samedi 6 février 2010

Méchant Loup - L'Artisan Parfumeur 1997 : loup y es-tu ?

Trop bref, trop succinct, le premier article consacré à Méchant Loup lors de l'ouverture d'Olfactorum fait bien pâle figure à coté de ce que j'ai envie de dire sur ce parfum. Outre le fait qu'il m'accompagne beaucoup plus souvent maintenant, la description et les évocations manquaient cruellement de richesse. Méchant Loup est sans doute un peu de cela, un parfum riche et assez complexe qu'il en est presque insaisissable, comme si les notes se suivaient dans un ensemble très cohérent qu'il serait presqu' impossible de décrypter de manière très précise sans s'y attarder assez longtemps.

L'accroche qui m'a fait aimer ce parfum est la noisette et la sensation très forte de marcher sur un chemin de feuille mouillées l'automne en forêt. C'est une étrange sensation de penser que l'anis, la réglisse la cannelle et un peu de vanille sentent finalement, ensembles, la noisette ! Première émotion, première image et le loup n'est déjà pas loin. Levez la tête ensuite et c'est un paysage boisé qui s'offre. Les arbres livrent leurs fruits charnus, les notes boisées de leurs troncs, le piquant épicé de leurs feuilles, la terre humide de leur racines et la chaleur baumée de leur sève. Méchant Loup sent donc le sous-bois, grâce à un cocktail savamment dosé de patchouli, de cèdre blanc, de santal et de bois de gaïac, d'épices bien présentes comme la cannelle, et par l'apport par petites touches de myrrhe, d'iris et d'une fine note de rose moussue. L'ajout d'une note "poire", de muscs blancs modernes et d'un accord de lavande et de géranium assez classique fait glisser Méchant Loup sur le territoire des fruits des bois bien mûrs, comme la pomme, la poire et la mûre, et le rend presque ambigu : accord fougère bien masculin mais douceur et féminité des fruits et des muscs ! Qui peut le porter ? Qui est-il ? Tapi dans l'ombre, derrière ce paysage boisé, le loup dévoile enfin son visage : quelques notes animales en filigrane, un peu de cuir, il se faufile et ondule entre les arbres.

Thierry, un ami, disait sur auparfum que Jicky lui était consubstantiel. J'aime beaucoup cet adjectif, pour moi, c'est sans conteste Méchant Loup, et parfois Héritage. Pourquoi ? Pour toutes ces évocations, ces images, et l'idée, parfaitement traduite, déjà en 1997, par Bertrand Duchaufour, qui fait corps avec les couleurs, les matières et les odeurs que j'aime. En outre, le subconscient l'emporte souvent dans l'appréciation d'un parfum personnel. Certaines femmes m'ont parfois demandé s'il pouvait leur convenir. J'ai du mal à répondre, car je l'aime comme un parfum d'homme et surtout comme "mon" parfum, mais pourquoi pas, sans doute même, si vous l'imaginez dans le contexte onirique de l'illustration et si vous aimez sa douceur. D'autres parfois, m'ont demandé ce que je portais. Par pudeur, je dévoilais son nom à mi-mots, mais il semblait bien qu'il charmait, l'air de rien.

Voilà, l'article fut moins bref, et j'espère peut être vous donner l'envie de le découvrir, même si je ne tiens pas trop à le retrouver sur tout le monde. Alors, et vous : loup y es-tu ?

Illustration : inconnue, mais envoutée par Méchant Loup ?

33 commentaires:

zab63 a dit…

Ah, voilà une description olfactive qui me ravit, surtout après avoir lu ce matin le commentaire lapidaire de L.Turin...J'ai senti Méchant Loup une seule fois il y a plusieurs années: j'ai un souvenir positif d'un boisé-noisette, en effet. C'est étrange, votre description me fait penser à ce que je ressens quand je porte le nouveau "Femme" (reformulation très réussie, je trouve): j'ai l'impression de me ballader en forêt tout en sachant qu'un goûter d'automne m'attend à la maison (un goûter "sain" avec des poires, des pommes, de la compote épicée et de grosses tranches de pain aux céréales)!

Thierry Blondeau a dit…

Et oui, vous avez raison, il y a bien un peu de ce goûter d'automne dans Méchant Loup.
Je me souviens d'une discussion avec Pamela Roberts, qui me disait que ML était un parfum d'un équilibre fragile : votre peau l'aime ou le rejette, et l'effet est assez immédiat. Peut être que Lucas Turin ne peut l'apprivoiser ?
Pourtant, c'est parce qu'il est contrasté et chaque fois un peu différent que j'aime ce parfum, et ce depuis ses débuts.

