mercredi 13 octobre 2010

Les parfums de la honte : merci Jeanne !

Je tenais à rebondir sur l'article de Jeanne de auparfum sur les parfums de la honte, et la remercier personnellement de débrider un peu le discours autour du parfum, car oui, si globalement, nous aimons les marques de niches où il y a en effet souvent plus de place à l'originalité et à la créativité, il y a aussi, dans les parfums plus grand public, des choses intéressantes. Curieux hasard également, je discutais hier avec un ami passionné, et nous parlions de ma braderie, où figuraient certains parfums. A la question "les as-tu vraiment achetés ?", j'ai du répondre oui avec un sentiment de honte à le dire et le besoin de me justifier maladroitement.

Pourtant, je sais pourquoi je les ai acheté à une époque, pourquoi ils m'ont plu, je sais pourquoi je n'en ai plus envie aujourd'hui, et ce n'est pas parce que je les trouve plus nuls, mais parce que je change, tout simplement. Je me suis également aperçu que même en faisant du tri, il restait dans mon placard certains parfums que j'aime beaucoup, que j'ai envie de défendre, mais dont parfois, j'aurais presque honte de parler, alors que je ne devrais pas, bien au contraire.

Petit tour d'horizon ?

Depuis qu'elle est née il y a un an, j'ai un faible pour la gamme Anthology de Dolce & Gabbana, et plus particulièrement pour La Lune 18, l'Amoureux 6 et l'Empereur 4 (disponible sur certains points de vente uniquement). Partant sur des accords éprouvés et reconnus comme "luxueux" de l'histoire de la parfumerie, cette gamme les revisite avec une modernité qui leur redonne une jeunesse qui fait oublier qui ils sont à l'origine. Sur ces 3 là, c'est pour moi très bien fait. En outre, ce que fait Dolce et Gabbana, marque qui appartient au groupe Procter&Gamble dont on pourrait croire que le but est de faire de la soupe lessiviel, se démarque par des créations qui se tiennent, ont une personnalité et se vendent. Light Blue, Sicily, Dolce et Gabbana pour Homme sont reconnus maintenant comme de bons parfums, et le dernier The One Gentleman suit le même chemin.

D'autres parfums que je défends me provoquent également ce sentiment de honte quand j'en parle : j'adore la note "fraisier" de Black XS pour lui et celle de "tarte aux myrtilles" de Black XS pour elle, celle de "gâteau à la crème" et de "boule jaune malabar" de Ange et Démon, le sillage de cocktail "manzana-orange-sirop de fraise" de Nina, le sillage solaire de Hypnôse F et celui évoquant une "rose qui sent le litchi" de Miracle F. Je fonds littéralement quand je croise la fleur de frangipanier de Beyond Paradise d'Estée Lauder, et la douceur laineuse de Soupline de Chloé de Chloé. Autre exemple, la "datte séchée-boukha" dans Only the Brave est une vraie nouveauté et je trouve qu'oser cela dans un parfum très grand public est un vrai parti pris. J'ai redécouvert récemment la note anisée presque vulgaire de Canoé de Dana, à un prix auquel on aurait presque honte de dire que c'est un parfum culte. Bien, sûr, ils n'ont pas l'écriture des grands Guerlain, la profondeur de certains Lutens, l'originalité dont peuvent faire preuve les Frédéric Malle où la texture des Parfumerie Générale, mais négliger leurs qualités propres, c'est un peu comme si l'on refusait catégoriquement, par à priori, d'apprendre, de voir, de comprendre ce qu'ils sont à la parfumerie et en quoi, parfois, ils inspirent des marques positionnées plus "niche".

Je me réjouis de voir dans les préférences de Jeanne des noms comme Brut, Tabac, Amor Amor, je suis content de constater que vous n'oubliez pas les Cashmir de Chopard, les Loulou, Eden de Cacharel et bien d'autres.

Je vois au nombre de commentaires que ce sujet ne vous a pas laissé indifférents et j'avoue que cela me rassure : nous avons encore le droit d'aimer des choses simples, immédiates, ludiques, régressives, qui renvoient à un sentiment agréable tout simplement, sans forcement vouloir en décrypter l'originalité ou le travail du parfumeur, mais en lui rendant hommage parce que nous aimons ce travail, sans savoir forcement pourquoi.

C'est très curieux, mais en écrivant un tel article, j'ai presque le sentiment de dévoiler mes "faiblesses". Pourtant, ça fait du bien, et je dis à nouveau à Jeanne .... merci, merci, merci pour cette bouffée d'air frais et d'ouvrir un peu les fenêtres !!!

