lundi 13 décembre 2010

Cruel Gardénia - Guerlain 2008 : diamants addiction.

Mais pourquoi est-il si cruel ? C'est la question que l'on peut se poser en découvrant ce gardénia à priori bien innocent. C'est qu'il cache bien son jeux car à bien y regarder, il dévoile ses charmes, l'air de rien, jusqu'à rendre dingue, et provoquer l'addiction.

Cruel, car sa magie, c'est d'avoir capturé la note fleurie et lumineuse du gardénia dans un accord d'aldéhydes et de muscs blancs assez simple... à priori. Bien avant lui, cette lumière un peu froide, électrique et légèrement métallique avait été capturée dans des parfums comme Calandre de Paco Rabanne ou Rive Gauche d'Yves Saint Laurent, tout deux dans un esprit couture, comme pour évoquer les aiguilles de la couture.

Cruel car Guerlain n'étant pas couturier, c'est dans un autre univers que s'inscrit pour moi ce Cruel Gardénia : celui des diamants, les vrais, scintillants, étincelants aux mille facettes. Taille de policeMeilleurs amis de la femme, meilleurs amis des robes de couturier, les diamants sont éternels car ils ne rayent jamais. S'ils devaient avoir une odeur, elle serait proche de ce parfum.

Cruel, car brillant, facetté, ciselé comme un diamant brut, il brille dans sa limpidité et sa simplicité. Maîtriser un tel équilibre dans le choix et l'harmonie des matières premières demande du talent, et c'est parfaitement réussi de la part de Randa Hammani et de Sylvaine Delacourte.

Point de notes trop florales, point de fruits, point de bois, rien de terreux puisé dans la fleur de gardénia, mais plutôt un effet froid, minéral, une fraîcheur métallisée. Un voile de muscs doux appuyés sans doute par une petite touche d'un patchouli très pur et très sensuel, sur peau, il s'illumine, il brille tel une rivière de diamants. Il n'est donc pas si innocent ?

Cruel, il l'est aussi pour les hommes, car, reprenant le cocktail aldéhydes - muscs dont on sait qu'il agit sur eux comme un pot de miel pour les ours, s'ils le respirent sur la peau de leur bien aimée, ils auront sans doute envie de ne plus la quitter tellement il la sublime de son sillage pointu et féminin. Le charme caché opère, la femme et son homme sont accros.

Une telle addiction, ça fait vriller la tête, et il faut avoir un peu de moyens. Vraiment trop cruel !

Illustration : David Lachapelle, Guerlain.

7 commentaires:

Jicky et Phoebus a dit…

Je l'ai porté tout mardi rien que pour toi !

J'avoue, j'étais passé complétement à côté du côté vintage, aldéhydé. Poudré oui. En fait, je restais avec des idées sur un accord en 4 tons : jasmin - rose - chèvrefeuille (vert et poudré) - muscs blancs.

Mais là, impossible de louper le côté aldéhyde, qui me rappelle le Clair de Musc de mardi aux ateliers. Puis tout s'embrique, et je l'apprécie encore plus. Des notes poudrées qui n'en font pas trop (une certaine ressemblance avec ce que j'appelle la "note petit poid" d'Ombre Rose), les aldéhydes bien sûr, mais pas grasse, ni trop fusante. Un mélange entre Essence et le 5.

Puis je tiens à souligner une très bonne tenue ! Avec quelques gouttes, j'ai fait 7 heures 15 facile (avec une baisse de régime vers midi), puis à 20h, lors de la douche, il y a tout qui est remonté ! Génial !

Bref, merci pour cette redécouverte de cet opus qu'on a tendance a oublié (tout de suite, un Guerlain "blanc", ça fait bizarre ^^).

Vive l'odorat !

Thierry Blondeau a dit…

Et oui, il est vrai qu'il passe un peu inaperçu ce Guerlain tout blanc.
Je sens peu le jasmin, la rose et le chèvrefeuille car j'y vois vraiment une harmonie autour du blanc. Ni trop poudré, trop aldéhydée ou trop musqué, pour moi, il n'a vraiment que l'éclat d'un diamant dans toute sa splendeur.
Je te rejoins sur Essence, qui peut constituer une alternative encore plus musquée et plus "propre", et les aldéhydes font bien sûr le lien avec le N°5, ou plutôt son pendant "dénudé" qu'est Original Musc de Khiel que nous avons découvert ensemble à la soirée.

Je ne sais pas si c'est bien vu, mais comme c'est un parfum peu connu et pas évident à lire (pour mon plus grand bonheur), je trouvais intéressant de choisir cette illustration, qui joue à la fois sur la chair, l'addiction, l'argent et les diamants pour mieux le cerner en le situant dans un contexte expressif. Qu'en est-il ?

Jicky et Phoebus a dit…

Je vois pas vraiment le diamant perso. Plus ce côté vert poudré, qui a en plus la "note petit poid", et très rétro.

Il y a bien cette blancheur si évidente (tout blanc ! ah ah ^^). Oui, un Essence moins incisif peut être plus équilibré. Puis il a un côté pas évident à lire, là tu as raison. Dans le sens où il fait des retours en arrière quand on le porte (ouais, vers midi chez moi y'a eu des petits changements puis un retour au thème, c'était sympa...)

Le musc de Khiel's... oui, je vois. J'étais assez anosmique à celui là. On retrouve, on retrouve. Mais le côté floral est surtout en tête !
(par contre, juste, je ne sens pas du tout le gardénia ^^)

Thierry Blondeau a dit…

Tu remarqueras que moi non plus je n'ai pas parlé de Gardénia.
Il me semble qu'ici, l'idée était de travailler sur un parfum "blanc", lumineux et addictif. Comme il provoque chez moi et d'autres amis masculins des réactions irraisonnées car (comme pour musc ravageur et la fille sur l'illustration) il me renverse, et je me dis qu'il y avait l'idée d'une certaine cruauté dans cette odeur "fatale". Du coup, quelle est la fleur blanche, lumineuse et un peu cruelle qui s'en approche ? Le gardénia pardi !

Pas évident ce parfum, car même l'effort de cette réflexion est cruel !

zab63 a dit…

J'aime bien les diamants ... donc un petit tour dans une boutique Guerlain s'impose ! J'ai testé "Cruel Gardénia" une fois l'année dernière, et je l'ai trouvé "tendre", genre "peau de bébé". Bon, vivement le deuxième test, sur peau cette fois !

Anonyme a dit…

Franchement je ne vois rien de "cruel" dans ce parfum qui n'a pas grand intérêt (c'est mon avis bien sûr, ça n'engage que moi): très lisse, un air de déjà vu, le côté "bourgeois" de Guerlain sans la sensualité de leurs plus belles créations comme Shalimar dont je reste fan. Dans cette collection destinée aux snobs de la planète, le seul parfum pour lequel j'ai failli succomber est le Cuir Béluga qui, au contraire de ce Gardénia qui porte très mal son nom, est délicatement cruel sous ses airs veloutés. Vous ne trouvez pas?

Thierry Blondeau a dit…

Anonyme, tout dépends du curseur où se trouve pour vous le coté cruel d'un parfum ! Si vous vous sentez cruelle avec des notes de cuir velouté, Cuir Béluga aura votre préférence, c'est évident. Ce gardénia lumineux est bien cruel par son sillage magnétique et diablement féminin et "bourgeois" en effet. J'aime ca parfum car il est pointu et c'est trop rare de nos jours.
Zab63, en effet, il peut avoir des airs tendres, mais c'est pour mieux capturer sa proie masculine, non ?