Anonyme a dit…

Bon Luca Turin c'est pas la bible, non plus! Ça reste de la critique, forcément subjective. La qualité des matières premières me semble indiscutable, après c'est une question de goût. C'est pas le premier ni le dernier parfum que je ne "ressens" pas comme lui, j'adore Pi par exemple. Et j'aime beaucoup ce Méchant Loup (que vous décrivez si bien!), mais je crois que je vais avoir du mal à le faire porter à mon homme qui a eu cette réaction en le découvrant "mais pourquoi j'aurais envie de sentir la noisette?". J'arriverai peut-être à l'amener sur cette lisière, pourquoi pas en coiffant un chaperon rouge!
ClochettedeMuguet

Thierry Blondeau a dit…

Clochette, rassurez votre homme, Méchant Loup, c'est tout de même bien plus le sous bois (arômes que l'on retrouve aussi dans certains bons vins blancs) que le Nutella !

Anonyme a dit…

C'est drôle que vous parliez de Nutella, probablement par association, mais c'est exactement ce que Méchant Loup lui a évoqué! Mais je n'abandonne pas, un test sur peau fera la différence j'an suis sûre!
ClochettedeMuguet

Six' a dit…

Ah oui, le fameux "more like Wet Dog"... j'avoue qu'à part le bon mot à caser, j'ai du mal à voir le pourquoi de cette crucifixion turinienne! (ou "turinoise" simplement? ;))

Uella a dit…

Qu'on soit d'accord ou non avec ses critiques, Luca Turin a le merite de ne pas faire dans le mielleux contrairement a un peu tout le monde. Quand il aime pas il aime pas et moi j'aime ca. Les coups de coeur pour des parfums pas si terribles que ca et la mentalite prout-prout-tralala qui va souvent de paire on s'en lasse aussi, non?

Six, votre avatar c'est Vega? J'ai recu un decant de ce parfum de la boutique Guerlain Las Vegas (apparament sur le point d'etre discontinue lui aussi), j'ai deteste, vraiment trop vieillot, surtout en fond.

Thierry Blondeau a dit…

Et le pire dans tout ça, c'est que je suis d'accord avec lui ! Il y a bien un coté "more like wet dog" , mais c'est uniquement par moment, et sur une phase précise du parfum Méchant Loup. C'est pour cela que nous avions évoqué un "équilibre fragile". Je n'aime pas vraiment non plus quand cet aspect ressort, mais c'est à peu près comme les quelques notes un peu "pipi de chat" dans Jicky ou Vol de Nuits, qui se révèlent plus sur certaines peaux.
Non seulement cela varie beaucoup selon les peaux, mais en plus, ce n'est qu'un passage. Ce qui me plait le plus dans Méchant Loup, c'est la noisette et les feuilles mouillées, fondues dans la myrrhe et le cuir "gaiac" au bout de quelques minutes. A ce moment, Méchant Loup devient tout doux, du moins sur moi !

Uella, je suis d'accord avec toi. Même si nous n'avons pas toujours les mêmes goûts et que je n'ai pas trop envie de parler des parfums qui me déplaisent sur mon blog,il est bien d'avoir des avis variés et pas toujours lisses et polis.
Saches cependant que j'en ai fait la malheureuse expérience : du jour au lendemain, il semblerait que vous deveniez personna non grata chez certains parce que vous avez exprimé un avis personnel à un instant T, sans vraiment avoir la possibilité de nuancer ensuite! Life is so stupid sometimes! Et puis, quand même, il faut bien reconnaitre que nous sommes tous un peu en attente du jugement de Lucas Turin, pour mieux forger notre propre opinion.

Six' a dit…

ML,

Ca m'étonne, ce que tu dis là... je comprends que quelqu'un qui a un parfum-signature auquel il s'identifie fortement puisse mal prendre une critique envers ce parfum, mais en tout cas au niveau des blogs, on est forcément des polygames dans l'âme, et j'aurais cru qu'un avis dissonant / une critique ne causerait pas ce genre de froissements...?