Et s'il y a quelque chose que vous n'auriez pas déjà dit sur auparfum, peut être voudriez vous le dévoiler ici ?

Ilustrations : James Dean, Dolce et Gabbana, Givenchy, Paco Rabanne.

27 commentaires:

Emmanuelle●MonBazarUnlimited a dit…

Je n'avais pas répondu au sujet lancé par Jeanne, car si mes goûts se sont dirigés ces dernières années vers la "niche", pour cause de multiplication de mauvaises surprises dans le mainstream, je n'ai pas de "parfum de la honte" à proposer.
Parmi mes chouchous, j'ai longtemps porté "Gingembre" de Lothantique, trouvé chez mon... épicier, qui proposait pas mal de références de cette marque, en particulier pour la maison. Mais il est aujourd'hui introuvable et de toute façon, dans les dernières années, sa composition avait changé, passant d'un épicé proche de ce que l'on déguste dans les restaurants africains, à un classique "citronné".
Si je devais avoir une véritable honte, c'est de m'être offert "Oud Cuir d'Arabie" chez Montale, un cuir très primaire et animale, que j'utilise en base. Non pas tant pour le parfum en lui-même, mais plutôt à cause de l'aventure vécue là-bas, où la vendeuse nous a fait un show consternant, limite agressif (elle ne voulait pas me faire essayer ce cuir d'arabie car... elle ne l'aimait pas), nous affirmant même que "First", de Van Cleef & Arpels, ne pouvait pas être considéré comme de la vraie parfumerie. Sophie, qui intervient souvent ici, peut le confirmer !

Thierry a dit…

Bon, puisqu'on veut me faire passer pour un autoritaire directeur de conscience :-) il me faut donner de ma personne et me soumettre à la vindicte populaire...
... alors oui, je l'avoue j'ai porté Kouros !!! mais c'était au tout début des 80's et j'étais très très jeune !!!
Comme tu le sais Méchant Loup mes goûts se sont vite affirmés et franchement Sous le Vent, Que sais-je, l'Heure Fougueuse... c'est quand même autre chose !
Je me demande en revanche, et il n'y a pas de honte à cela, si effectivement dans une gamme encensée ou parce que l'auteur du parfum ne nous a jamais déçus on ne passe pas plus de temps à trouver des qualités à un produit qui avec des origines plus "modestes" n'aurait pas attiré notre attention...

Thierry a dit…

Ah oui j'oubliais... Après tout ce déballage, on aura droit à une séance d'absolution collective ?

Anonyme a dit…

Je voudrais rebondir sur ce que dis Thierry. Si l’on sait qu’un même vin proposé à des cobayes avec un positionnement prix différent, n’aura pas, pour leur cerveau, le même goût, alors on se rend compte que nous sommes tous sous influence.

http://www.gsb.stanford.edu/news/research/baba_wine.html

Dans cette perspective, il est sûr que Kouros, emblème de la fougère de beauf,(mais c’est pourtant un grand parfum, prions pour que l’Oréal lui foute la paix !), ne fait pas le poids face à la très sélecte Heure Fougueuse, ultraconfidentielle, créée par un parfumeur à la grande réputation chez les passionnés, très chère, magnifiquement mise en scène et racontée (crinière de cheval ! Qui ne pourrait pas hennir de plaisir ?). Elle cumule les qualités pour devenir l’ultime objet de convoitise chez les passionnés… Je ne dis pas qu’elle n’est pas belle cette Heure, (connais pas encore) mais je dis que nous sommes tous hautement manipulables. N’oublions pas qu’une part de tout ça n’est rien d’autre que du marketing. Et si l’on a porté Kouros dans sa jeunesse, on devrait plutôt être fier… Non ? ;-)

Nathalie

Anonyme a dit…

le lien en entier :

http://www.gsb.stanford.edu/news/research/baba_wine.html

Sorry!

Nathalie

soph a dit…

je confirme emmanuelle, nous dire, chez montale que fist et n 19 ce n'est pas de la parfumerie..... vous auriez dû voir nos têtes!

sinon merci pour cet article , et celui de jeanne, qui sont une vraie bouffée d'air frais. Je ,'ai pourtant pas vraiment de "parfums de la honte " comme on dit; si ce n'est avoir trouvé aréable sur un homme brut de fabergé quand jétais ado, mais je trouve que ça fait du bien de sortir un peu de l'élitisme aussi...

attention, quand je dis eitisme, je susi consciente que toutes les belles choses de niche que nous aimons sont vraiment des belles choses, ce n'est pas du snobisme, mais de tenmps en temps, aimer des choses simples, ou avoir aimé, c'est bien aussi.... un peu de légèreté de temps à autre ne fait jamais de mal!

