jeudi 3 juin 2010

Interview : Frédéric Malle et Maurice Roucel parlent de Dans tes bras.

Dans tes bras est sans doute le parfum qui m’a le plus ému ces derniers temps. C’est pourquoi l’idée m’est venue de demander aux deux acteurs de sa composition d’en dire quelques mots. Frédéric Malle et Maurice Roucel ont accepté de jouer le jeu. Ils vous en parlent aujourd’hui et je les en remercie grandement.

Comment vous êtes vous rencontrés ? Qu’est ce qui vous a plu dans le fait de travailler ensembles sur ce parfum très intimiste ?

FRÉDÉRIC MALLE : alors consultant à l’époque, je parlais secrètement de mon idée des éditions de parfums et ne souhaitais surtout pas trop ébruiter le projet quand j’en discute à mi-mots avec Pierre Bourdon. C’est dans ce contexte qu’il me suggère d’appeler Maurice Roucel. Celui-ci me propose alors un travail amorcé pour une autre marque, mais refusé. Pourtant, séduit, j’ai comme envie de creuser l’idée de cette proposition. Nous retravaillons très légèrement cette étude qui donnera naissance à Musc Ravageur. Débute alors une collaboration très complice.

MAURICE ROUCEL : après un premier travail sur Musc Ravageur où Frédéric a seulement souhaité ajouter un peu de bergamote à ma première proposition, le projet de Dans tes Bras m’a plu. Comme Frédéric connaît bien le métier du parfum, qu’il est très professionnel et sait là où il veut aller, et comme l’enjeu est vraiment créatif, sans empreinte marketing, je trouve génial de collaborer avec lui, c’est un vrai plaisir.

Comment se passe votre collaboration, comment travaillez- vous ensemble ?

FRÉDÉRIC MALLE : nous posons d’abord les grandes lignes du sujet, je retiens une proposition puis nous travaillons longuement sur l’ajustement, de manière à approcher le plus possible ce que je souhaitais au départ.

Dans tes bras est le parfum qui m’a le plus ému ces derniers temps. Quelle était l’idée de ce parfum, une femme, un homme, un moment ?

FRÉDÉRIC MALLE : l’idée était de recréer le moment où je me retrouve seul avec ma femme dans une sensualité tendre.

MAURICE ROUCEL : avant qu’il n’ait un nom, l’idée était de créer un musc charnel, sensuel, confortable, luxueux, intimiste.

C'est donc un parfum très intimiste, presqu’impudique ?

FRÉDÉRIC MALLE : oui, en effet.

MAURICE ROUCEL : rien à ajouter, c’est évident.

Travailler ensembles, c’est source d’humour, de complicité mais j’imagine aussi que vous parlez beaucoup des femmes, de sensualité, voire même de sexualité ?

FRÉDÉRIC MALLE : oui, bien entendu. Quand j’ai senti la première proposition de Maurice pour Musc Ravageur, j’avais l’impression d’être devant « une fille nue ». Nous avons donc atténué cet effet, mais si peu, pour le rendre plus « portable ». En outre, il faut bien avouer qu’il n’y a pas un grand parfum à succès sans notes à forte connotation sexuelle. Que serait Eau Sauvage sans cumin et sans cuir ? Que serait l’Air du temps sans notes musquées ? Et ne parlons pas de Shalimar ! Bien sûr que cela fait partie de notre langage et des sujets que nous abordons.

MAURICE ROUCEL : je partage entièrement cet avis, pour faire un bon parfum, un vrai, il faut aussi maîtriser les notes un peu « sales » aux tonalités sexuelles, animales. Et comme les matières premières animales sont interdites, le défit aujourd’hui est de trouver les fleurs, plantes ou autres qui présentent ces inflexions. C’est difficile, surtout dans un marché qui veut de plus en plus sentir le propre. Un parfum très musqué comme Dans tes Bras ou même un Femme de Rochas, où le cumin joue un grand rôle, sont un peu des OVNIS aujourd’hui. C’est pourquoi de tels projets sont des occasions de se lâcher un peu et de donner libre cour à un peu de vraie sensualité.

Qu’est ce qui a permis d’approcher d’aussi près l’odeur de peau chaude, de femme, de drap ? Avez-vous découvert une matière miracle ou c’est un jeu de composition ?

FRÉDÉRIC MALLE : nous avons travaillé à 4 mains avec Maurice et sa connaissance des matières nous ont permis d’approcher cet effet. Il en parlera mieux que moi mais je sais que les ionones, les salicylates, et quelques notes florales (violette, angélique) approchent cet effet.