Thierry Blondeau a dit…

Bien que, je le répète, je ne tiens à parler ici que de parfums qui m'intéressent par un aspect ou un autre, mais il semblerait que parfois, une réputation, une casserole vous colle aux baskets parce que, en blogueur polygame et forcement parfois critique, vous n'allez pas toujours dans le sens du vent !
Vous l'apprenez par hasard, mais je ne m'y attendais pas ! Admettons que c'est aussi un risque, mais certaines marques acceptent mal ces règles du jeux, alors que d'autres ne vous en veulent pas! Bien entendu, je ne peux citer de noms, et revenons quand même à notre parfum Méchant Loup.

Six' a dit…

Ah-a! Tu parlais de marques et pas de bloggeurs... tout s'explique! Là, bien entendu, c'est compréhensible.

D'accord, maintenant que mon euro est tombé, poursuivons... :)

(et tu me donnes bien envie de le ressentir, ce Méchant Loup, qui m'avait fait bien belle impression... la liste s'allonge!)

Thierry a dit…

Méchant Loup, tu as de la chance toi au moins de pouvoir adopter ce pseudo.
Je ne pourrais pas, quant à moi, faire de même avec Jicky : le nom est déjà pris par une petite boule de poils aux extrémités griffues dont nous connaissons la maîtresse qui lui passe tous ses caprices, sauf peut-être quand elle casse un flacon vintage...
Quand j'ai acheté Fleur de Narcisse la charmante vendeuse m'a couvert d'échantillons : je lui ai bien sûr demandé Méchant Loup que j'ai essayé hier ; il faudra que je retente l'expérience...

Thierry Blondeau a dit…

Et bien figures toi que je suis un Méchant Loup sans poil (sur la tête)! C'est peut être pour ça qu'il ne fait pas trop chien mouillé sur moi ? Allez savoir.
Pour renouveler l'expérience,je t'y invite volontiers, mais cela fera peut peut être comme pour moi quand tu me fais découvrir de magnifiques parfums que je ne pourrais pas porter parce que leur "personnalité" est tout simplement éloignée de mon être.
Je les apprécie donc pour ce qu'ils sont !

Uella a dit…

Mechant Loup, lorsque les bloggers francophones se sont tous retrouves autour d'une coupe de Champagne avec Sylvaine Delacourte en repartant avec des cadeaux Guerlain pour ensuite raconter sur la blogosphere qu'elle est tres bien comme directrice artistique chez Guerlain, forcement ca decrebilise tout.

Luca Turin est libre, ca plait pas a tout le monde, on vous en veut, on vous prend pas au serieux, faut assumer (Daniel Cohn Bendit vient de parler de ca justement dans un special qui lui a ete consacre).

D'apres la rumeur Turin avait convoite le poste de directeur artistique chez Guerlain et chez Caron mais c'est reste sans lendemain.
C'est dommmage que Luca Turin ait cesse de critiquer les parfums, j'aurais aime savoir ce qu'il a pense de certaines nouveautes comme Idylle. Encore une rumeur mais il parait qu'il a ete decu par les les Heures de Parfum de Cartier d'autant plus qu'il a toujours apprecie le travail de Mathilde Laurent, j'aurais aime vraiment savoir.

Thierry Blondeau a dit…

Ceci n'engage que ta pensée, tout le monde la connait et la respecte !
Saches qu'une invitation chez Guerlain, Firmenich et toute autre marque se refuse difficilement quand on est passionné, et tout le monde a pu exprimer son ressenti, sans animosité, calmement.
Je te rappelle que tous, nous ne sommes pas toujours d'accord avec Guerlain, et Sylvaine le sait et le respecte aussi.
Par contre, j'ai du raté un épisode s'il y avait de gros cadeaux et du champagne, ce sont sans doute encore des rumeurs ?
Concernant le fait que Lucas Turin ait arrêté, oui c'est dommage, je le regrette.

Thierry Blondeau a dit…

Ce qui est étrange en revanche, c'est d'apprendre que certaines marques ne prendront jamais la peine de vous inviter ou de présenter leur travail parce qu'elles ont appris que vous aviez osé émettre un avis critique sur un plusieurs de leur parfum, sans s'adresser directement à vous dans une démarche positive. Vous apprenez en "off" que l'on ne vous aime pas trop à cause de cela !
Forcement, tous les blogueurs ne sont pas pros comme les journalistes, à qui l'on offre royalement des tonnes de parfums dont ils se fichent, pour qu'ils casent au moins une mini ligne et une photo. On est même parfois "rien du tout" pour ces marques. Qui est plus crédible ? Mais comme tu dis, il faut assumer, sans doute !