Thierry a dit…

@ Nathalie,
Oui, je connais ces expériences sur la corrélation jugement qualitatif / prix. Il se trouve que l'Heure Fougueuse est vraiment extraordinaire mais que justement toute la gamme n'est pas homogène.
Etre fier d'avoir porté Kouros ? euh... peut-être pas ;
d'être passé très vite à Habit Rouge oui peut-être :-)

jeanne a dit…

Mais de rien Méchant Loup !
Merci à vous de faire carrément un article à propos du mien, cela me fait très plaisir :)
Je vois en effet que le sujet met à l'aise tout le monde et nous autorise à assumer nos goûts personnels, au delà du "perfumistiquement correct"... Et puis, "la honte", c'est relatif, chacun a ses parfums honteux, qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde, c'est ça qui est drôle.

Pour rebondir sur ce que dit Nathalie au sujet des vins dégustés avec différents prix, je rêve d'organiser un truc du genre avec des parfums : un bloggueur envoie dans un petit flacon anonyme un parfum de son choix à tous les autres, et on publierait ensemble les avis.... juste pour voir à quel point on est influencés (ou pas!) par les marques...

Thierry Blondeau a dit…

Thierry, franchement, connaissant tes gouts, j'avais vraiment l'air ridicule avec mes Lacoste et certains D&G, mais un accord "clef", une facette, une évocation bref, quelque chose me plait toujours chez eux. Jeanne, Sophie, c'est gentil mais ce n'est rien, l'échange fait du bien à tous. Et il s'avère que nous avons fait récemment un blind-test dans lequel étaient inclus certains mainstream et des parfums vraiment pas très cher. Il s'avère que certains pourraient être vendus le double de leur prix sans soucis, d'autres très mainstream, faisaient très qualitatifs... à renouveler.
Eva, en effet, l'accueil chez Montale, c'est la cata, mais je crois qu'ils s'en moquent royalement... car s'il vendaient du parfum, ça se saurait. Autant choisir une bonne base en effet.
Thierry, aller j'avoue, moi aussi j'ai un peu porté Kouros !

Emmanuelle●MonBazarUnlimited a dit…

En effet, nous sommes tous sous influence du marketing, de la réputation d'un parfumeur, voire même d'un flacon... C'est à nous de tester ce qui se fait dans les petites marques, et de découvrir des merveilles pour un prix modique.
Etant passée ce jeudi aux Galeries Lafayette, j'ai enfin pu essayer les différentes heures de Cartier. Bien entendu, et je m'y attendais, c'est la XIIIe qui a trouvé mon coup de coeur. Mais pour le coup, le prix est tel que mon enthousiasme s'est comme effiloché au fil des heures. Pourtant, rien à dire : originalité, bonne tenue... mais là, c'est l'effet inverse ; c'est too much niveau prix. Je veux bien mettre le prix pour Carnal Flower ou Tubéreuse Criminelle, qui agissent sur moi comme une véritable drogue (douce). J'ai également mis le prix pour l'Extrait d'Habit Rouge... mais c'était Habit Rouge, justement !

Emmanuelle

zab63 a dit…

Bon, tout cela me donne envie d'essayer "Darling" de Kylie Minogue.
Très bonne idée, Jeanne, le flacon anonyme !

Thierry Blondeau a dit…

Bien sur, difficile d'avoir honte avec Carnal Flower et l'Extrait d'Habit Rouge, mais se rendre compte qu'il y a de vrais beaux parfums chez l'Occitane à moins de 60€ les 100ml par exemple, parfois, ça peut faire sourire, alors que le petit blind test révèle qu'ils plaisent et font très qualitatifs. Ahh, le marketing, le rêve, et pour les heures de Cartier, disons que trop, c'est trop pour des gens comme nous, à qui ils ne s'adressent vraiment pas, malgré le talent de leur créatrice. Là, pour le coup, nous pouvons aussi nous sentir honteux de devoir calculer, ou indécents si nous craquons, et c'est vraiment dommage.

Thierry Blondeau a dit…

Darling,un flora framboisé bien maitrisé et Sexy Darling procure un effet vanillé et irisé proche de u fond de Dior Homme ou de L de Lempicka. Par contre, Showtime de la même Kylie est une horreur ! Dans la même veine, Kate Moss, ce n'est plus un secret, est surprenant pour son prix, surtout à coté d'un Fan di Fendy ou autre floralito-chyprounet bien mièvre.

