Je reviens plus tôt que prévu, car il vaut mieux en parler avant demain soir finalement !
Novembre 2010, il fait froid et il pleut. L'humeur maussade, nous décidons tout de même avec un ami d'aller faire un tour Porte de Versailles au salon des vignerons indépendants. Accès difficile, bondé à cause du salon de l'étudiant qui se tient en parallèle, une heure et demie après être partis, nous nous glissons parmi la foule pour atteindre enfin l'entrée ! Surprise, nous ne sommes pas seuls amateurs de bons alcools ! Les producteurs également sont très nombreux. Il faut donc cibler la recherche. Peu inspiré et n'ayant pas tant d'occasions que cela d'épuiser ma propre cave, je laisse mon ami choisir de me conduire pour humer quelques Chablis et Corton, en trouvant quelques bonnes surprises. Je garde tout de même une idée en tête mais je ne croise pas les stands qu'il faut, jusqu'à ce que je tombe sur celui-ci...
N'ayant rien à prouver, Pierre offre ses fioles de Bas Armagnac Baronne Jacques de Saint Pastou à la dégustation avec un entrain qui en dit long sur sa confiance !
Prudents mais un peu sceptiques quand même car nous connaissons quelques illusionnistes du goûts et des papilles très présents dans ces salons, nous nous approchons.
- "Par où voulez-vous commencer ?"
- "On vous fait confiance !"
Nous commençons donc dans les années 80 pour remonter ensuite le temps sur 3 ou 4 verres de dégustations, déjà bien convaincus. Nous sommes en 1956.
-" Et le 1948, c'est vraiment autre chose ?". Il ne dit rien et tend la basquaise pour verser un peu de son breuvage dans nos verres.
Ouhh ouh ! Ouh lala !! Waouh !!!
Vous êtes blasés des mauvais parfums ? Un premier nez de ce Bas Armagnac vous remet dans le droit chemin, car c'est encore mieux que les meilleurs : je pense immédiatement à un chypre ancien comme Cabochard vintage de Gres, à la couleur automnale de Knowing d'Estée Lauder, à la richesse ambrée et miellée de Patchouli de Réminiscence et à la profondeur cuirée et épicée de Tabac Blond de Caron. Quelles références !
Les premières impressions sont donc chyprées. Une rose ancienne fraîche se présente accompagnant le pruneau confit et un effet boisé qui me rappelle le patchouli et la mousse de chêne. C'est normal, il a vieilli en cave et en fut pendant plus de 50 ans. Quelle richesse, je n'en reviens pas !
S'en suivent une succession de notes épicées comme la cannelle, le clou de girofle et le poivre blanc, du miel, des notes ambrées et torréfiées de café et de pain grillé, voire même des inflexions de tabac, comme pour un bon cigare. La vanille et des notes goudronneuses qui rappellent le cuir de Russie se glissent dans l'ensemble dans un équilibre parfait, sans jamais dénoter ou prendre le dessus. Il y a même de l'animal là dedans, comme ces bons vieux muscs riches et sensuels encore utilisés en parfumerie à l'époque pour reproduire des effets similaires. Tout cet ensemble cuiré-animal constitue comme une charpente. Le raisin a fournit le sucre et le miel de la matière, le fut à fourni la couleur, la patine, mais aussi le goût, le temps l'a magnifié. En bouche, c'est la même explosion, car il est très fidèle à son nez, mais il est encore meilleur en lui laissant le temps de se réchauffer, de s'arrondir pour dévoiler toute sa richesse !
Le plus surprenant quand même, c'est l'évolution dans la dégustation. Au bout de quelques minutes et dans le fond de la bouche et du verre, ce sont des notes aromatiques de thym et de sauge qui se dévoilent, alors que dans un parfum, elles auraient joué leur rôle en note de coeur.