Uella a dit…

Attention, je m'oppose surtout pas au fait que les bloggers acceptent les invitations a condition que ca ne finisse pas en une serie de propos elogieux a l'egard des parfumeurs.
Dans son guide, Luca Turin enumere le nom de certains amis parfumeurs tel Christopher Sheldrake, ce qui ne l'empeche pas de critiquer en bien ou en mal ses creations pour Chanel et Serge Lutens. J'estime que c'est une demarche qui meriterait d'etre imitee, ne penses-tu pas?
L'interview de Grain de Musc consacree a Pierre Guillaume est interessante mais malheureusement a tendance a tourner a la complaisance, non?

Thierry Blondeau a dit…

Uella, Lucas Turin avait choisi le chemin de la critique, positive ou négative sur une très grande palette de parfums. C'est un travail colossal. A moins que cette démarche ne soit un travail à temps plein, elle est difficile à imiter tant il y a de chose à dire, déjà, sur les parfums dont on a envie de parler. En outre, la critique gratuite étant souvent très subjective, et il faut savoir dire pourquoi l'on aime pas, ce qui n'est pas chose facile.

Pour l'article de Denyse, la question serait plutôt la suivante : comment rester impartial et objectif quand on a la chance de rencontrer un parfumeur que l'on aime beaucoup, surtout quand le jeune homme ne manque visiblement pas d'atouts? Forcement, cela peut parraitre un peu complaisant, mais je trouve sa démarche et son approche très professionnelle, subtile et documentée. Surtout, elle réussit à faire partager son enthousiasme ainsi que celui du créateur parce qu'elle trouve les mots justes, et ceci me semble être l'objectif principal, non ?

Anonyme a dit…

Bonjour Méchant Loup,
Je suis étonné de ne voir sur aucun des blogs des "posts" sur les parfums Mona di Orio. Ils ne sont pas très faciles à trouver mais méritent un petit coup de nez, surtout pour les fins connaisseurs et amateurs de belles matières premières. A quand une revue détaillée de sa gamme?
A bientot!
Salutations.
Alexolide

Thierry Blondeau a dit…

Alexolide, cela ne fait pas partie des posts à venir malheureusement pour vous. A chacun ses coups de coeur et pour le moment, Méchant Loup est chez l'Artisan. Il partira explorer d'autres térritoires très bientôt, mais pas de Mona di Orio en vue. Je connais peu ces parfums car ils sont peu distribués, ce qui les rend difficiles à tester et à mémoriser.

De plus, ce qui fait l'intéret d'un blog à mon sens, c'est que le blogueur s'implique personnellement et parle de parfums dont il aime le style, la forme, l'évocation, le concept, l'originalité, le parfumeur, et surtout, s'il en a envie. Peut être que si nous ne parlons pas de MDO, c'est dommage, mais c'est aussi qu'il y a beaucoup de choses à dire par ailleurs, non ?

D'ailleurs, y avait il eu beaucoup de reviews sur le parfum Méchant Loup, il semblerait que non ?

Anonyme a dit…

Je trouve qu'on sent bien quand les critiques positives sont guidées par des raisons "douteuses". Mais c'est vrai que le succès récent et en crescendo des blogs parfums pose des questions et que l'éthique de la critique sur internet en prend un coup au fur-et-à-mesure que les marques en comprennent l'influence. Au moins cette critique a le mérite d'exister, je trouve dommage que parfois les blogueurs en payent les frais, en fait ça devrait carrément être dénoncé ce genre d'attitude de la part des marques concernées, parce-que ça ne fait que commencer. Ça c'est une vraie problématique, il faut réfléchir à un moyen de continuer à s'exprimer librement sans avoir à en payer les frais (il n'y a pas tellement d'autre solution que celle de l'anonymat, mais c'est évidement compliqué). C'est dans l'intérêt des marques aussi! Après tout, j'imagine que la maison que vous évoquez, Méchant Loup, édite aussi des parfums que vous appréciez; vos critiques vis-à-vis des autres ne rendent que plus crédibles vos coups de coeurs pour les premiers! Un exemple concret, la critique positive d'Insolence par AmbreGris est crédibilisée par celle négative de My Insolence! Après, c'est sûr qu'il est difficile de rester impartial, surtout quand on connaît personnellement les créateurs et qu'on sait qu'ils font du mieux qu'ils peuvent avec les contraintes des grandes marques (horribles tests-public) et qu'ils mettent toute leur âme dans les leurs créations "niche".

