mardi 21 avril 2009

En Passant - Frédéric Malle 2000 : sentir venir l'été ... en douce, sous une eau parfumée !

Voilà, notre promenade Guerlain s'est terminée sur une note de lilas, qui ne se concrétisera sans doute jamais, nous verrons bien à l'avenir. Cela dit, je ne sais pourquoi j'ai cette envie de sentir du lilas en ce moment, et il semble que je ne sois pas le seul.
Cette fleur, dont il est impossible d'extraire quoique ce soit, semble de fait, être assez rarement travaillée en parfumerie. Néanmoins, le lilas apparaît dans quelques parfums : travaillé autour de notes fraîches et propres, on le trouve dans Pleasures d'Estée Lauder. Je l'aimais aussi beaucoup dans l'oublié Guerlinade, une jolie création de Jean Paul Guerlain, où il se faisait très semblable à celui que l'on trouve dans un jardin, accompagné de jasmin, de rose et d'un beau bouquet de fleur. Mais le parfum qui revendique ouvertement le lilas est celui dont Frédéric Malle s'est fait l'éditeur en 2000 : En Passant par Olivia Giacobetti. Dans En Passant, les notes de tête sont si proches de la fleur qu'elles nous plongent littéralement dans un jardin au printemps quand les lilas fleurissent, et ce dans un style proche de celui de Guerlinade justement. Ce bel ensemble naturel nous réconcilie avec un certain style de parfums, qui tels des toiles impressionistes ou des aquarelles pastelles nous emportent en pleine campagne dans une certaine intemporalité. Passé cette belle étape, la patte d'Olivia Giacobetti se reconnaît très nettement. Un de ces accords fétiches se dévoile au grand jour en cette année 2000. Une note marine revendiquée comme étant proche du concombre (mais qui serait à mon nez plutôt anisée-florale-ozonique), des fleurs comme le muguet, le tilleul (une note que j'aime beaucoup), l'aubépine, la fleur d'oranger, un peu de violette, beaucoup de musc blanc et cette petite note dont elle semble avoir l'exclusivité : le blé ! Le blé se caractérise par un aspect poudré et farineux, et il apporte cette petite pointe de poésie dans ce bouquet de fleur, comme pour s'approcher encore plus des grappes généreuses du lilas. En passant est un parfum reposant, calme. Tout comme avec Après l'Ondée, je suis au beau milieu d'une toile, sur un chemin champêtre, en pleine campagne, sous les lilas, les glycines et les tilleuls que l'on a plaisir à suivre et à sentir. Comme le dit Jeanne sur auparfum : "En passant, je ne savais pas qu'il y avait des lilas sur ce chemin" ! Jeanne, cet ami devait être attentif, tellement cette impression est juste.
Ce style propre à Olivia a depuis fait quelques petits, et c'est un peu dommage, car l'accord majeur de En Passant n'est plus unique, du coup. En passant par les lilas sous une eau parfumée, voilà qu'arrive l'été... en douce. On le retrouve en effet pratiquement à l'identique dans l'Eau parfumée d'Andrée Putman puis chez l'Artisan Parfumeur dans l'Eté en Douce. Joli, champêtre également, mais juste un peu plus marqué de pluie pour l'un, de muscs blancs pour l'autre.
En outre, pour celles qui aimeraient cette facette "musc blanc" sous les fleurs dans un cocoon doux et frais, il y a aussi Lacoste pour femme, dont je parlerai plus longuement dans un article qui lui sera propre. Alors, n'oubliez pas, si vous sortez vous promener en ce printemps ensoleillé, en passant par un jardin de lilas, ressentez l'été qui arrive en douce sous une eau parfumée ! Ah, que c'est beau le printemps !

5 commentaires:

Sylvaine a dit…

Effectivement Guerlinade de j p Guerlain, a repris le nom d'un ancien parfum et parle de printemps, c'était un peu confusant puisqu'il ne sent pas la guerlinade mais qu'est la guerlinade pour vous chers amis bloggers ?

Senga a dit…

C'est un parfum très délicat, l'odeur du lilas "en passant" dans un chemin ou dans le jardin et qui vous chatouille agréablement les narines en vous chuchotant dans une douce brise "c'est le printemps!"...Mais dommage, le note aquatique, marine, m'empêche de le porter...

Thierry Blondeau a dit…

Sylvaine, grande question que cette guerlinade : basiquement, c'est un accord de fleur d'oranger de jasmin, de rose, de violette, d'iris, de vanille et de fève tonka. C'est la signature de grands parfums, et elle provoque une émotion, voir une addiction. La guerlinande est un accord, qui a été galvaudé comme étant un "style" alors que ce n'en est pas un me semble t il. D'ailleurs, y a t il un style Guerlain ? Si oui, comment pourrait on le définir ?

Senga : je suis assez d'accord, la note marine est très présente au quotidien dans En passant, et tout le monde ne l'aime pas. Connaissez vous l'Eté en douce de l'Artisan, où elle semble atténuée ?

Sylvaine a dit…

effectivement , grande question la guerlinade , j'ai mon avis la dessus, je pense que cela fera l'objet d'un article , pour moi c'est plus que des matières fétiches !!!
je pense que le débat va être animé!
bonne soirée

Thierry Blondeau a dit…

C'est également pour moi plus que ces matières fétiches. Il me semble que Guerlain n'est pas que la Guerlinade ! La preuve, le parfum Guerlinade est bien un Guerlain, stylé, mais la guerlinade n'est pas sa signature évidente. Et pourtant, il me semble bien qu'elle soit là quand même, mais en sourdine ! Vivement votre article pour en savoir plus !