" vanille, ainsi que les belles fleurs. Je remarque que vous leur êtes fidèles, et je comprends pourquoi. Dans ceux que vous avez cités, il y en a beaucoup que j'aime, mais qui ne sont pas devenus miens. Je suis ravi qu'ils soient les vôtres, fidèles ou non ! Et sinon, quid des "nouvelles niches" ? J'y reviendrai plus tard.

Passionez a dit…

Je suis tout à fait d'accord Méchant Loup. Il est difficile de ne pas se laisser happer ou tenter par la pub. J'avoue y succomber pour les cosmétiques mais pour le parfum, je reste (assez) indépendante et ne me laisse guider que par mon nez et mes émotions.

Je pense également qu'il faut bien se connaître pour pouvoir choisir un parfum à notre image et surtout notre réel "moi". Exercice d'autant plus difficile que nous pouvons avoir de "multiples personnalités". D'où mes attirances différentes pour les parfums.

En tout cas merci pour ce sujet ouvert

Zazie a dit…

Bonjour méchant loup, j’ai toujours aimé les parfums, mais c’est depuis (relativement) peu que j’ai découvert le monde des SL, CDG, Del rae, Amouage, ….
Ma quête du parfum parfait n’a pas encore abouti, mais il y en a beaucoup qui s’approchent de mon idéal.
Le parfum le plus proche du but c’est le plus simple ; une tubéreuse délicate et très nuancée, au multiples facettes (mentholée, charnelle, soyeuse) : Beyond Love By Kilian.
Au cœur de l’hiver, ou sous une pluie froide et insistante comme aujourd’hui, je m’enveloppe dans Corso Como 10 comme dans une écharpe préférée et je suis d’un coup très contente que l’été soit si éloignée !
Mon amour pour L’amoureuse (del rae), Une rose chyprée (andy tauer), Cuir Ottoman (Parfums d’empire) et mon appréciation pour Beige, 31 Rue Cambon et Manoumalia m’indique une préférence pour des notes de fond miellées et boisées, un cœur plus ou moins fleuri et un départ hespéridé. Je les aime, cependant je trouve ces fragrances un brin trop « pretty », un peu trop fleuries, pas assez boisées ou résineuses.
Mais il y en a d’autres que j’adore aussi, même si je les utilise plu rarement : les vetivers (sycomore et vetiver Tonka), les « tropicales » (Frangipani de OJ, Fracas et intense Tiaré de Montale), le cèdre de SL FDB, la nouvelle HV de l’AP, Tom Ford’s Oud wood, Jicky pour les soirées...
Bref, selon les humeurs et les saisons, je suis toujours infidèle… Et toujours en quête du parfum « parfait »…
Tout à fait d'accord avec Passionez: peut-être ai-je une de ces personnalités multiples qui me penchent chaque jour vers un parfum différent…

Thierry Blondeau a dit…

Il me semble qu'un parfum n'est parfait qu'à un moment donné d'une vie. Or nous changeons, nous évoluons, notre entourage et notre environnement aussi. Ils nous influencent également. C'est pourquoi dans ce contexte et plus largement devant la richesse plus ou moins belle de la parfumerie actuelle, être infidèle est plutôt une bonne chose et il est plutot bien d'avoir une personnalité multifacette.
Cela dit Zazie, il me semble quand même que vous aimez bien les notes dites "solaires" et les cuirs légers.

cazaubon a dit…

J'aime tant de parfums, mais je prefere en general les ambres/boises. Dernierement je suis tombee amoureuse de Back to Black et Encens Flamboyant. Je pourrais vivre longtemps rien qu'avec ces deux-la!

Uella a dit…

J'aimerais ajouter a ma liste l'un des parfums de la collection Les Heures de Parfum de Cartier par Mathilde Laurent, La Treizieme Heure. Le coup de coeur total! J'ai pas hesite a depense 272 dollars chez Saks pour un flacon. Tres sensuel et tres classe.

Thierry Blondeau a dit…

Ces Heures de Cartier semblent faire l'unanimité La treizieme pourrait aussi être celle qui me plait, moi qui aime beaucoup la note fumée dans l'Eau du fier, un lapsang souchong vu par Isabelle Doyen. Cette 13e heure en est elle éloignée ?

Moi qui fut déçu par une autre marque ayant lancé sa gamme "niche", mais qui aime beaucoup les créations de Mathilde jusqu'à maintenant, j'attends donc avec impatience cette collection.