Concernant GraindeMusc, Denyse ne parle que de ce qu'elle aime, c'est son style, c'est le seul site où ça ne m'a jamais gênée qu'il n'y ait jamais d'attaque aux tirs de mortier. Je comprends que Luca Turin n'ait plus envie de perdre de l'énergie à chercher des formules pertinentes pour expliquer pourquoi 99% des sorties mainstream sont mauvaises, c'est blasant. L'interview de Pierre Guillaume est intéressante, mais malgré ses "atouts", j'ai senti Denyse déjà beaucoup plus passionnée dans ses articles sur Manoumalia, Attrape-coeur, la treizième heure, Songes etc...
Ça mérite un vrai débat, en tout cas...
ClochettedeMuguet

carmencanada /Grain de Musc a dit…

Méchant Loup,
Tout d'abord, tu me donnes envie de découvrir ton parfum éponyme que, comme je te l'ai dit, je n'ai jamais vraiment testé...

Ensuite, puisque je suis directement mise en cause, de manière tout à fait courtoise d'ailleurs...

Premièrement: il y a bien eu, voici quelques mois, un après-midi découverte de matières premières et de Guerlains anciens organisé par Sylvaine Delacourte -- de sa propre initiative et non de celle de Guerlain -- à laquelle elle m'a proposé de convier quelques blogueurs et passionnés de parfums de ma connaissance. Après-midi arrosé de... café et de thé. Dont nous sommes repartis, certes, avec quelques gouttes de certains parfums dans des petits flacons 2 ml. Mais couverts de cadeaux, non. Ce n'était pas Sniffapalooza.


Deuxièmement: si je tire peu à boulets rouges, c'est que je ne dispose pas d'assez de temps pour analyser ce qui ne m'intéresse pas. Je préfère me plonger dans ce qui me passionne.
Cependant, il m'en arrivé d'être plus critique, par exemple à l'égard de Cristalle Eau Verte, alors que j'ai eu l'occasion de rencontrer Jacques Polge à plusieurs reprises.

Troisièmement: à propos de Pierre Guillaume. Une interview, c'est une interview, une critique c'est une critique, on ne mélange pas les genres. C'est justement parce que j'ai parlé à Pierre (comme auparavant à Céline Ellena) que je n'ai pas fait de critique en même temps (par ailleurs, j'aime beaucoup Papyrus de Ciane). Il me semblait, puisque j'avais accès au parfumeur, plus intéressant de le faire parler et le moins qu'on puisse dire, c'est que ni Pierre ni Céline ne sont langue de bois.

Il se trouve que je respecte le travail de Pierre. Ses charmes n'y sont pour rien, j'aime aussi des parfumeurs qui ne feraient pas la une de Vogue Homme. J'aime aussi des parfumeuses auxquelles je ne fais pas les yeux doux, manquerait plus que ça...

Si je rencontre ces parfumeurs, dont j'ai découvert au préalable le travail, c'est justement parce que je les respecte déjà. Je n'ai plus l'âge de me laisser impressionner comme une groupie. Quand on a interviewé les Sex Pistols, les Ramones, les Clash, les B-52s ou Iggy Pop à 15-16 ans, on est blindé à vie.

Il se trouve que la meilleure manière d'apprendre comment un parfumeur a construit un parfum, c'est d'aller le lui demander.
Ma conversation avec Pierre relève de ce désir d'apprendre, d'éclairer le processus de création, et il me semble que cette interview est l'une des plus explicites et transparentes donnée par un parfumeur sur un blog à ce jour.

Les parfumeurs sont une source d'information. Si j'y ai accès, je ne vois pas pourquoi je m'en priverais, ou pourquoi j'en priverais mes lecteurs. Il se trouve que les blogs sont parvenus à une masse critique qui permet justement cette ouverture et ces rencontres, en général avec des parfumeurs qui disposent d'une indépendance créative. Tant mieux: il s'agit d'un dialogue entre passionnés.

Pardon de cette longue intervention, cher ML, je ne voulais pas monopoliser ta colonne de commentaires (voilà qui est pourtant fait), et merci de tes remarques gentilles à mon égard!

