jeudi 23 juillet 2009

Comme des Garçons - Stephen Jones Millinery 2008 : miroir vers le futur.

Ceux qui lisent auparfum le savent : après avoir redécouvert et porté Derby ces derniers temps, c'est l'oeillet qui m'attire en ce moment, et je ne suis pas le seul. Il semble qu'il soit dans l'air du temps puisqu'il habille également le sillage de FlowerbyKenzo, qui semble faire le buzz et un come-back en force grâce à l'interprétation Essentielle de l'originale. Il faut bien reconnaître que les coups de coeur se font rares ces derniers temps, surtout en parfumerie "mainstream". Du coté des niches, ce n'est globalement pas la joie non plus, mais il arrive qu'au détour d'un rayon, une petite merveille pointe son nez. Je l'ai découvert et souhaitais en parler depuis février, l'article était ébauché mais de fil en aiguille, le temps passe. Le voici donc aujourd'hui, très cohérent du coup sous cette vague d'oeillet bien agréable.

Je n'ai jamais vraiment été emballé par les créations de Comme des Garçons dans leur ensemble, car même si elles s'aventurent sur des territoires qui me plaisent, leur traitement est souvent trop dur à mon goût. Mais il ne faut jamais dire jamais car là, c'est une bonne surprise.

Louise Brooks des temps modernes, enfilez vos Jimmy Shoo, choppez vos perles de nacre, attrapez une petite robe noire au passage, et courrez chez Comme des Garçons ! Celui là, il vous le faut ! Bien sûr, vous aurez pris soin de mettre un chapeau ! Ce parfum va droit au but. Nous sommes au beau milieu de l'atelier de l'artiste chapelier en question : Stephen Jones. Tissus précieux, miroir, laque, colle, poudre et maquillage défilent devant vos yeux.

Ce parfum mystérieux s'appelle Millinery. Il est construit sur un accord où l'oeillet (violette, rose, clou de girofle) tient la vedette. Avec ce petit air rétro, l'on repense à Belodgia ou à l'Air du Temps en vintage. Surgit ensuite un joyeux désordre de toutes les senteurs que l'on peut trouver sur la coiffeuse d'une Louise Brook des temps modernes en puissance. Une pointe de poudre d'iris par ci, un soupçon de rouge à lèvres (rose violette) par là, mais si Antoine Maisondieu s'était arrêté là, le parfum serait sans surprise. Et c'est alors, que par la magie des notes et des effets, l'accord d'aldéhydes, de la rose et des muscs blancs vient renverser tout cet ensemble pour "twister" et soulever les notes dans une dimension futuriste. L'effet métallique fait penser à un nuage de laque, comme si l'Air du temps ou Belodgia se regardaient dans un miroir pour se projeter en l'air vers le futur. Le cumin, le vétiver et sans doute un peu de mousse d'arbre plus transparente que la mousse de chêne signent la peau d'une féminité aguicheuse, pointue, presque moite.

Un tour de force, un coup de maître, comme un regard vers le passé projeté dans le futur. Par ces jours très humides, il semble se fondre à merveille à l'air ambiant. A connaître absolument.

2 commentaires:

Anatole Lebreton a dit…

Sans doute est-ce parce que je ne suis jamais entré dans un atelier d'artiste chapelier... D'abord ce parfum m'a laissé au bord de la nausée, mêlé d'une étrange envie de "reviens-y". La note œillet métallique est bien là, j'imagine l'acier et quelque chose d'éminemment sexuel, un genre de sécrétions magnifique qui sèche. Pour moi ce serait l'odeur de la ville futuriste du film Blade Runner, moite et sensuelle, hétéroclite. Ca sent le moteur de fusée. Un parfum d'androïde. Vraiment très très étrange.

Thierry Blondeau a dit…

Je suis bien d'accord avec ce que vous dites. Il y a bien quelques chose de sexuel (sans doute la moiteur des mousses d'arbre)et un contraste pulsion-répulsion, passé-futur. Androide, étrange, mais très stylisé. Un parfum pointu.