Je voulais également apporter une précision : bien que j'aime retrouver mes parfums refuges dont celui qui sera l'objet de mon prochain article fait partie, je n'arrive pas à être fidèle. De nature contemplative et hédoniste, c'est tout simplement impossible. Le vendredi étant un jour casual, j'en profite pour tester mes oeuvres, que je collectionne de manière addictive, comme pas mal d'entre vous j'imagine. J'en porte une aujourd'hui que je ne m'attendais pas à trouver si agréable sur ma peau, et une de plus ! Je dois être un loup caméléon : vous imaginez ma tête ? Enfin ... c'est comme ça !

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Thierry Blondeau a dit…

Encore une précision quand je dis "mes" oeuvres, ce ne sont pas mes créations, mais celles que je collectione à tout va, dont certaines concrétisent des "formes" ou des idées" dont je rêvais ! Restons modeste et rendons hommage au talent de ceux qui les crééent pour nous. Méchant Loup.

Uella a dit…

Mechant Loup, je ne connais pas l'Eau du fier, par contre la note fumee de la Treizieme Heure est en sourdine sur ma peau. Les notes de ce parfum s'expriment en contrepoint les unes aux autres; le patchouli et la vanille rechauffent l'austerite et l'arridite du goudron (bouleau) et conferent au parfum un caractere tres sensuel, de meme le the noir confere au cuir un effet glace.

Dans le livret offert avec le parfum, Mathilde Laurent parle de fumee en tant que representation de ce qu'est le parfum et non de note olfactive. Serge Lutens a le meme discours a propos de l'encens, qui selon lui, sublime le parfum depuis ses origines.

L'Heure Mysterieuse me semble plus portable pour un homme, certainement l'encens qui tient un role central dans la composition. La Treizieme Heure est un de ces parfums qui debute sur des notes assez masculines comme le cuir et le goudron mais qui se feminine tres rapidement en s'intensifiant (patchouli, vanille).

Thierry Blondeau a dit…

Bon aller, j'avoue.
En attente de "style" et de créativité, j'avais très peur de ne pas être étonné par ces heures.
Mais, à la lecture des premiers post de Denyse et de vos impressions et commentaires, le voile se lève un peu, laissant supposer une finesse du trait et du choix des matières : ce que semble confirmer Mathilde. Comme la qualité d'exécution de ses travaux précédents ne fait aucun doute à mes yeux, je deviens impatient de les connaitre.
L'idée de "Per fumare" me séduit grandement (X111 heure), ainsi que celle de fruits crépitants sur la langue (heure folle)et de floral boisé de grande finesse (heure mystérieuse). Ils arrivent en Novembre chez nous, c'est donc très bientôt. Merci en tout cas pour cet avis parmi les premiers clients de cette collection, mais si je suis séduit, je vais devoir aller vendre un rein (rrrr)!

Thierry Blondeau a dit…

Ah, j'oubliais, l'accord "Gin tonic" bien travaillé, c'est du jamais vu et j'avoue que là, je salive (heure brillante). Une question pour celles qui ont déjà un flacon : Etait ce un vrai coup de coeur ? Vous ne regrettez pas votre achat j'espère ? Lequel vous semble t il être le plus créatif, le plus étonnant, le plus nouveau dans ses notes et pourrait être sur mon étagère ?

Mademoiz'aile a dit…

Bonjour,

Il ne m'a jamais été difficile de trouver mon parfum puisque ce sont eux qui sont venus à moi.

Issue d'un milieu ouvrier, le parfum était une chose peu courante à la maison. Ma mère avait Eau de Rochas mais elle en mettait rarement. Mes premiers "parfums" ont été Mandarine d'Yves Rocher et Eau Jeune senteurs fraîches. (tiens, tiens, une dominante de Mandarine)
Puis un jour une amie m'a fait sentir un échantillon de Quelques fleurs l'Original d'Oubigant et là ce fut le choc olfactique.
Je me jurai de ne plus me mettre de parfum tant que je n'aurai pas les moyens de m'acheter un flacon.
Ce fut fait au bout de plus d'une année et quel bonheur.