Uella a dit…

"Une interview c'est une interview, pas une critique"...

La fameuse interview de Sarah Palin par Katie Couric de CBS Evening News que le monde entier connait n'etait qu'une serie de questions jugees tres "difficiles" qui l'enfoncaient de plus en plus. Ce fut interview cruciale qui a change du jour au lendemain la donne de la campagne, pas pour la destabiliser gratuitement par mechancete mais qui a permi aux americains de comprendre a quel point Palin est conne et incompetante.
Juste un exemple pour dire, une interview qui fait dans la complaisance, va-t-on vraiment au fond des choses? Je ne pense pas.
De meme les interviews de Marie-Helene Wagner de Scented Salamander, d'accord c'est tres bien ecrit mais la encore ca caresse trop dans le sens du poil.

Thierry Blondeau a dit…

Il me semble que le rôle d'une interview est d'abord de permettre à celui qui est interviewer de révéler ce qu'il a à dire ?
En ce sens, en quoi celle d'un blogueur (euse) devrait générer le scandale ou la controverse, surtout si ce n'est pas le propos du blog ? Qu'est ce que cela apporterait ? En outre, il y a bien d'autres forums pour cela, ou je me trompe ?

carmencanada /Grain de Musc a dit…

Et surtout, cher Méchant Loup, chère Uella, on ne parle pas à un artiste comme on parle à un politicien, et je ne connais pas de parfumeur qui mérite qu'on le traite comme un politicien incompétent aux opinions répugnantes et imbéciles. Les enjeux ne sont pas du tout les mêmes, donc la technique d'interview est très différente. Comme le dit ML, parler à un créateur, c'est l'inciter à révéler son processus créatif, pas chercher à le coincer -- et sur quoi, d'ailleurs? Il ne faut pas confondre complaisance et respect, et il vaut mieux réserver ses combats et ses indignations aux causes qui le méritent. Hé, ça n'est que du parfum, pas le sort du monde qui est en jeu...

Uella a dit…

Mechant Loup, moi plus ca va, plus je me lasse des coups de coeur "parfum" sur la blogosphere mais ca ne veut pas dire que je recherche la confrontation gratuite non plus.

carmencanada, hors de question pour moi de mettre sur un piedestal des personnes qui vendent et commercialisent un produit, quel qu'il soit. Un artiste c'est celui qui fait une chapelle Sixtine, un ecrivain a succes ou un parfumeur qui sort son dernier parfum est un artisan. Apres tout rien de pejoratif, Serge Lutens lui-meme refuse le terme d'ariste pour se definir artisan.

J'aime bq les interviews d'Eric Zemmour, certes il genere de la controverse mediatique facile et je suis pas naive, je bien suis consciente que ce genre d'emission fait grimper l'audimat mais il a raison sur un point, il y a des mauvais ecrivains et des mauvais bouquins que les medias cherchent bien trop souvent a aduler parce qu'il y a des interets derriere. Il est clair que l'epoque Droit de Reponse par Michel Polac c'est du passe! Par contre dans bq de domaine, litterature par exemple, l'internet est justement un espace ou l'esprit critique est plus virulent que dans les medias, pourquoi faire une exception avec le monde de la parfumerie?

Thierry Blondeau a dit…

Uella, je conçois bien qu'avoir des coups de coeurs pour des parfums différents et dans des styles très variés puissent créer une certaine confusion, mais n'oublions pas une chose : nous ne sommes pas des pros du journalisme, du markéting, de la littérature et du parfum.
Nous sommes donc changeants et faillibles (du moins en ce qui me concerne), tout en gardant malgré tout en certain esprit critique, car je ne parle pas de parfums sur lesquels je n'ai rien à dire.
Je sais par contre, car tu es exigeante, qu'il ne te plaisent pas forcement tous, c'est évident et ce n'est pas le but non plus.
Par contre, quand il s'agit d'informer ou de dénoncer des décisions scandaleuses et stupides, il me semble que quelques blogueurs se soient retrouvés pour dénoncer cela de manière collégiale.
En outre, pour atteindre un degré critique dont tu parles, il me semble que cette compétence demande un vrai professionnalisme, et dans ce cas, quel serait l'intéret d'un blog, car ce serait du journalisme ?