Pendant l'heure qui suit la dégustation, je n'arrive plus à me concentrer sur autre chose. J'ai ce magnifique bouquet en tête et je n'en démords pas, c'est exceptionnel, et il ne reste vraiment plus qu'une basquaise de 700ml sur le salon !
Bien décidé et convaincu, Pierre n'a pas beaucoup d'effort à faire. Nous repassons sur le stand car bien sûr, je craque. Je culpabilise un peu pour le prix, mais pas tant que cela, car tout bien considéré, il y a plus de corps que dans le dernier Ellena à plus de 150€ et c'est moins cher qu'un parfum vintage en bon état. Il y a bien des charlatans sur ces salons, mais il existe aussi des maîtres. Rendre hommage à cet art où le temps, comme beaucoup d'autres facteurs, écrit sa patte dans cet opus de 62 ans d'âge, c'est un beau trait d'union, car le goût du parfum n'est pas si éloigné !
Tel un tableau de Turner, ce Bas Armagnac Baronne Jacques de Saint Pastou 1948 capture les couleurs et les matières dans des nuances chaudes d'or et de miel. Un plaisir, qui sera partagé pour Noël. Prendrez vous vous aussi un petit digestif d'exception ?
Un très joyeux réveillon de Noël à tous et soyez prudents sur les routes, car la neige s'invite au rendez-vous !
Novembre 2010, il fait froid et il pleut. L'humeur maussade, nous décidons tout de même avec un ami d'aller faire un tour Porte de Versailles au salon des vignerons indépendants. Accès difficile, bondé à cause du salon de l'étudiant qui se tient en parallèle, une heure et demie après être partis, nous nous glissons parmi la foule pour atteindre enfin l'entrée ! Surprise, nous ne sommes pas seuls amateurs de bons alcools ! Les producteurs également sont très nombreux. Il faut donc cibler la recherche. Peu inspiré et n'ayant pas tant d'occasions que cela d'épuiser ma propre cave, je laisse mon ami choisir de me conduire pour humer quelques Chablis et Corton, en trouvant quelques bonnes surprises. Je garde tout de même une idée en tête mais je ne croise pas les stands qu'il faut, jusqu'à ce que je tombe sur celui-ci...
N'ayant rien à prouver, Pierre offre ses fioles de Bas Armagnac Baronne Jacques de Saint Pastou à la dégustation avec un entrain qui en dit long sur sa confiance !
Prudents mais un peu sceptiques quand même car nous connaissons quelques illusionnistes du goûts et des papilles très présents dans ces salons, nous nous approchons.
- "Par où voulez-vous commencer ?"
- "On vous fait confiance !"
Nous commençons donc dans les années 80 pour remonter ensuite le temps sur 3 ou 4 verres de dégustations, déjà bien convaincus. Nous sommes en 1956.
-" Et le 1948, c'est vraiment autre chose ?". Il ne dit rien et tend la basquaise pour verser un peu de son breuvage dans nos verres.
Ouhh ouh ! Ouh lala !! Waouh !!!
Vous êtes blasés des mauvais parfums ? Un premier nez de ce Bas Armagnac vous remet dans le droit chemin, car c'est encore mieux que les meilleurs : je pense immédiatement à un chypre ancien comme Cabochard vintage de Gres, à la couleur automnale de Knowing d'Estée Lauder, à la richesse ambrée et miellée de Patchouli de Réminiscence et à la profondeur cuirée et épicée de Tabac Blond de Caron. Quelles références !
Les premières impressions sont donc chyprées. Une rose ancienne fraîche se présente accompagnant le pruneau confit et un effet boisé qui me rappelle le patchouli et la mousse de chêne. C'est normal, il a vieilli en cave et en fut pendant plus de 50 ans. Quelle richesse, je n'en reviens pas !