MAURICE ROUCEL : c’est un jeu de composition qui me rappelait un peu ce que voulait faire Helmut Lang pour son premier parfum : l’odeur des draps après une nuit passée avec son ami. J’ai aimé ce travail autour de matières comme la muscenone par exemple, un musc doux et sensuel. Pour recréer l’odeur de la peau, c’est magnifique. Je me suis inspiré de ce premier travail sur une odeur de peau pour Dans tes bras.

Maurice, en effet, je trouve vos parfums en général très «parfums de peau ». Vous appuyez vous sur des études sur les odeurs de peau et si oui, ceci vous est il précieux dans votre travail ?

MAURICE ROUCEL : ces études existent mais elles ne me servent pas. Je préfère travailler de manière plus empirique avec mes clients et trouver la bonne matière pour le bon effet que de jouer à mettre de la phéromone sensée attirer le sexe opposé par exemple. Pour moi, tout est dans le dialogue, la psychologie et le ressenti qui s’installe entre le client et moi. Par exemple, j’apporte les matières qui m’évoquent ce qui est « peau » ou « sexe », le client valide ou non, afin de rester sur la même longueur d’onde. Dans tes bras en est donc un bon exemple.

Y a-t-il du Papyrus, du Narcisse pour créer cet effet dans Dans tes bras ?

MAURICE ROUCEL : non, ni l’un ni l’autre. Mais on pourrait le penser en effet car le narcisse est une des notes les plus sexuelle que je connaisse, c’est assez exceptionnel pour remplacer certains muscs animaux interdits entre autre.

Et le mystérieux cashmeran. Comment décririez vous l’un des principal composant de ce parfum ?

FRÉDÉRIC MALLE : c’est une matière formidable, que nous pouvions nous offrir car elle est assez chère, et un coup de cœur, de Maurice et de moi-même. Très complexe, je laisserai Maurice la décrire mieux que moi.

MAURICE ROUCEL : le Cashmeran est une note boisée complexe, qui présente plein de facettes, sylex, épices, cuir, cire, patchouli. Il agit sur un parfum de la tête au fond, c’est intéressant et fascinant.

Quelles ont été les étapes difficiles à franchir, les difficultés techniques sur ce parfum ?

FRÉDÉRIC MALLE : sur ce projet, j’étais très exigeant et je suis resté intransigeant sur l'idée. J'ai tenu, comme toujours, à maintenir cela coûte que coûte, même si je dois retarder la commercialisation d’un parfum. La phase d’ajustement de Dans tes Bras a été particulièrement longue. En outre, c'est aussi pour cela que mes parfums peuvent mettre des mois à sortir.

MAURICE ROUCEL : comme je le disais plus haut, le projet, sans nom au départ, était de créer un parfum très musqué, très sensuel, confortable, avec une ouverture boisée et en utilisant le cashmeran. Pour la tête du parfum, j’ai choisi de partir sur une note de violette verte et puissante qui agirait comme une ouverture et représenterait les deux bras qui s’ouvrent. Du jasmin sambac, proche de la fleur d’oranger apporte la douceur et la sensualité. Ensuite, l’idée était de jouer sur ces matières pour donner l’envie de se lover dans le parfum. Ce fut un challenge de trouver le bon équilibre entre les muscs, les ionones et les salicylates.

Cette phase d’ajustement est donc plus longue que celle qui consiste à définir le projet ?

FRÉDÉRIC MALLE : c’est très variable. En tout cas, c’est souvent plus difficile avec un parfum floral, où l’on peut tomber facilement dans le caricatural, le shampoing ou le propre, ce que je veux éviter. En outre, quand l’idée est aussi forte que celle de Dans tes bras, il est difficile d’atteindre le but rapidement, c’est pourquoi parfois, oui, cette phase peut être très longue.

Avez-vous le sentiment d’être aller plus loin que ce que vous faites habituellement, de vous sentir débridé ?

FRÉDÉRIC MALLE : non, j’ai pour habitude d’être toujours très exigent et cela prend le temps que cela prend, j’ai le sentiment d’aller jusqu’au bout dans chacun des projets.

MAURICE ROUCEL : bien sûr, il faut être différent, se démarquer, surprendre et c’est libératoire. C’est un bol d’air, une renaissance, un parfum est un bébé. Un parfum comme celui-ci, si on le fait à deux, c’est un superbe cadeau. C’est un peu comme quand je travaillais sur des projets pour Guerlain avec Sylvaine Delacourte. Une complicité s’installe, un échange, une exigence et pas de tabou entre nous. Ceci permet d’aller plus loin.