Mademoiz'aile a dit…

Pour revenir à Méchant Loup j'ai voulu le sentir en pensant à vous. Je fus fort surprise de découvrir un tel parfum qui sort des sentiers battus (si vous permettez ce piètre jeu de mots). J'ai adoré ce choc olfactif.
Je ne l'ai jamais senti sur personne. Je ne l'ai pas testé sur ma peau aussi je ne sais ce qu'il peut donner et notamment cette odeur de chien mouillé qui m'insuporterait.

Pour continuer sur votre discussion : je me tourne depuis peu vers le monde des parfums et je trouve vraiment mon bonheur dans la blogsphère. En effet, les magasines féminins ne prennent pas le temps de détailler comme vous le faites les éléments qui composent le parfum et les sensations que vous éprouvez.

En tout cas depuis que je vous lis, vous et d'autres, j'ai découvert deux très beaux parfums : aqua universalis et Safran troublant et rien que pour ça je vous invite à continuer tous et toutes.

Thierry Blondeau a dit…

Merci à vous, voilà qui fait chaud au coeur !!!
Pour Méchant Loup, je suis très content qu'il vous plaise, et si vous ne l'avez jamais senti sur personne, c'est que nous ne nous sommes jamais croisés ! Attention, ne vous méprenez pas sur la note que mentionne Lucas Turin, car elle n'est pas systématique.
Continuons, et des commentaires comme le votre en donne encore plus envie !

JulienFromDijon a dit…

Bonjour,
Méchant loup fut un des premiers parfums de l'artisan que j'ai découvert et aimé. Il était dans la sacoche découverte 5mlx4 parfums.
La notes anisées, et le personnage indiscernable et charmeur m'avait plu, dans sa composition à la fois boisé, feuille d'arbre, fumé (le grillé du café et de la noisette).

J'ai découvert de plus en plus de parfums, et ai fini par acquérir Méchant loup. Mais ce fut la déception et je ne l'ai jamais porté à nouveau.
J'ai multiplié les essais et pourtant désormais, à chaque fois, ce qui ressort est la note balsamique. Je trouve le parfum terriblement, délicieusement balsamique. Et pour tout dire je sens le vinaigre, au point de pas pouvoir distinguer les autres facettes. La confusion des autres notes ne les aident pas à souder un propos qui vendrait rééquilibrer la composition.

Vous qui aimez et porter "méchant loup", vous le considérer plutôt comme un parfum à sillage, ou un parfum de peau qui reste près de la peau ?
J'avoue que je retrouve le charme du "méchant loup" de mon souvenir sur la peau, mais le parfum s'y délite vite. Et en comparaison aux sillages d'autres parfums, "méchant loup" manque de propos.
Il m'évoque vaguement l'impression de m'être frictionner d'herbes sauvages, comme "eau noire" -que j'aime- peut parfois le faire.
J'admire aussi une impression subliminale que donne la composition, une impression chez moi de "liquide", les herbes donnant comme un côté aquatique, comme si les feuilles de noisetier les fruits et les bois précieux étaient tombé sur l'eau calme d'un étang forestier.

Thierry Blondeau a dit…

Bonjour Julien, votre description de Méchant Loup (le parfum) correspond exactement à la rupture de cet "équilibre fragile" dont me parlait Pamela Roberts, directrice de la création de l'époque.
Sur moi, ce serait plutôt un parfum de peau, comme souvent chez l'Artisan à la fois rond, chaud, aromatique et cuiré, et l'équilibre n'est pas rompu.

Il est en effet dommage de constater qu'un parfum que l'on aime de vous aime pas, mais si je peux vous rassurer, cela m'arrive aussi, et l'Eau Noire en serait un parfait exemple : sur moi, il sent la vanilline et l'ambre, sur mon frère qui le porte, ce sont toutes las facettes (poudré, iris et lavande) qui ressortent.

Ladyofthelaake a dit…

Merci infiniment pour cet article qui m'aura inspiré à la fois l'achat de ce parfum et la rédaction de mon article bloguesque du jour. Merci d'éclairer mon voyage olfactif dans la découverte de ses senteurs...
Si d'aventure une femme vous demande si ce parfum peut être porté par une femme, sans conteste la réponse est oui, mais attention, pas n'importe quelle femme non plus...
En tout cas le voyage est fabuleux. Merci !

Thierry Blondeau a dit…

C'est très gentil et merci d'avoir parlé des Méchants Loups... et si je le portais demain ???