Je suis restée fidèle à ce parfum très longtemps excepté pendant ma grossesse. Toutefois, il devenait de plus en plus difficile à trouver, ma source d'alimentation s'était tarie, lorsque qu'un jour j'ai laissé au pied de mon lit l'échantillon d'un parfum qui ne m'avait pas emballé sur le moment. Et au fil des heures, je me surprenais à y revenir. J'ai fini par l'adopter : il s'agissait de For Her de Narciso Rodriguez.
J'ai même écrit à l'un de ses créateurs, Francis Kurkdjian, pour lui raconter que ce parfum m'avait fait passé dans le monde des femmes.
Depuis Quelques fleurs, j'aime porter des parfums peu courants or cela me faisait bizarre de "me" sentir dans la rue sur d'autres femmes.
J'étais donc à la recherche d'un autre parfum lorsque j'ai lu votre article sur Aqua Universalis de Kurkdjian. Je suis donc allé le sentir. Là, ce ne fut pas le coup de foudre mais la révélation tranquille. C'st au bout de quelques jours que j'ai été convaincue qu'il serait mon prochain "compagnon" de peau.
J'aime ce parfum discret qui me surprend régulièrement. Je sens parfois des hespérides et puis plus tard, des fleurs blanches.
Il semble si volatile, si léger mais petit à petit il imprègne mon univers.

En conclusion j'ai l'impression de tourner autour des parfums de fleurs et des hespérides.
For her fut ma seule incartade dans le monde du musc.

Par ailleurs, j'ai du mal à changer régulièrement de parfum comme vous pouvez le faire. Même si j'adore en découvrir de nouveaux.

Thierry Blondeau a dit…

Bonjour Mademoiz'aile. Vous semblez en tout cas être une adepte de Francis Kurkdjian et je comprends très bien ce que vous voulez dire sur Aqua Univesalis. Il est conçu comme un tout, qui vous enveloppe petit à petit, partout.
Je regrette de ne pas avoir connu Quelques fleurs.

Sachez aussi qu'il semblerait que j'ai plus de mal à changer de parfums souvent au fil du temps, d'où cet article sur un retour à ceux qui sont pour moi des valeurs sûres, avec une trame qui revient. Mais c'est une passion addictive, j'aime en découvrir essayer des pistes et surtout depuis ce blog, j'aime aussi partager cette passion. Merci pour votre témoignage.

isabelle a dit…

bonjour Méchant Loup

oh oui, c'est difficile, mais je ne perds pas ma peine car en flânant de blog en site, je crois que le Graal sera bientôt à ma portée !

Le "sent-bon", ce n'est pas pour moi. Depuis toujours, je suis en quête de ce qui me définit, non seulement aux yeux (et au nez et à la barbe ) d'autrui, mais dans l'image que je me construis de moi-même. Ainsi à 20 ans, je me croyais cérébrale, je me me méfiais du désir, et j'ai jeté mon dévolu sur des parfums poudrés, insistants mais pas lancinants : le "19" de Chanel (que je ne reconnais plus aujourd'hui, alors qu'il m'enivrait autrefois : peut-être mes perceptions ont-elles changé ? ou la formule?), puis "Heure exquise" de Annick Goutal. Folle d'iris, je me voyais en femme-hiver, et j'ai aimé aussi "Fleur d'iris" du maître parfumeur & Gantier J-F Laporte).
De là, amoureuse, je me suis reconnue en "Passion " (Annick Goutal encore), et dans "Demi-Jour" de Houbigant (introuvable maintenant, je l'avais déniché dans une petite parfumerie du 14ème).
Je me rends compte à présent que ces parfums ont illustré, de question en transition, cet échange tiré du Dialogue de l'Arbre de Paul Valéry, qui m'accompagne depuis très longtemps : "Tu n'es donc que métamorphoses ? - A toi de répondre : je te laisse la profondeur".
L'arbre, j'y viens : j'ai été fidèle à "Féminité du Bois", puis à "Bois de Violette", fidèle jusqu'à ce que je succombe à la note de prune de "Parure" (Guerlain). C'était un parfum romanesque. Il a donc disparu, sans prévenir.
Toujours amoureuse, de loin en loin, narines frémissantes, je n'ai même pas essayé de me soustraire à l'attraction de "For her" (Narciso Rodriguez), dont l'actuelle version me semble mijauréifiée.
Désormais, je veux des sortilèges & des frissons ! Orient, vanille, fruits confits, cognac, encens... je me sens sorcière en fourrure, telle cette héroïne de Corto Maltese, Marina Seminova. Alors, je vais goûter Al Oudh, Marron Chic (Nez à Nez), Cuir Améthyste (Armani), Ambre narguilé (Hermès) et la Treizième heure dont j'ai tant entendu parler ici que je me dois de comprendre de quoi il retourne.
Des idées pour la suite de mes explorations ?

Thierry Blondeau a dit…

Qu'ajouter de plus Isabelle, vous avez déjà tout dit ? Pour Marron chic et Al Oudh, foncez tête baissée, vous ne le regretterez vraiment pas. Faites aussi une escale chez l'Occitane, le Labdanum mérite de se faire connaitre.