Dans tes Bras est donc le reflet très fidèle de votre idée de départ, c’est un luxe par rapport à ce qui se passe en général aujourd'hui ?

FRÉDÉRIC MALLE : exactement, mais nous le devons à ceux qui partagent nos parfums. C’est ce qui me plait et qui plait aussi, du moins je crois.

MAURICE ROUCEL : j’aimais l’idée et oui, je suis assez fier du résultat.

De futurs projets ensembles ?

FRÉDÉRIC MALLE : ah ah, je suis superstitieux, en dire peu c’est déjà beaucoup, alors ce sera bouche cousue !

MAURICE ROUCEL : ce serait avec plaisir mais ce n’est pas moi qui décide.

Que pensez- vous des blogs parfum ?

MAURICE ROUCEL : je trouve que cela permet de démystifier le parfum, on parle des parfumeurs, des matières, du langage des parfums, de nos métiers. Le parfum sort de sa bulle et je suis surpris parfois, par les connaissances « parfum » qui s’y diffusent. Certains blogs me semblent passionnés et passionnants, un peu comme s’ils étaient oenophiles et œnologues à la fois.

FRÉDÉRIC MALLE : parfaitement d’accord avec Maurice.

Dans tes bras par Maurice Roucel, un parfum à redécouvrir chez Frédéric Malle. Encore merci !

Site internet : ici.

Illustration : TiGer - Dans tes bras.

16 commentaires:

Clochette a dit…

Oh-lala, merci Méchant Loup! Je préviens, mon post est sous le signe des superlatifs et de l'enthousiasme, et désolée, il est très long...: j'adooOOOooore les créations de Maurice Roucel!!! Sur Osmoz, il y avait un sujet de discussion "quel est votre nez préféré?". Sont cités les admirables Guerlain, Beaux, Roudnitschka, Ellena etc... et je me suis dit, la question n'est pas "quel est le nez que vous admirez le plus?", mais quel est le préféré, et ma réponse est venue comme une évidence: Maurice Roucel! Si je pouvais choisir un nez pour me créer un parfum sur-mesure, ce serait lui, dans mes rêves. Pourquoi? Généreuses, épicuriennes, gourmandes, sensuelles, ses créations le sont, avec toujours une touche originale qui les empêche de tomber dans la facilité. Je porte L de Lolita Lempicka, Insolence de Guerlain (qui pourtant m'a fait pousser les hauts-cris avant de le tester sur peau et de sentir Après l'Ondée qui me l'a fait voir sous un autre jour) et l'instant de Guerlain. Pour moi, Guerlain a fait l'erreur du siècle en ne proposant pas le poste de "nez-maison" à Roucel, son esthétique, c'est tellement Guerlain et ses créations les meilleurs Guerlain depuis une décennie, meilleures que les exclusifs vendus à des prix exorbitants (remarque tant mieux!). Je n'ai malheureusement pas pu sentir "Dans tes Bras" et seulement très rapidement "musc ravagueur" (très séduisant!), lors de mon unique visite chez Frédéric Malle (pas de distribution ici au Portugal), j'avoue avoir été plus spontanément conquise par "Lipstick Rose", "Le parfum de Thérèse" et "Une fleur de Cassie". J'attends avec impatience mon prochain passage à Paris ou Genève pour réparer ça!
Après tous ces compliments à MR, quelques mots à Frédéric Malle: comme je le disais, je n'ai pu sentir les créations que trop vite, mais elles m'ont toutes séduite, ceux que j'ai cités, "Iris Poudre", "En Passant", "Une Rose", "noir epices"... bravo à votre démarche! Je regrette seulement les prix que je trouve trop élevés, je pense qu'il aurait été possible de commercialiser ces parfums dans les 50-60 euro les 50ml, toutefois merci de les commercialiser en 30ml, ça permet de se faire plaisir exceptionnellement. Si je peux me permettre de donner mon avis, à mon avis vous gagneriez au change à les vendre moins chers, en amoureuse du parfum je n'aurais pas hésité à m'offrir plusieurs flacons à 60 euro/50ml de votre collection (au moins 2 parfums sinon 4 parfums feraient déjà partie de ma collection) et je ne pense pas être la seule dans ce cas.
Bonne continuation!