S'en suivent une succession de notes épicées comme la cannelle, le clou de girofle et le poivre blanc, du miel, des notes ambrées et torréfiées de café et de pain grillé, voire même des inflexions de tabac, comme pour un bon cigare. La vanille et des notes goudronneuses qui rappellent le cuir de Russie se glissent dans l'ensemble dans un équilibre parfait, sans jamais dénoter ou prendre le dessus. Il y a même de l'animal là dedans, comme ces bons vieux muscs riches et sensuels encore utilisés en parfumerie à l'époque pour reproduire des effets similaires. Tout cet ensemble cuiré-animal constitue comme une charpente. Le raisin a fournit le sucre et le miel de la matière, le fut à fourni la couleur, la patine, mais aussi le goût, le temps l'a magnifié. En bouche, c'est la même explosion, car il est très fidèle à son nez, mais il est encore meilleur en lui laissant le temps de se réchauffer, de s'arrondir pour dévoiler toute sa richesse !
Le plus surprenant quand même, c'est l'évolution dans la dégustation. Au bout de quelques minutes et dans le fond de la bouche et du verre, ce sont des notes aromatiques de thym et de sauge qui se dévoilent, alors que dans un parfum, elles auraient joué leur rôle en note de coeur.
Pendant l'heure qui suit la dégustation, je n'arrive plus à me concentrer sur autre chose. J'ai ce magnifique bouquet en tête et je n'en démords pas, c'est exceptionnel, et il ne reste vraiment plus qu'une basquaise de 700ml sur le salon !
Bien décidé et convaincu, Pierre n'a pas beaucoup d'effort à faire. Nous repassons sur le stand car bien sûr, je craque. Je culpabilise un peu pour le prix, mais pas tant que cela, car tout bien considéré, il y a plus de corps que dans le dernier Ellena à plus de 150€ et c'est moins cher qu'un parfum vintage en bon état. Il y a bien des charlatans sur ces salons, mais il existe aussi des maîtres. Rendre hommage à cet art où le temps, comme beaucoup d'autres facteurs, écrit sa patte dans cet opus de 62 ans d'âge, c'est un beau trait d'union, car le goût du parfum n'est pas si éloigné !
Tel un tableau de Turner, ce Bas Armagnac Baronne Jacques de Saint Pastou 1948 capture les couleurs et les matières dans des nuances chaudes d'or et de miel. Un plaisir, qui sera partagé pour Noël. Prendrez vous vous aussi un petit digestif d'exception ?
Un très joyeux réveillon de Noël à tous et soyez prudents sur les routes, car la neige s'invite au rendez-vous !
Illustrations : William Turner. Site : armagnac-saintpastou.com
5 commentaires:
ta description est comme d'habitude très belle et fait très envie !
Je te souhaite un joyeux noêl et espère avoir très bientôt le plaisir de te voir !
bisous
C'est du vécu et je ne m'en remets toujours pas. Ce travail autour de cette chimie des matières,des couleurs, de la texture orchestrée par le temps est tellement fascinante, et pas si éloignée du parfum, même si les paramètres et la technique sont assez différents!
Il faut que l'on essaie de se voir en début d'année ? Bonnes fêtes à toi également.
Méchant Loup, il faudra humer "Nahéma" qui me fait penser à un bon vin rouge ... plutôt un Bourgogne, en fait. Je ne suis pas fan d'alcools forts, mais j'adore "Youth Dew" (cuvée 1952, il me semble)que l'on pourrait comparer à un excellent rhum !
En effet, la rose de Nahéma a cette envolée fruitée glissant sur une profondeur rouge sombre et miellée que peuvent avoir certains Bourgogne. C'est un beau bouquet. Pour Youth Dew, en effet, il peut faire penser à un bon Rhum, bien vu !
Spiritueuse double vanille puise également quelques vapeurs de cet alcool, Havana Vanille c'est un ti'punch, et Carmella dont je parlais dans l'article précédent, une Pina colada.
Quelques variations de Amor Amor vont également chercher dans l'univers du cocktail quelques inspirations.
Un bel univers à explorer non ?
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Meilleur Armagnac
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