Anonyme a dit…

Bien difficile, le choix, surtout quand on aime toutes les familles olfactives! Le parfum de mes rêves est toujours celui que je n'ai pas encore! Bien malin celui qui trouvera un fil conducteur aux parfums que je porte: L'Heure Bleue, Amour de Kenzo, Narcisso Rodriguez For Her, Shalimar, Un jardin après la mousson, L de Lolita Lempicka ainsi que Lolita, Amethyst de Lalique, Insolence de Guerlain, L'eau par Kenzo. Et je rêve d'ajouter à ma collection: Lipstick Rose, Safran troublant, Songes, Wanted, mais aussi Iris poudré, Le parfum de Thérèse, Une fleur de Cassie, Féminité du bois, En passant, Coco Chanel, Perles de Lalique, Cristalle, L'Eau des merveilles, Mimosa pour moi... Bref, j'ai ma liste d'achats planifiée pour les prochaines années lol. Et pour mon homme: c'est Five O'clock au gingembre, et bientôt Musc ravageur!
Muguette

Thierry Blondeau a dit…

Et pourtant, il y a bien un fil conducteur à votre tableau : il n'y a que du beau monde, aujourd'hui et demain ! Non ? Musc ravageur sur un homme, c'est audacieux, mais bien vu !

Unknown a dit…

Bonjour Méchant Loup,

Aaah, la quête DU parfum. Pour moi elle s'apparente à celle du Graal, pleine d'embûches et de fausses pistes ; mais quel plaisir...
Je suis tout à fait d'accord avec vous quand vous parlez de l'adéquation exacte d'un parfum à un moment de la vie. J'ai aimé passionnément certains parfums, mais je ne pourrai plus les porter aujourd'hui car j'ai changé et parce qu'ils sont liés à des souvenirs et à des contextes précis. La mémoire olfactive est très forte et entraîne des associations d'idées qu'il est impossible d'ignorer.
Ma première histoire de parfum fut à l'adolescence, Parfum de peau de Montana. Je le humais longuement sur les publicités des magazines et quand je l'ai enfin eu j'avais le plaisir de ne le sentir sur nulle autre dans ma petite ville.
Quelques années plus tard, ce fut LA cologne avec L'eau de Caron. Elle reste d'ailleurs mon odeur d'été, à jamais passée hélas, car les nouvelles formules ont complètement changé l'odeur. L'Eau d'Hadrien d'Annick Goutal la remplace depuis, mais l'émotion n'a jamais été la même.
Ensuite, ce fut L'ombre dans l'eau de Diptyque. Curieusement, car je n'aime pas les floraux, mais sur moi je ne sentais que les feuilles de cassis.
Et puis, LA révélation : Un Bois Sépia de Serge Lutens. L'impression troublante et enivrante de reconnaître un parfum comme une deuxième peau. Ce fut l'amour exquis. Que je ne peux plus porter aujourd'hui. Je l'ai remplacé par Palais Jamais d'Etro que je hume avec un délice renouvelé chaque hiver, mais je sais que je ne l'aurai jamais dans la peau comme Un Bois Sépia.
Aujourd'hui je dois abandonner Diptyque et pour le remplacer, à ma grande surprise, j'ai retrouvé chez SL un autre parfum qui me plaît : Encens et Lavande. J'hésite encore avec Vétiver extraordinaire chez Frédéric Malle.

Après des années de "reniflages" enthousiastes, je connais mes goûts, à tendance "masculine", même si certains vendeurs - comme chez Maître Parfumeur et Gantier - s'obstinent à me proposer des floraux féminins ! J'ai exploré la plupart des parfumeurs de la capitale, délaissant sans gêne aucune les grandes parfumeries. J'ai eu la chance de ne jamais reconnaître mon parfum sur quelqu'un d'autre : j'aurais l'impression d'une incursion dans ma peau, mon intimité !
J'attends avec impatience le printemps pour acheter mon nouveau parfum. Cinq mois pour me décider entre SL et FM...

Anonyme a dit…

Méchant Loup, vous imaginiez Musc Ravageur plutôt sur une femme? Ça m'étonne que vous trouviez ce choix audacieux pour un homme! Il y a d'autres parfums que j'aime beaucoup portés par mon chéri qui me semblent plus décalés: Elixir des merveilles de Hermès (la version plus intense), je pense qu'il ne le portera jamais (le flacon est bien trop féminin), mais le test sur peau était vraiment surprenant. Ambre sultan de Lutens, celui-là on l'adore pour ces notes qui nous évoquent l'odeur caractéristique des lutheries, vous connaissez? Sinon allez laisser traîner votre nez à la Rue de Rome! L'eau d'Orange verte va très bien aussi, ainsi que les jardins (ce qui est déjà moins surprenant), par contre sans avoir jamais essayé, j'imagine très bien Perles de Lalique sur un homme, ou même Habanita, mais faut voir ce que ça donne!
Muguette