Thierry Blondeau a dit…

Clochette, je suis sur que Maurice sera ravi de lire ce commentaire ! Effectivement, c'est un parfumeur généreux, très sympathique et qui aime la vie. Je rejoins votre avis sur ses créations.
Pour le prix, c'est dommage, mais comme ils n'ont pas vocation à être trop diffusés et surtout lorsque l'on constate que certains jus de fruits infâmes atteignent les 100€, cela demande un effort en effet. Mais si je peux citer mon exemple, quand je porte Vétiver Extraordinaire, je ne le sens pas sur moi, mais c'est le seul parfum pour lequel on m'ait demandé ce que je portais. J'ai également rencontré un jour une lectrice qui se reconnaitra peut être qui portait Dans tes bras et même effet : elle ne le sentais pas alors que je l'avais reconnu. Idem pour Musc Ravageur croisé dans la rue, et il y en aura d'autres j'espère. Le savoir faire et l'exigence, sans doute ?

Naty a dit…

Je suis tombée "Dans tes bras". Merci pour cette entrevue passionnante. Je porte dans tes bras depuis Février et je ne m'en lasse pas. Comme je l'ai déjà dit sur "au parfum" c'était la rencontre de l'année pour moi; collectionneuse de parfums( je cherchais surtout le parfum qui puisse le plus me ressembler) j'ai découvert "dans tes bras" et j'en suis ravie. Il évoque pour moi toute cette tendresse et cet amour qui me lient à mes deux petits gars ( 6 mois demain et 4 ans et demi) et mon mari. Ce parfum est juste un pur bonheur. J'aime également les créations de Maurice Roucel et j'adore entrer dans la boutique de Fréderic Malle, rue de Grenelle, le vendeur est sympatique et de bon conseil.(Je suis comme une gamine, toute excitée à l'idée de sentir et découvrir les parfums) J'ai récemment craquée aussi pour le Parfum de Thérèse pour les beaux jours mais dans tes bras reste mon chouchou!
Merci Méchant Loup pour tous ces articles que vous écrivez, j'adore aller me balader sur votre site et j'attends toujours avec impatience vos découvertes, bonne continuation.

Thierry Blondeau a dit…

Je suis sur qu'en portant ce parfum, vous laissez dans la mémoire des 3 hommes de votre vie un souvenir qui les marque et leur procure aussi un petit bonheur quotidien.
Merci Naty pour vos encouragements. Il y a encore aujourd'hui de belles surprises à découvrir ou redécouvrir, et j'essaie de vous le faire partager.

Anonyme a dit…

Merci pour cet article Méchant Loup! C'est passionnant de partir à la découverte de l'univers de ces créateurs de parfums. Je ne connais pas Dans Tes Bras mais vous m'avez donné l'envie d'aller le découvrir d'autant que j'ai fait des recherches et constaté que j'aimais d'autres parfums de Maurice Roucel (notamment Tocade de Rochas que j'ai porté adolescente et L de Lolita Lempicka). Je connais aussi une personne dans mon entourage qui porte le Musc Ravageur, ça lui va très très bien. Amitiés, Isabelle

soph a dit…

merci pr cette interview très intéressante méchant loup!

je crois également que frédéric malle est la maison actuelle que je préfère, (bon après guerlain pour tout son superbe patrimoine olfactif).

DE très belles créations, quelque soit le genre, une belle éthique.... et j'aime aussi beaucoup maurice roucel, qui n'a pas son pareil pour composer dess parfums sensuels, qui vous interpellent. Je trouve également qu'il est actuellement le parfumeur qui aurait le mieux convenu à la succession de JP guerlain, son style est celui qui est le plus cohérent avec cette maison

soph

Thierry Blondeau a dit…

L, L'instant, Insolence, Musc Ravageur, Dans tes bras, Tocade.
On pourrait presque faire uune phrase : elle "L", insolente, me resiste avec un charme ravageur. Ce n'est qu'une tocade passagère. Quelques minutes plus tard, quand je la prends dans mes bras,sa peau sent le musc, l'instant devient magique ...
Maurice Roucel est décidément un homme qui sait faire parler l'émotion !
Pour ce qui est de son style chez Guerlain, il a marqué au moins une époque avec talent selon moi avec l'Instant et Insolence, mais peut être que la maison voulait faire évoluer ces rondeurs habituelles ? C'est un autre débat, mais il est intéressant de le soulever !
Quant aux parfums Frédéric Malle, là, chapeau bas, c'est du grand art, même si chacun aura ses préférences.

Anonyme a dit…

Je vous lis souvent mais j'ai rarement l'occasion de vous remercier. Là je le fais: MERCI MERCI à vous d'avoir réuni ce talentueux et exigeant duo qu'on ne peut lire que rarement.
La maison Malle est l'une de mes maisons préférées, avec SL et Amouage. Thérèse m'accompagne cet été, celui de mes 45 ans, elle me rend joyeuse.
Maurice Roucel est le seul parfumeur qui m'ait fait apprécier - et porter - un parfum avec une note aquatique...
Je vais tenter une plongée dans ces bras là.

