lundi 26 juillet 2010

Infusion de Vétiver - Prada 2010 : vétiver in fusion.

Il y a les vétivers que j'ai aimé immédiatement, sur lesquels j'ai flashé de suite mais qui à la longue se sont avérés lassants, ennuyeux et trop plats, bref, trop immédiats. Ceux là même, un peu trompeurs, je n'arrive plus à les porter et le dernier en date est celui que je regrette le plus : Vétyverio est un parfum traître qui se donne des airs de parfum de niche mais qui cache en fait un fond musqué vraiment trop envahissant et un peu "cheap" dont je n'arrive pas saisir la subtilité. Idem pour celui de Tom Ford, immédiatement adopté, qui reste un des plus beaux de nos jours, mais vite mis au placard à cause de son fond boisé envahissant et qui fait un peu trop "macho men" sur moi. D'ailleurs, si cela peut faire plaisir à quelqu'un, je veux bien les "lâcher" pour un bon prix, car je ne les porte pas vraiment.

Et puis il y a ceux sur lesquels on crache en se disant que c'est du grand n'importe quoi (voir mon commentaire pas très flatteur sur auparfum) jusqu'au jour où un déclic se passe.

Je dois ma rencontre avec Infusion de Vétiver à la conjugaison de deux hasards : celui d'avoir croisé le sillage d'Infusion d'Homme dans le métro en ayant très nettement le sentiment d'être passé à coté de quelque chose, et les soldes très avantageux cette année. J'ai cédé à la tentation tout à fait au hasard et la surprise fut plutôt agréable.

Les premières notes sont râpeuses comme les cassis ou les groseilles quand on les cueille et avec cette âpreté si caractéristique quand on les croque. Le pamplemousse, compagnon qui se marie à merveille au vétiver annonce ensuite un cocktail pétillant d'agrumes, de thé vert et de fruits rouges présentant quelques aspects communs avec les bonbons "Pez". Sous ses apparences faciles, cet accord cache bien son jeux : transparent, limpide, il illumine la composition de la tête au fond, à tel point que le poivre, le cèdre et le gingembre revendiqués ne se présentent que pour l'intérêt de quelques notes de leur facettes épicées et boisées. Rien ne prédomine, le tout se fond dans un ensemble, comme une fusion remarquablement maîtrisée, qu'un soupçon de note irisée vient souligner en fil conducteur à la gamme des Infusions. Et le vétiver ? Il est lui aussi à peine perceptible mais pourtant, dès la vaporisation et au porté, je reconnais bien cette note que j'adore, qui ne se pare pas ici de ses accents fumés et terreux habituels et c'est cela qui est trompeur. Le vétiver est là, mais se fait très clair, lumineux et doux ; sans doute une variété d'Haiti traitée au Co2 qui ne crie pas mais murmure en silence et en transparence.
Sur peau, c'est une note veloutée, boisée et fleurie fraîche qui domine et qui reste sans envahir, contrairement à Vetyverio. Le petit air savonneux légèrement rétro tellement bien orchestré se retrouve avec bonheur comme la signature Prada et comme un trait d'union entre passé et futur.

J'ai comme l'impression que la volonté de Daniela Andrier était de faire comme si le vétiver s'était entièrement dématérialisé dans un choc sur la matière. Phénomène de fusion des atomes, le vétiver explose et se décompose avant de redescendre sur peau au milieu d'un champs de fleurs fraîches, d'iris et de musc. Finalement, j'en viens à constater que mis à part chez Mathilde Laurent et Jean Claude Ellena, cette finesse d'écriture se trouve assez rarement en parfumerie de nos jours.

Tout cela ressemble bien à un vétiver en fusion aussi doux qu'une infusion relaxante. Je ne l'ai pas vu plus tôt mais heureusement, je l'ai vu quand même avant qu'il ne disparaisse. Du coup, oubliée la fraîcheur savonneuse de Blu Homme que j'aimais bien en été, suspendue la fraîcheur aquatique et orangée de Happy, cet Infusion de Vétiver m'accompagne depuis plus d'une semaine et chose rare, il me vaut quelques compliments sans que je ne demande rien, tout comme Vétiver Extraordinaire d'ailleurs avec qui s'est d'autant plus extraordinaire que je ne le sens pas moi même. Alors, si vous y êtes sensibles vous aussi, il reste quelques flacons à -40% chez Marionnaud, à saisir avant la fin des soldes. A défaut, Infusion d'Homme est dans la même veine, mais en moins boisé et un peu moins fin à mon goût.

Illustration : world in fusion.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis comme vous Thierry, je le trouve assez agréable ce vétiver signé Prada. En fait je dirais que c'est un plutôt une jolie surprise dans le genre "eau de toilette fraîche pour l'été". C'est fin, délicat; ça sent le "propre" sans évoquer le détergent (comme Chrome d'Azzaro ou les éditions limitées pour l'été d'Amen de Mugler par exemple), ça m'évoque plutôt un bon savon: on reconnaît "the Prada touch" déjà présente dans Infusion d'Iris! Maintenant je ne pense pas non plus que ce soit le meilleur parfum dans la catégorie "vétiver". En fait j'ai beau sentir et ressentir mon parfum, je n'y détecte pas de vétiver... C'est vraiment le pamplemousse qui domine sur moi. Le vétiver doit être présent en dose homéopathique ou alors comme vous le dites c'est une nouvelle molécule dérivée du vétiver sans le côté, racé terreux & fumé si caractéristique de ce bois (je connais celui de la Réunion). Je crois que quand on veut vraiment savourer un "vrai" vétiver, il vaut mieux sentir Encre Noire de Lalique ou bien Vétiver Extraordinaire chez Frédéric Malle qui sont vraiment réussis dans des styles assez différents.

Thierry Blondeau a dit…

Vous avez raison, ce nést pas le plus vetiver des vetivers mais je pense que ce qui rend le vetiver si transparent est la variete et le traitement du vetiver, different, et non dúne mollecule. En tout cas, je le percois tres bien.

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je surfe sur les blogs et je me suis arrété sur le vôtre car j'aime beaucoup votre description de ce parfum au vétiver. Bien décrié sur "auparfum" je trouve qu'il a été bien mal jugé. On n'a pas là un vétiver à la Guerlain, à la Malle ou à la Carven, on a là un vétyier bien infusé, habillé de notes transparentes et propres et de fractions de vétiver, bien plus raffinées et plus aériennes. Moi, je l'aime beaucoup et son sillage est class.
A bientot.
Alexolide