dimanche 1 avril 2012

Le nouveau visage de deux figures : le sportswear.

En cette année 2012, deux parfums masculins ayant rencontré un certain succès sur le marché depuis leur lancement effectuent un virage à 360° de la direction olfactive de leur forme originelle. L'un, au départ très vif et frais, fusant même, développe son coté cocoon et doux en accentuant une facette ambrée vanillée assez proche de la peau, l'autre, ambré, gourmand, chaud et enveloppant à la base, choisit de partir sur le territoire de la fraîcheur.

Deux parfums différents, deux figures emblématiques de la parfumerie masculine à succès, qui se tournent vers leur opposé au même moment, je trouve cela intéressant, comme s'il n'y avait pas de hasard pour trouver le ton juste au bon moment.

Le premier, c'est Allure Homme Sport, né en 2004 soit 5 années après Allure Homme sur l'idée d'en faire une interprétation plus sportive, plus vive et plus "orangée" d'Allure Homme, qui choisit en 2012 de renforcer sa concentration par une version extrême.

Le second, c'est A-Men, né en 1996, et qui, 16 ans après ce lancement et après plusieurs tentatives relativement infructueuses, trouve enfin une voie équilibrée et crédible sur le territoire de la fraîcheur, avec A-Men Pure Shot.

Pour Allure Homme Sport Extrême, Jacques Polge s'est appliqué à arrondir les angles un peu trop vifs que l'on pouvait reprocher à Allure Homme Sport. En effet, ce dernier, avec des notes parfois agressives et percutantes, pouvait parfois déplaire car, même s'il était fortement signé, il "criait" un peu trop. Ce qui change dans la version extrême, c'est la maturité atteinte par l'accord de départ.

Déjà présente dans le "basique", l'accord ambré vanillé est ici sublimé, développant une facette miellée beaucoup plus douce et très à fleur de peau. La facette "cuir" de l'original est également renforcée (sans doute par un ajout de sudéral), donnant vraiment l'impression d'un cuir pleine fleur, épais et de qualité. Allure Homme Sport Extrême est beaucoup plus "à fleur de peau" qu'Allure Homme Sport, mais aussi qu'Allure, car il réussit à gommer les défauts que pouvaient avoir l'un et l'autre à savoir une dose de Dihydromyrcenol un peu trop envahissante. Oui, il s'agit d'un parfum commercial, efficace et facile à vivre, mais comme il réunit le meilleur de deux versions qui ont fait leur preuve, il est difficile de lui reprocher cette orientation.

Pour A Men Pure Shot, l'idée était de s'aventurer sur le territoire de la pureté et de la fraîcheur en partant d'un accord café-chocolat plutôt gourmand et rond de A-Men. Je dois avouer que pour une fois, ce qui n'était pas le cas avec Ice-Men et A-Men Summer Flash, le résultat n'est pas dissonant et ne tombe pas dans la vulgarité d'un accord "qui sent le poil" dans lequel se vautraient les deux autres. Là, la justesse de l'accord semble avoir été trouvée en allant regarder du coté de Play de Givenchy, car la rhubarbe apporte ce qu'il faut de lumière aux cotés de l'orange, du basilic et de la menthe pour rafraichir l'artillerie de notes gourmandes comme le café, le chocolat, le caramel, les bois blonds et le cèdre. Un accord muscs blancs - salicylates arrondit le tout ans en faire trop dans le "facile". La trame aromatique lavandée de A-Men demeure, et l'on à l'impression qu'il reprend quelques traits du défunt B-Men, mais l'évolution sur peau est très maitrisée, presque "solaire" et il est alors possible d'envisager de porter A-Men Pure Shot même par temps chaud, sans envahir, tout en douceur et ça, c'est vraiment nouveau.

Les flacons, très cohérents avec leur contenus, accentuent ces directions opposées, l'un choisissant d'assombrir sa teinte comme pour dire "je suis plus intense que celui d'à coté", l'autre de se parer d'un blanc "céramique" faisant écho à l'univers épuré et technologique d'un Apple Store ou des voitures électriques dernier cri par exemple.

Masculins, il ont tous deux en commun de réussir à renforcer l'aspect sensuels de leur ainé, et si le parfum n'est plus du luxe aujourd'hui, ces deux là l'envoie dans l'univers du sportswear urbain avec une longueur d'avance sur ceux qui n'en sont encore qu'à sortir leur variante "sport" pour l'un, et avec le recul qu'il fallait pour qu'il trouve enfin son pendant "frais" pour l'autre.

Illustrations : David Beckham Sportswear 2011, Chanel, Thierry Mugler.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello,

Jolie interprétation, subtile et nuancée, mais j'avoue que je n'aime pas vraiment les " variations sur le même thème " qu'on appelle flankers. J'ai senti la version extrême, je ne l'ai pas trouvée à mon gôut, lui préférant la version initiale ou la version sport classique. Je suis très Chanel pour certains produits ( make-up ), moins pour les parfums de manière générale. L'Eau Première me plaît mais elle me semble mièvre malgré tout. Je l'ai porté récemment, j'ai décidé de l'acheter de nouveau un jour.
Le sportswear finit par être agaçant parce qu'il est absolument partout dans les parfumeries ( Dior, Lacoste, Chanel, YSL, Guerlain etc.. ). Finalement, à force de sentir tout et n'importe quoi je reviens naturellement vers Pour un Homme ou Eau Sauvage, Grey Flannel aussi. Lasse de sentir toujours les mêmes odeurs ? Sûrement. En tant que femme, j'ai la chance d'échapper à ce phénomène puisque les eaux tendres, fraîches etc... ne me plaisent quasiment jamais. Sauf Estée Lauder, qui à mon avis, avait sorti un parfum très agréable et stylé l'année dernière " Bronze Goddess ". Il y a une nouvelle version pour 2012 mais je ne l'ai pas sentie. Par contre, j'ai senti la dernière Aqua Allegoria et aucun coup de foudre hélas, elle ne m'a pas convaincue.

Thierry Blondeau a dit…

Pour ma part, je me suis fais une raison, cer même si à priori, je ne suis pa pour les flankers, je suis pour la diversité et le choix. L'avantage de ceux-ci est de proposer une variante d'un parfum en accentuant une facette, une matière, qui peut changer la forme globale de l'original, avec parfois, un résultat plus intéressant. C'est le cas pour Idylle, Very Irresistible, et Allure Homme Sport, dont je préfère les dérivés. En effet, contrairement à ce que l'on aurait pu penser, 2012 n'est pas une année plus surprenante que les autres dans les lancements, mais je remarque quand même une tendance à l'amérlioration continue des accords, avec une volonté d'aller au plus juste de l'idée, de ce qui est portable. Certes, c'est dans un but de plaire, mais c'est aussi accepter de faire toujours mieux.

Dominique a dit…

Hello,
Oui bien sûr votre point de vue se défend, toutes ces variations sur le même thème peuvent parfois donner un résultat auquel on ne s'attendait pas forcément et dans le bon sens du terme. Je suis fâchée avec la parfumerie mainsteam depuis un moment, les flankers sont usants d'autant qu'ils obligent explicitement et implicitement à porter du pure/sport/nude à une saison codifiée. Je n'ai jamais tenu compte de la saison pour me parfumer, sauf allergies et soucis ORL, invariablement je porte un parfum le jour et un autre la nuit. J'irai sentir à nouveau cette version extrême, peut être qu'une 2ème lecture me fera changer d'avis ?

soph a dit…

thierry, complètement hors sujet, mais peux tu checker tes mails stp? bises,
Sophie.

Thierry Blondeau a dit…

Oups, NF Sophie !