Thierry a dit…

Quel bonheur qu'une maison pareille existe !
Evidemment on ne peut pas argumenter à ce sujet, mais lorsque Frédéric Malle fait part de son exigence dans la phase de finalisation du parfum je le crois sur parole alors que le discours d'autres marques sur le luxe, la rareté, l'excellence me laissent ... dubitatif...

En revanche, quand tu fais référence à la destination présupposée de Dans tes bras en terme de genre, je ne te suis pas et FM comme MR font une réponse finalement assez évasive...
La dénomination même pourrait laisser imaginer qu'une femme ait envie de sentir cette odeur dans les bras d'un homme. Enfin bref autant l'allusion à l'intimité est évidente autant il me semble que celle-ci soit à même de transcender les genres et les sexualités...

Thierry Blondeau a dit…

Thierry, la réponse de Frédéric à la question que je lui ai posée était on ne peut plus claire lors de l'interview ; il y avait bien une femme derrière l'idée, et il était ravi de voir sa propre femme adopter ce parfum. J'ai remanié mes notes ensuite et du coup cela s'est peut être atténué dans l'article. Cela étant, il appartient à chacun d'apporter son vécu et de vivre un parfum comme il le souhaite, il est d'accord avec cela.
Anonyme, je vois que vous n'aimez que du beau ?

Clochette a dit…

Voila, je ne suis pas passee a cote, aujourd'hui, et c'est exactement ce que j'imaginais, ce que j'avais reve: la moiteur tiede d'une peau, une violette des sous-bois se melant a l'odeur des champignons... c'est une etreinte dans la foret! C'est de l'Art contemporain, je vois vraiment le parallele avec la recherche de textures et de recherche de couleurs en musique contemporaine, il y a du genie dans cette composition, au service du plaisir des sens. 3eme etape, le tester sur mon homme! Sinon, j'ai teste simultanement sur l'autre poignet Une Rose, et a un moment donne, j'ai pense que mon nez avait fait le lien entre ces 2 merveilles, car j'avais l'impression de sentir une note de sous-bois egalement dans la creation de Flechier, mariee a la lie-de-vin; moi qui ne suis pas du tout amatrice de melanges, je me demande ce que donnerait l'alliance de ces 2 chefs-d'oeuvres!

Thierry Blondeau a dit…

Clochette, ravi d'avoir un retour de votre passage chez Frédéric Malle. Je ne suis pas amateur de mélanges non plus, mais nul doute que lors du test sur vos deux poignets, Dans tes bras et Une Rose étaient liés dans l'air ambiant par la note qu'ils ont en commun qui évoque à la fois les sous bois et le champignon.

Clochette a dit…

Pensez-vous que dans tes bras ou Une Rose conviendraient a une peau masculine?

Thierry Blondeau a dit…

Oui, je le pense, comme tout vrai parfum qui se respecte. Je porte moi même parfois une rose que j'ai créé et j'aime beaucoup l'univers que cela peut véhiculer autour d'un homme. Pour dans tes bras, je le trouve vraiment trop féminin, mais ce n'est qu'un avis personnel, car les notes de ce parfum ne sont pas plus "sexuées" que cela.

encrenoire75 a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
encrenoire75 a dit…

Cher Méchant Loup,

C'est notamment grâce à vos articles sur les parfums à base de vétiver que j'ai découvert les Editions de Parfum Frédéric Malle. Après deux visites dans une de leurs boutiques parisiennes, je suis finalement reparti avec un flacon de "Géranium pour Monsieur", parfum que j'ai trouvé particulièrement original, frais et masculin. J'ai principalement été bluffé par la qualité des produits de cette maison ainsi que par l'accueil des conseillers en boutique, très bien formés et ouverts à la discussion au sujet des parfums de leurs grands concurrents. Alors que je n'avais jamais déboursé une somme aussi importante pour un parfum, je pense devenir un client fidèle et il est probable que je "craque" prochainement pour "Vétiver extraordinaire".

Votre interview de Frédéric Malle et Maurice Roucel confirme pour moi l'impression de sincérité dans le discours de la maison qui tranche, comme le disait Thierry, avec la communication de certains groupes sur la rareté et le luxe. Merci de nous avoir donné cet aperçu sur le processus de création d'un parfum que j'ai apprécié sans être pour autant aussi ému que vous.

C'est aussi par votre intermédiaire que j'ai découvert "Grey Vetiver" de Tom Ford. J'espère découvrir d'autres parfums en vous lisant et je vous remercie. "Keep up the good work" !