Unknown a dit…

Les parfums que j’aurais honte de porter dorénavant sont ceux de Jean Paul Guerlain qui a déclaré vendredi au journal télévisé de France 2 à propos de Samsara : "Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, enfin…" Tout simplement lamentable ! PS: message de la part d'un "nègre"

Thierry Blondeau a dit…

Ouh lala ! S'il a vraiment dit ça, c'est qu'ils veux couler la marque, c'est lamentable en effet, mais cela n'a rien à voir avec le parfum.

Six' a dit…

Vaste sujet... je crois en fait qu'il faut faire la distinction entre qualité intrinsèque et goût personnel, tout simplement.

On peut adorer quelque chose tout en ayant bien conscience que ce n'est pas un monument de la parfumerie! Les "c'est objectivement pas génial, mais qu'est-ce que j'aime le porter", je crois qu'on en a tous... je ne pense pas que ce soit une question de niche, mainstream ou autres...

Thierry Blondeau a dit…

Sixtine, la question serait alors : qu'est ce qu'on met dans "qualité intrinsèque" ? Vaste sujet en effet.

Six' a dit…

Heh, horriblement difficile à dire, bien entendu!

Il y a les critères purement techniques, diffusion, ténacité, etc, mais ça n'est qu'une minuscule pointe de l'iceberg. Pour le reste, je crois qu'on rentre dans la même problématique que pour juger l'Art...

Il y a tant de choses, l'intelligence d'une composition, les prouesses techniques mises en œuvre, une complexité qui se révèle au fil des années ou au contraire une simplicité qui touche au sublime, le culot, l'intemporalité... pas de critères gravés dans le marbre, mais de grandes constantes qui relient les chefs d'œuvre, je dirais.

Je pense que vraiment, cette distinction goût-qualité est importante. Certains confondent entièrement les deux, et du coup, ce qu'ils aiment = bon parfum, ce qu'ils n'aiment pas = mauvais parfum. En partant de là, je pourrais décréter unilatéralement que tout parfum au vétiver est mauvais ;))

Je dois dire que je commence à entendre trop souvent qu'aimer des parfums de niche serait du "snobisme". On sait qu'il y a d'excellents parfums en mainstream, que beaucoup (et de plus en plus) de niches sortent n'importe quoi à la va-vite pour se faire de l'argent facile (témoin le dernier JHAG, "Not a Perfume" le bien nommé), mais au bout du compte, je trouve qu'il y a proportionnellement bien plus de bons parfums dans les niches que dans le mainstream, où le bon grain est vraiment noyé dans l'ivraie. Question de budget, d'obligation de plaire au plus grand nombre, etc...

Thierry Blondeau a dit…

Merci pour ton regard qui apporte beaucoup !
Et tu as raison sur la proportion de parfums intéressants chez les marques de niche, nous ne nous y trompons pas et je crois que nos lecteurs le savent bien!
En revanche, il me semble aussi qu'il y a une réelle tendance à snober purement et simplement le mainstream, à encenser les parfums de niche ou de créateurs et que les marques de niche s'y engouffrent, au prix parfois, de la qualité réelle des parfums.
Dans ce contexte il me semble juste, en hommage pour la profession et les personnes qui les ont créés, de remettre quelques trésors au goûts du jour.

Mademoizaile a dit…

Mon parfum de la honte c'est Spray Monoï Tiara de la marque Séphora. J'en ai acheté un pour un prix dérisoire et je le mets en été ou pour me rappeler l'été et on me dit souvent que je sens bon.

Mademoizaile a dit…

Oup's, c'est Monoï Tiaré.
On trouve aussi le bain douche...
et ça coûte 4 €.
Alors, qui peut faire mieux ?

Thierry Blondeau a dit…

Ceci tend à prouver que certains accords très typés sont quasiment des parfums ! J'aime beaucoup aussi, même si ce ne sont pas véritablement des parfums.

Cyph3r a dit…

J'aimerais souligner un point concernant le snobisme de certains (j'en fais d'ailleurs peut-être parti).

Il est vrai que depuis quelques années je ne vais pratiquement plus en grande parfumerie et ce pour plusieurs raisons. La première est que je préfère aller à la découverte des parfums de niche que je ne connais pas, également parce que je trouve que la grande parfumerie va de plus en plus vers une uniformisation des parfums et la dernière raison est que je suis très difficile en ce qui concerne les parfums.

Je peux vous dire qu'aujourd'hui je ne porte plus que des parfums dit de niche, non seulement parce que j'y ai trouvé mon bonheur mais également parce que je n'aime pas porter le même parfum que les autres. J'aime que ma copine me dise qu'elle aime mon odeur et de savoir qu'elle ne la sentira pas partout dans la rue.