Thierry Blondeau a dit…

Muguette,oui j'imaginais plutot Musc Ravageur sur une femme parce que je l'associe à celles que j'ai croisées qui le portaient avec beaucoup de féminité (souvent du coté du Bon Marché), mais ce n'est pas parce que je trouve ce choix audacieux pour un homme que je désapprouve, bien au contraire : du cuir, de l'ambre et du musc, sur un homme, c'est plutôt pas mal en général. Vous savez qu'il est difficile de "sexuer" certains parfums, et ceux que vous citez en sont de parfaits exemples : il est par contre dommage parfois que le flacon, lui, soit connoté !

Thierry Blondeau a dit…

Hélène, vous semblez effectivement préférer des parfums doux et chaleureux que sont les boisés doux, mais pas les ambrés ni floraux. Connaissez vous Bois Farine ? Bois Sepia et Encens et Lavande sont de petites merveilles, et j'aime aussi beaucoup l'Eau d'Hadrien. Hélas, je ne connais pas l'Eau de Caron. Pour faire votre choix, un petit conseil : se vider la tête, fermer les yeux et rester sur celui que l'on a aimé dès le premier "pshitt" : Vétiver ou Encens et Lavande ? Lequel est le plus "vous" ?

zab63 a dit…

Isabelle, vous voulez des sortilèges? Vous vous sentez sorcière? Pourquoi ne pas (ré)essayer "Youth Dew" (celui des années cinquante)? Il est très "pain d'épices", plus "brut" qu'Opium et très concentré.Il est souvent jugé écoeurant, mais... il suffit de doser!

Unknown a dit…

Quant à moi malheureusement j'ai été chavirée par Blonde de Versace, malheureusement à présent épuisé... J'utilise à présent Fracas ou Carnal Flower et je dois dire que bien que j'essaie désespérément de changer de notes, je me sens nue si je n'ai pas cette odeur puissante sur moi... ce qui est assez gênant dans la mesure où ce type de parfum très puissant me donne une personnalité très forte... et ne permet pas beaucoup de variations... Très adictif en fait...

Isabelle

isabellurette a dit…

Eh non ! raté ! J'ai tenté l'expérience "Youth Dew", et le hasard a voulu qu'une femme très différente de moi (carnation orientale, cheveux très bruns, oeil noir, la cinquantaine) l'essayait en même temps. La démonstratrice s'est amusée à nous faire tester ce parfum sur peau, et c'était véritablement incroyable : rien à voir ! La démonstratrice a semblé enthousiaste et très sûre d'elle pour l'effet produit sur l'autre cliente - et consternée par le résultat sur moi. Elle a dit ceci : "Votre peau mange les fleurs" (je n'invente pas ! cette dame était asiatique, et je me suis demandé si cette expression était courante là-bas). C'était positivement une horreur sur moi. Comme quoi, qu'on le veuille ou non, les théories anciennes de "parfum de brune "ou "de blonde" sont quelquefois vérifiables. D'autant que je suis châtain, avec des taches de rousseur (merci maman) et la peau très claire. Du coup, je me suis consolée avec "Vol de Nuit", qu'il me tardait d'apprivoiser... et c'est lui qui me conquiert, comme une évidence. Je crois que j'aurai beaucoup de difficulté, décidément, à sortir de la Maison Guerlain...

Kristal a dit…

Pour moi c'est toujours Samsara de Guerlain, meme si la nouvelle formulation est un peu decevante... :))

Anonyme a dit…

moi aussi, j'ai toujour eu une préférence pour les notes chaudes, vanillées-ambrées épicées, j'ai longtemps aimé Hypnotic Poison de Dior plus que tout autre, maintenant j'ai découvert aussi SDC de Guerlain et je suis d'accord, c'est juste sublime, il fusionne sur la peau, la sublime, c'est un nuage, un cocon de douceur, masi plus subtile que ce que peut donner par ex Kenzo Amour, plus raffiné, racé, il serait soie alors que kenzo m'évoque plus du cachemire... mais je pense qu'à part HP, et SDV aucun parfum ne se fonde à tel point sur ma peau, et à ma personnalité. C'est en effet très difficile, parfois on crois avoir trouvé LE parfum, mais ensuite quelque chose cloche, on s'en lasse; j'adore aussi kenzo amour ou Cerruti 1881 mais ça reste des parenthèses, des passades.
Hermyone