De plus les gens sont réellement incapables de reconnaitre un beau parfum. L'autre jour je portais French Lover et un de mes amis me dit "C'est pas un parfum Calvin Klein que tu portes ?" J'ai dit qu'effectivement c'était bien ça. Parce qu'il faut que vous sachiez quelque chose à propos de moi et de mes parfums. Je ne dis JAMAIS A PERSONNE quel parfum je porte car je ne veux surtout pas qu'on me copie.

Au final, je ne sais pas si c'est du snobisme ou non mais je l'assume totalement !!!

Six' a dit…

Je dois dire que vu la production récente, c'est sûr qu'on peut être tenté, parfois, de faire l'impasse sur les Sephonnaud. Je teste à chaque fois pour voir, mais je dois dire que je suis presque systématiquement déçue...

Mais quand je dis ça, ça ne concerne que la situation actuelle, qui dure depuis, disons, une demi-douzaine d'années, voire dix ans. Quand on pense à Nu, à Kingdom, au Feu d'Issey, à M7... ce genre de chose serait inimaginable aujourd'hui en mainstream, et ils ne datent pas de si longtemps. Donc oui, bien sûr, tout ce stock de bons parfums en grande distribution est toujours là, et mérite d'être mis en avant. Si les reformulations successives ne les ont pas réduits à l'ombre d'eux-mêmes, bien entendu...

Thierry Blondeau a dit…

Je suis bien d'accord, mais là où ça commence à m'énerver sérieusement, c'est d'oublier littéralement d'aller sentir quelques petites pépites très créatives et pas trop cher comme les Bénéfit et les Jacomo Art Collection, d'aller de temps à autre voir ce qui se fait chez l'Occitane et Yves Rocher, et par ailleurs de porter aux nues certains parfums de niche qui franchement ne le méritent pas et d'oublier que parfois, ce ne sont que de pâles copies légèrement revues de ce qui se faisait il y a dix ans pour la moitié de leur prix actuel. Les marques de niche en profite, mais c'est du grand n'importe quoi !

Anonyme a dit…

Bah, nous avons tous quelque-part au fond de notre cerveau trois neurones qui gardent la trace de choses dont nous ne sommes pas fiers. Franchement, vous avoueriez devant des millions d’internautes qu’enfant, vous regardiez Casimir à la télé ? Que vous sifflez La danse des canards en prenant la douche ? Ou que vous ne pouvez résister face à un paquet de Chocopoufs ?

Ainsi, comme vous le soulignez si bien dans votre article (lequel est d’ailleurs fichtrement bien écrit), un rien suffit à nous faire régresser, surtout dans l’univers olfactif qui peut nous renvoyer instantanément vers des souvenirs, des impressions ou des émotions que l’on ne veut surtout pas oublier, tellement nous les avons fait nôtres. La honte, au fond, n’est que la distance qui nous en sépare maintenant que nous avons grandi, mûri, changé ; maintenant que nous sommes éduqués par tous ceux qui savent ; maintenant que nous sommes formatés, séduits ou abrutis par le marketing, maintenant que nous avons les moyens de faire comme tout le monde, ou au contraire, de ne surtout pas faire comme tout le monde. Achèteriez-vous aujourd’hui une lessive qui ne sente pas le « propre » ?

Après, et bien des commentaires le disent, le parfum est lui aussi une question d’identité, d’appartenance. On fait partie de la communauté de ceux qui aiment avoir une odeur mais la nouveauté est que nous aimons le faire savoir. Bon. Mais pourquoi vous blâmerait-on d’avoir aimé Kouros à quinze ans ? En voilà une idée !
Tout à fait entre nous, moi, à dix-sept ans, je reniflais en cachette le Gianni Versace que j’avais offert à ma maman pour la Fête des Mères. Elle ne le portait jamais. Sans doute le trouvait-elle trop fort, trop « cocotte », trop « poule de luxe » ; ça n’allait pas avec la fille d’usine que pourtant, elle n’était plus depuis longtemps. Et moi, moi, ô combien je l’aimais ce parfum hors de prix que je m’étais offert.
Jeff

Thierry Blondeau a dit…

Et bien tout cela nous inscite a l´ouverture et a la tolerance en ces temps ou la grande parfumerie francaise montre un visage que nous ne voudrions ne jamais avoir connu et ou d´autres revelent un discours faussement tolerant mais tres habilement orchestre.
Cela etant, nous avons tous ete et nous serons tous, l´essentiel est d´etre soi meme je crois et de rester curieux, enthousiaste et ouvert.
Et merci pour vos compliments sur l´article, qui me touchent sincerement.